Gennevilliers le 9 mai 2015.
(accueil/inscription: 9h30 )
Comme toutes les formes de domination, le racisme est un rapport social qui s’adapte aux évolutions des contextes économiques, politiques et idéologiques.
Si le racisme biologique n’a pas disparu, le racisme culturel gagne en importance. Aussi le racisme n’est-il pas seulement une affaire de couleur de peau : d’un côté, la négrophobie se dit souvent aujourd’hui en termes culturels ; de l’autre, l’islamophobie vise tout autant les convertis que les Français « issus de l’immigration ». Le racisme joue de ces ambiguïtés, en glissant constamment d’un registre à l’autre – racial, religieux, culturel… C’est ainsi que l’antisémitisme s’appuie moins aujourd’hui sur la religion ou même la racisation, et davantage sur des stéréotypes inséparablement culturels et politiques.
Il importe donc de repenser l’antiracisme en le définissant, non pas de manière intemporelle, mais à partir de notre actualité. On ne peut plus se contenter aujourd’hui de combattre le Front national, comme on le faisait dans les années 1980 – même si (et justement parce que) la menace se rapproche. En effet, le racisme ne se réduit pas à des idéologies. Il est aussi inscrit, selon une deuxième logique, dans des pratiques quotidiennes de discriminations raciales qui structurent nos sociétés : elles sont désormais le plus souvent systémiques et quasi-systématiques.
Mais il y a plus : nous mesurons aujourd’hui pleinement l’importance d’une troisième dimension du racisme : les politiques publiques y jouent un rôle crucial. Bien sûr, elles peuvent combattre les discours et les discriminations racistes ; mais elles peuvent aussi les autoriser – non seulement en les tolérant, voire en les attisant, mais aussi en produisant les conditions sociales qui les nourrissent. On en voit la forme exacerbée dans la politique à l’égard des Rroms : le racisme d’en bas se nourrit de la racialisation d’en haut. À propos d’immigration, on parle depuis des années d’une xénophobie d’État ; il convient de parler aussi de racisme d’État avec ce qu’il faut bien appeler des politiques de racialisation, et sous sa forme la plus brutale, à l’égard des Roms, une politique de la race.
Un antiracisme qui ne prendrait pas en compte ces trois aspects serait non seulement incapable de faire reculer le rapport social raciste qui se répand en France mais contribuerait à le renforcer. Le racisme ne cesse de se renouveler ; l’antiracisme doit en faire autant : à nous de reprendre l’initiative. Et pour commencer, il nous faut débattre et agir ensemble, faire sauter des verrous idéologiques pour bâtir des coalitions.
Une première plénière permettra de poser ensemble ces questions pour ébaucher un langage politique commun. On y confrontera les expériences, mais aussi les analyses de celles et ceux qui s’engagent, souvent depuis longtemps, dans ces combats pour les droits des sans-papiers et des Français racisés – Maghrébins, Noirs, Rroms, musulmans, confronté-e-s aux violences policièresou aux discriminations à l’embauche, exclu-e-s de la représentation politique et culturelle, etc. On mettra à l’épreuve la notion transversale de politique de racialisation. L’après-midi, deux ateliers prolongeront la discussion dans deux directions complémentaires : le combat idéologique, d’une part, et les mobilisations militantes, d’autre part. La plénière qui conclura la journée, avant une soirée festive, rendra compte de ces travaux pour envisager des formes d’action collective prolongeant cette journée : au-delà du Forum, nous comptons bien reprendre l’initiative.
Reprendre l’initiative, c’est définir ensemble l’antiracisme dont nous avons besoin pour réagir. Il est temps de dire la responsabilité des responsables politiques. À les entendre, nos gouvernants ne font que refléter le racisme social ; en réalité, ce sont leurs politiques de racialisation qui l’alimentent. Il faut donc repolitiser l’antiracisme.
10h00/13h00 PLÉNIÈRE : DE QUEL ANTIRACISME AVONS-NOUS BESOIN AUJOURD’HUI ?
Prises de paroles militantes d’animateurs de collectifs en luttes : Zouina Meddour, Salah Amokrane, Laurent Levy, Nacer El Idrissi , Saimir Mille , Abdelaziz Chaambi, Fatou, Hamé, Saïd Bouamama, Farid El Yamni, Almamy Kanouté, Farid Bennaï Aloune Traore, Claudia Charles, Denis Godard, Idrissa Sy, M’hamed K’haki ….
L’islamophobie légitimée par l’État depuis les débats qui ont accompagné l’adoption de la loi sur les signes religieux en 2004, la négrophobie défendue par un président de la République depuis le discours de Dakar de 2007, la Rromophobie encouragée par les ministres de l’intérieur des majorités successives, etc. : un seuil qualitatif est franchi dans le développement d’une politique de racialisation impulsée par l’État qui peut d’ailleurs la déléguer ensuite aux collectivités locales. Ces discours ont des conséquences bien réelles : on voit les effets de cette politique dans la hausse des agressions et crimes racistes.
-13h00à 14h30: pause déjeuner
14h30à17h00: ATELIERS : POUR UN ANTIRACISME DE COMBAT
Animateurs/modérateurs : Said Bouamama , Eric Fassin, Nacira Guénif-Souilamas , Pauline Picot, Serge Guichard ,Zouina Meddour , Farid Bennaï
Atelier 1 : Le combat idéologique
Quels sont les verrous de la pensée qui entravent la force d’un mouvement antiraciste à la hauteur des enjeux politiques pour résister aux illusions et aux dangers de l’intégrationnisme, de la thématique du « racisme anti-blanc », de l’antiracisme moral, etc. ? Comment mener un combat idéologique efficace contre les nouvelles figures du racisme ? Quels outils pour ce combat ?
Atelier 2 : Les mobilisations militantes
Quelles mobilisations militantes contre les nouvelles formes de racisme ? Quelles mobilisations spécifiques sur chaque forme de racisme mais aussi quelle convergence construire ? Quelles luttes développer contre la racialisation d’État et la politique de la race municipalisée qui en découle ? Quelles alliances égalitaires avec les mouvements actuels ou futurs des racisés ? Quelle initiative centrale de visibilisation politique de Reprenons l’initiative ?
Pause café: 17h00à17h30
17h30à 19h30: PLÉNIÈRE : AGIR A LA HAUTEUR DES ENJEUX
Saïd Bouamama, Serge Guichard
• – Restitution des ateliers
• – Quelles actions communes avec quels objectifs et quelles échéances.
20h30 à 22h30: Soirée musicale : Origines Contrôlées en concert avec la participation de Hamé
Page facebook : https://www.facebook.com/events/1564087033854650/
Préinscription pour la journée et le concert c’est ici : forum.inscription09@gmail.com
Adresse :
Salle des Fêtes de Gennevilliers
177, Avenue Gabriel Péri
92230 Gennevilliers
Accès :
Métro ligne 13, station « Les Agnettes » ou « Asnières Gennevilliers Les Courtilles »