19 DÉC. 2017 PAR REGISTER BLOG : RESISTEZ !
Depuis la nuit des temps les religions ont été utilisées par des fous afin d’assouvir appétits de pouvoir et instincts meurtriers. Un prétexte bien commode puisque irrationnel. De l’Inquisition à Trump des terroristes ont semé la haine et la mort en leur nom. Il est urgent de les arrêter. Et, pour commencer, exigeons des paroles et actes politiques exempts de toute référence religieuse mortifère !
On l’a déjà oublié mais Donald Trump, à peine investi Président des Etats Unis, annonçait déjà la couleur. Pour son premier voyage officiel, en mai 2017, il se rendait dans les trois Etats religieux que sont le Vatican, l’Arabie Saoudite et Israël !
Ainsi commencera sa « croisade » qui l’amènera à désigner Jérusalem capitale d’Israël, comme il l’avait promis durant sa campagne à la droite évangélique, la remerciant ainsi de son important soutien électoral.
Pied de nez au droit international, risque d’embrasement du Proche Orient, dangers de l’importation du conflit, haines et replis communautaires attisés, tout ça est de peu de poids face aux magouilles politiciennes.
Et ce n’est pas nouveau. En tous temps et en tous lieux le pouvoir politique a utilisé les religions pour arriver à ses fins.
C’est bien au nom d’une religion que, dès le Moyen Age, les inquisiteurs ont torturé et tué des milliers d’hommes et de femmes. Sous prétexte de combattre les « hérésies » l’Inquisition était déjà l’instrument par lequel les monarques, alliés à l’Eglise catholique, imposaient leur pouvoir par la violence.
Notons qu’il fallait une bonne dose de « mauvaise foi » pour commettre ces crimes au nom d’un Jésus de Nazareth dont le seul acte un peu brusque, aux dires mêmes de ses biographies que sont les Evangiles, est celui d’un Juif pieux renversant les tables des changeurs de monnaies au Temple de Jérusalem. Pas bien méchant !
De toute évidence la terreur semée par l’Inquisition vise davantage à maintenir un pouvoir temporel, remis en cause par les Cathares ou les Templiers, et la religion n’est là qu’un prétexte.
Même chose pour les milliers de morts de la St Barthélémy et des guerres dites « de religion ». Car derrière le combat théologique de la Réforme protestante c’est une lutte plus décisive qui se mène, contre un pouvoir politique et matériel, bien réel, celui de l’Eglise, du Pape et … du Roi. Et c’est surtout cela qu’il fallait réprimer par tous les moyens. C’est d’ailleurs l’analyse qu’en fera Engels trois siècles plus tard.
On voit bien que dès que sont associés « pouvoir » et « religion » la volonté de semer la terreur (dérivé du latin « terrere », faire trembler), c’est à dire le terrorisme, n’est jamais très loin. C’est même le compagnon de route habituel.
Ainsi dans la Palestine sous mandat, entre 1920 et 1948, on parlera de « terrorisme sioniste » pour désigner les attentats à l’encontre des civils arabes et des forces de l’ordre britanniques, mais aussi de « terrorisme juif ». Alors s’agissait-il de semer la terreur au nom d’un nationalisme, le sionisme, ou pour imposer la seule présence en Palestine d’un foyer religieux juif ? Sans doute les deux comme nous le montre hélas la suite de l’Histoire.
L’horreur nazie, elle, a assassiné méthodiquement et industriellement des millions de Juifs au nom de leur religion. Mais, pour que nul ne puisse échapper à sa condition, elle a développé le concept de « race » afin qu’il ne s’agisse plus seulement de foi, de baptême, et donc de conversion possible, mais de « nature ». On retrouve cet « enrobage » racial chez les suprémacistes blancs américains comme chez les antisémites.
Mais en Europe, et particulièrement en France, nombre de voix politiques et médiatiques flirtent dangereusement avec ces théories raciales, par exemple lorsqu’elles exigent des seuls Musulmans qu’ils se positionnent contre le terrorisme.
Demande-t-on à tous les Juifs de prendre parti contre les massacres de Palestiniens ? A tous les Catholiques de se dissocier les prêtres pédophiles ? Heureusement non bien sur. Ils le font, à titre individuel ou collectif, s’ils le jugent souhaitable. Mais on ne les assigne pas tous, à priori, à leur seule religion.
Les Musulmans sont devenus des cibles permanentes et les propos racistes à leur égard désormais monnaie courante. Dans le cadre de l’état d’urgence c’est au nom de leur religion (supposée) qu’ils ont été arrêtés, perquisitionnés ou assignés à résidence quand bien même on n’avait rien de spécial à leur reprocher. Des coupables potentiels « par nature » là aussi !
