Il y a des hommes et des femmes qui ont consacré leur vie à des grandes causes, beaucoup d’anonymes et quelques figures emblématiques. Ils ont en commun le fait de ne s’être pas trompé de combat. Parmi eux il y avait Raymond Aubrac, un des plus illustres membres de l’UJFP. Nous saluons la mémoire de ce chef de la Résistance qui s’est éteint à Paris le 10 avril 2012 à l’âge de 97 ans. Membre fondateur du Conseil National de la Résistance, arrêté avec Jean Moulin à Caluire en 1943, évadé d’une prison de la Gestapo, combattant antinazi jusqu’à la fin de la guerre, homme de gauche depuis toujours, Raymond Aubrac a été nommé Commissaire honoraire de la République et décoré de la Grand-Croix de la Légion d’Honneur. Mais Aubrac ne s’est pas contenté des combats de sa jeunesse qui l’ont rendu célèbre. De son vrai nom Raymond Samuel, l’homme que nous venons de perdre a toujours assumé sa judéité et a continué à témoigner pour transmettre aux jeunes générations les leçons qu’il a tirées de son expérience héroïque : la fidélité aux principes d’équité, de justice et de progrès social. En toute modestie, il a adhéré à plusieurs associations dont il partageait les valeurs.
Raymond Aubrac a adhéré à l’UJFP lorsqu’il était octogénaire et y est resté jusqu’à la fin de ses jours. J’ai rencontré Raymond il y a plus de 10 ans au moment de son adhésion à notre association. Raymond et Lucie Aubrac ont assisté à une conférence de l’UJFP à Paris, dans le quartier St-Germain des Prés, au début de la deuxième Intifada, témoignant de leur solidarité avec les revendications du peuple palestinien et pour une paix juste au Proche-Orient. Depuis, il a de nouveau fait le déplacement dans les beaux salons de la République. Mais ce n’était pas pour recevoir la Légion d’Honneur dont il était déjà titulaire. C’était pour accompagner des représentants de l’UJFP (dont le regretté Pierre Vidal-Naquet) et ceux d’autres associations afin de plaider auprès du gouvernement pour un règlement politique du conflit israélo-palestinien, règlement qui serait conforme à la dignité humaine et au droit international. Raymond Aubrac m’a écrit en septembre 2011 pour témoigner de sa solidarité avec la cause qui est la nôtre. Et avec la modestie légendaire qui était la sienne, il s’est excusé il y a quelques mois à peine de ne pas pouvoir assister à une des réunions de l’UJFP.
C’est un vrai honneur d’avoir connu Lucie et Raymond Aubrac. Ce couple de légende est entré dans l’histoire de son vivant. Maintenant qu’ils ne sont plus de ce monde, ils ont, avec leur courage, aidé à écrire une des pages les plus glorieuses de notre histoire : celle de la Résistance et des valeurs de la gauche authentique.
Richard Wagman, Président d’honneur, UJFP, 11/04/12