Aux États-Unis, la Fête des lumières a été entachée par de nombreuses manifestations de violence antisémite. Samedi soir, dans la périphérie de New York, un homme armé d’une machette a forcé l’entrée de la maison d’un rabbin, blessant grièvement cinq personnes réunies pour célébrer Hanouka. L’attaque fait suite à une vague d’incidents visant des Juifs orthodoxes new-yorkais, insultés et molestés dans la rue. Cette recrudescence d’actes antijuifs n’est pas liée au hasard. Elle s’inscrit dans un climat politique délétère organisé par Trump, qui n’a eu de cesse, depuis son accession au pouvoir, de donner des gages aux suprémacistes blancs et de garantir aux partisans de la ligne dure israélienne un alignement systématique sur leurs positions, réactivant l’alliance des origines entre sionistes et antisémites.
Souvenons-nous de l’indécence avec laquelle il avait déclaré, à la marge des manifestations de Charlottesville où des militants antiracistes faisaient courageusement face à des milliers de néonazis scandant impunément des chants négrophobes (« Nègres, retournez en Afrique ! » et antisémites (« Juifs, vous ne nous remplacerez pas ! ») 1, « qu’il y avait des gens très bien des deux côtés2». Ou encore de la manière dont il piétina la souveraineté palestinienne avec le déménagement de son ambassade à Jérusalem, contribuant ainsi à la légitimation de la conquête et de l’administration coloniale de la ville par Israël. Ces soutiens aux franges les plus antisémites de la droite dure étatsunienne et au régime israélien ont d’ailleurs été récemment amplifiés début décembre par la promulgation d’un décret criminalisant le mouvement de solidarité avec la Palestine tout en faisant du judaïsme une nationalité 3, le tout assorti de déclarations qualifiant les sympathisants juifs du Parti démocrate « d’ignorance ou de manque de loyauté 4 »…
L’orientation politique assumée par Trump, qui articule d’un même mouvement légitimation du suprématisme blanc et soutien indéfectible au sionisme, a pesé lourd dans la multiplication des attaques visant les communautés juives aux États-Unis. Elle les essentialise et les singularise du reste de la communauté nationale, les rendant de surcroit totalement solidaire de la dépossession de la Palestine par Israël. Il est urgent de mettre au jour les causes du développement de l’antisémitisme, pour mieux en pointer les responsables et ainsi le combattre plus efficacement. Le populisme de droite trumpien constitue une attaque contre l’ensemble des minorités racisées, juives y compris, et nourrit simultanément toutes les formes de racisme.
L’UJFP apporte toute sa solidarité aux victimes de la résurgence de la violence antisémite. La lutte contre l’antisémitisme doit être politique, en ce qu’elle doit identifier les mécanismes dans lesquels il s’inscrit et s’attaquer aux responsables, pour dépasser la simple indignation. Le suprématisme blanc tue, et Trump a du sang sur les mains. C’est tous ensemble que nous devons y faire face.
La Coordination nationale de l’UJFP, le 31 décembre 2019
- https://ujfp.org/antisionisme-antiraciste-non-neonazisme-sioniste-oui/[↩]
- https://www.theatlantic.com/politics/archive/2017/08/trump-defends-white-nationalist-protesters-some-very-fine-people-on-both-sides/537012/ [↩]
- https://forward.com/opinion/436380/trumps-order-does-not-classify-jews-as-a-nationality-but-that-doesnt-mean/[↩]
- [4] https://www.realclearpolitics.com/video/2019/08/20/trump_jewish_people_that_vote_for_a_democrat_show_great_disloyalty_to_israel.html[↩]