Ce sont pourtant eux les principales victimes du terrorisme et la simple décence voudrait qu’on cesse de parler de « terrorisme islamique » et d’associer ainsi, comme le souhaitent les assassins, leurs crimes à une religion.
L’université du Maryland (Etats-Unis) a recensé l’intégralité des attaques terroristes qui ont eu lieu à travers le monde entre 2001 et 2016. Celles-ci ont coûté la vie à 188 272 personnes, sans compter les auteurs des faits eux-mêmes, et fait plus de 340 000 blessés. Les pays les plus frappés sont l’Irak, le Pakistan et l’Afghanistan. Et les musulmans représentent 90 % des victimes !
Et la liste macabre s’est encore allongée depuis : 150 morts à Kaboul en juin 2017, 300 dans une mosquée d’Egypte récemment, etc …
Mais comment en est-on arrivés là ?
Les dirigeants occidentaux, Etats-Unis en tête, ont soutenu, et soutiennent, systématiquement les régimes religieux les plus rétrogrades : Talibans, Israël ou Arabie Saoudite. En parallèle ils se sont acharnés à détruire les régimes laïques : Irak, Libye ou Syrie semant chaos, déstabilisation politique durable de régions entières, guerres, terrorisme, cortèges de réfugiés …
Ce choix délibéré devrait interroger nombre d’observateurs mais on en trouve peu de traces. Politiciens et media préfèrent fermer les yeux lâchement plutôt qu’analyser la proximité idéologique qui lie les obscurantistes de tous poils : fondamentalistes musulmans, sionistes juifs et extrême droite chrétienne américaine.
Cette « coalition » de fait est responsable d’innombrables victimes civiles. Il faut y ajouter la présence sur le terrain de millions d’armes et la formation par les Etats Unis et leurs alliés de combattants au gré de leurs intérêts stratégiques (pétroliers, militaires ou politiques)
Ces combattants vont se recycler et se multiplier dans des pays où la population est essentiellement musulmane et souvent traversée par des divisions internes. Ainsi va naître le terrorisme qu’on dit « islamique ».
D’abord en Afghanistan avec Al-Qaïda (littéralement « la base ») mais qui recrute souvent ailleurs ses candidats au suicide. Ainsi sur les 19 auteurs des attentats du 11 septembre aux Etats Unis, 15 sont Saoudiens.
En représailles, et bien qu’aucun Irakien ne soit impliqué, les dirigeants américains vont mentir à la communauté internationale et à leurs propres citoyens afin d’attaquer … l’Irak !
Décision lourde de conséquence puisqu’elle aboutira, une fois le pays dévasté, à la création de l’Etat Islamique en 2006.
Ce mouvement terroriste se revendique d’un courant religieux et prétend à l’établissement d’un Etat. Pour cela il va s’engager dans des guerres d’abord en Irak puis en Syrie. Une conquête territoriale qui sera menée par des locaux rejoints bientôt par des combattants venant d’un peu partout y compris de France. Avec toujours en parallèle des attentats suicide au Proche et Moyen Orient ainsi qu’en Europe.
En terre de tradition musulmane les cibles des terroristes sont essentiellement des soufies et des communautés réputées pour leur pratique d’un Islam non fondamentaliste mais tolérant et ouvert. En Europe leur objectif est surtout d’assurer la propagande médiatique et le recrutement de nouveaux adeptes, ce qui les conduit sans doute à revendiquer toutes tueries de masse, fussent-elles l’oeuvre de criminels isolés.
Pour autant les cibles ne sont pas toujours choisies « au hasard ». Elles sont souvent en lien direct avec des religions comme l’école juive de Toulouse, la Synagogue de Copenhague, Charlie Hebdo après la diffusion des caricatures du Prophète, le musée juif de Bruxelles, le magasin Hyper Cacher à Paris ou encore le prêtre égorgé à St Etienne de Rouvray.
Aux Etats Unis les attentats contre des lieux de culte sont surtout l’oeuvre de suprémacistes blancs. Comme en 2015 où un partisan revendiqué du nazisme et du Ku Klux Klan tuait neuf paroissiens dans une église de Charleston ou encore en 2017 où un homme massacrait 26 personnes dans une petite église du Texas.
