(côté de l’agence MMH à Vandoeuvre Est et pas très loin de ALDI)
Une mission civile composée de Juifs et d’Arabes de France revient de Palestine
Cette mission était constituée d’un groupe de vingt-huit Français, juifs et arabes, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, de quatre associations laïques (Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), Immigration Développement Démocratie (IDD), Union Juive Française pour la Paix (UJFP)
Cinq participants à cette mission présenteront leurs témoignages
(UJFP, ATMF et Khamsa/IDD)
Nous écouteront aussi le témoignage de 2 membres de l’AFPS qui reviennent d’une autre mission en Palestine organisé par le réseau AFPS de l’est qui travaille sur un projet d’irrigation à Wadi Fukin, un village palestinien.
Union Juive Française pour la Paix (UJFP)
Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)
Association Khamsa/Immigration Développement Démocratie (IDD)
Pour le « vivre ensemble dans l’égalité et la justice », en France et ailleurs, nos associations françaises, juive et arabes ont tissé des liens de solidarité et de travail entre elles, notamment pour la justice en Palestine, pour les droits des Palestiniens, contre la politique coloniale sioniste d’Israël.
Le groupe a participé au Forum Mondial de l’Éducation à Ramallah, Al Araqib, Haïfa et Bethléem. Pour cela comme pour le reste, l’AIC (Centre d’Information Alternative, association à la fois palestinienne et israélienne) a joué un rôle majeur.
Nous avons participé à la Marche d’ouverture du Forum à Ramallah et à l’ouverture simultanée dans le village bédouin d’Al Araqib dans le Négev, et nos ateliers judéo-arabes (« Éducation, Immigration et Développement » et « Pour une Éducation Décolonisante ») ont rencontré une grande écoute et suscité beaucoup de débats.
Ce qui nous a le plus marqués, c’est que le sionisme a abouti à un véritable racisme d’État, relayé par les colons. Un racisme permanent, qui ne se cache pas, qui nous a semblé susciter un large consensus en Israël. Un racisme virulent, « normal », des Israéliens juifs envers les Palestiniens, mais aussi souvent envers les Juifs arabes, envers tout ce qui a un faciès du sud ou oriental, envers les immigrés asiatiques ou africains. Ce renversement de situation – des Juifs se voulant héritiers du génocide en Europe se transformant en négationnistes de l’humanité de l’Autre – nous a bouleversés.
En fait, c’est une guerre de basse intensité aux conséquences désastreuses que nous avons observée.
Le confinement des Palestiniens, l’immobilité imposée, l’encerclement par les colonies, l’occupation spatiale par les Israéliens, les incursions des militaires, les comportements d’humiliation, le Mur de séparation et de la honte, les colons armés, l’omniprésence de l’armée israélienne …, tout cela rend invivable la vie des Palestiniens.
Mais en même temps tout est fait pour afficher que c’est vivable. Des caméras de surveillance ont été installées partout. Des check-points ont disparu : nul besoin d’en avoir, tant les routes de contournement, tunnels ou ponts rendent impossible la rencontre des Israéliens avec les Palestiniens. La coexistence est prétendument affirmée, alors qu’il s’agit d’une normalisation coloniale, sous étouffoir, des Palestiniens. Le sociocide est en marche.
Mètre carré par mètre carré, les Israéliens volent la terre et repoussent plus loin les Palestiniens en réduisant leur espace vital, à l’image des Indiens d’Amérique dans leurs réserves ou des Aborigènes d’Australie.
L’israélisation du pays palestinien, la judaïsation de Jérusalem sont à l’œuvre, avec un mélange de discrétion et de grande brutalité (comme dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est) peu perceptibles pour un étranger non averti. Et n’oublions pas la prison à ciel ouvert de Gaza toujours sous blocus, où nous ne sommes pas allés, ou le Golan occupé.
La mission est allée à Jérusalem-Est, Tel Aviv, Jénine, Haïfa, Hébron, Bethléem, Al Araqib, Ramallah, dans les camps de réfugies …
Nous avons constaté que la politique spatiale et discriminatoire d’Israël est destinée à empêcher toute solution juste au conflit, quelle que soit l’option envisagée. La plupart des Palestinien-ne-s que nous avons rencontré-e-s ne croient pas ou plus en la possibilité d’avènement d’un État palestinien viable à côté d’Israël. Et nombre d’entre eux ont des propos extrêmement durs contre l’Autorité Palestinienne, perçue comme accompagnant cette politique israélienne.
Les « Palestiniens de 48 » (ceux qui sont malgré eux Israéliens) ne supportent plus d’être des citoyens de seconde zone, encore dotés du droit de vote mais subissant les discriminations (logement, enseignement, santé, travail, accès à l’eau, villages interdits régulièrement détruits …).
Mais tous les Palestiniens résistent. Et persévèrent à lutter quel que soit l’avenir pour l’égalité des droits, la destruction du Mur, la restitution des terres, le retour des réfugiés, bref pour une décolonisation qui rendra au peuple palestinien sa liberté et la justice.
Et nous avons rencontré des Juifs israéliens, qui se savent bien minoritaires, mais avec eux dénoncent les crimes commis en leur nom. Ils ne veulent pas renoncer à l’espoir d’un Vivre Ensemble dans la Justice.
Tous fondent un grand espoir sur la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) sous toutes ses formes.
Rentrés tout comme nous étions arrivés : après des contrôles et des humiliations (interrogatoires, palpations corporelles, attentes de deux ou trois heures) visant la plupart des jeunes de notre groupe, et surtout les jeunes Arabes. Beaucoup d’autres internationaux ont connu les mêmes vexations. L’État d’Israël mène une politique ciblée de discrimination pour décourager des témoins gênants…