Les USA détiennent d’ailleurs le record des tueries de masse. La forte présence de la religion dans l’espace public et la circulation des armes n’y sont pas étrangères bien sur, mais a amené de nombreux observateurs à s’interroger sur la personnalité des auteurs et leurs motivations. Quelles constantes relèvent-ils : dérangement mental, problèmes familiaux, inculture, embrigadement dans une organisation de nature sectaire souvent sous couvert religieux, parfois aussi des antécédents de violences domestiques, etc …
Mais il est un élément qui est commun à tous ces tueurs, qu’on les nomme terroristes ou pas, qu’ils soient américains ou pas : ils sont tous candidats au suicide !
Et les religions sont sans doute le piège et le terreau idéal pour conduire des hommes fragiles à tuer et à se tuer (ou se faire tuer). Outre qu’elles offrent l’espoir d’un au-delà, elles apportent des réponses simplistes à des questions existentielles au fond légitimes. Et leurs versions fondamentalistes, qui visent à régir toute la vie des humains, trouvent chaque jour de nouveaux adeptes en quête d’identité dans un monde qui semble leur échapper.
Les religions ont tout à fait leur place dans notre culture en tant qu’oeuvres littéraires au même titre que celles d’Aristote, Avicenne, Maïmonide, Descartes ou Spinoza. Car les trois religions du Livre, qui en réalité n’en sont qu’une, nous invitent à l’universalisme. Il y est question de notre fragile condition humaine et cela ne peut pas nous être totalement indifférent.
Encore faut-il interroger ces sources que sont la Bible, les Evangiles ou le Coran en les situant dans leur contexte historique, géographique et politique. Ce que font de passionnants exégètes talmudiques, coraniques, ou les penseurs de la Réforme par exemple.
Les fondamentalistes de tous poils rejettent, eux, ces analyses et n’admettent qu’une lecture au premier degré de ces textes, faisant fi du contexte dans lequel ils ont été écrits, opposant ainsi la croyance à la raison ce qui permet toutes les dérives. Ce serait de peu d’importance s’il ne s’agissait là que de quelques illuminés à qui on n’accorde pas un rôle politique majeur.
Mais ce sont justement ces adeptes de l’ignorance qui sont au pouvoir :
– un président américain redevable aux fondamentalistes chrétiens qui ont assuré son élection et qui rejettent en bloc la science, le savoir, le progrès
– un premier ministre israélien qui s’appuie sur des textes vieux de 3 000 ans pour justifier colonisation, racisme, apartheid, massacres …
– des dirigeants saoudiens qui utilisent une religion pour s’affranchir du respect des droits humains fondamentaux
C’est cette coalition obscurantiste qui décide de la marche du monde et qui fait son malheur !
C’est elle que les dirigeants français de tous bords ont choisi de soutenir. Or, elle est totalement illégitime, disqualifiée, pour combattre d’autres fondamentalistes et mettre fin à leurs crimes terroristes. Tous ces falsificateurs d’Histoire ont du sang sur les mains. Il est temps de leur rappeler.
Cherchons donc à comprendre (sans vouloir aucunement excuser !) ce qui pousse ces politiciens à afficher publiquement des prises de position à caractère religieux, à s’en prendre à des croyants pour leurs convictions ou leurs pratiques, ou à se cacher honteusement derrière la laïcité pour faire passer un message raciste.
Manuel Valls, est en cela une sorte de caricature. Ancien Premier Ministre, actuel député, la religion est devenue son fond de commerce. De convictions politiques changeantes au gré des circonstances et de ses intérêts de carrière, il lui faut, pour continuer d’exister médiatiquement, affirmer par exemple sa proximité avec le judaïsme, inséparable selon lui d’un soutien indéfectible à la politique d’extrême droite israélienne, et évoquer sans cesse un « problème » musulman qui se nicherait partout, y compris sur … les plages !
Cette volonté d’attiser les haines, les communautarismes, encourage toutes les intolérances et créée à coup sur de nouveaux adeptes pour toutes les sectes assassines.
Et cette escalade de la terreur est le climat idéal pour mettre en oeuvre une politique aux relents totalitaires à base d’attaques contre les libertés, d’état d’urgence et autres remises en cause de droits qui sont l’honneur de notre pays, comme le droit d’asile.
Voilà où mène ce mariage contre nature entre religion et politique.
Il est grand temps de séparer ce couple infernal et la France s’est dotée d’un atout précieux, la laïcité, qui devrait lui permettre de jouer un rôle important en ce sens au niveau international.
La paix et la sécurité de tous sont en jeu. Les citoyens doivent le rappeler sans cesse à leurs représentants et exiger d’eux, pour commencer, des paroles et actes politiques exempts de toute référence religieuse mortifère !