Rapport d’activité de l’équipe de l’UJFP à Gaza – semaine du 3 au 9 août 2024

Atelier de soutien psychologique pour les hommes

Ce ne sont pas seulement les femmes qui sont exposées à des pressions psychologiques et qui ont besoin d’ateliers de soutien psychologique, les hommes doivent également pouvoir en bénéficier et de participer à ces ateliers.

Dans nos sociétés orientales, on nous apprend à assumer nos responsabilités dès l’enfance. Il nous est interdit de râler ou de nous plaindre ou même d’exprimer notre tristesse en pleurant. On nous a appris depuis notre enfance que les hommes ne pleurent pas et que pleurer est réservé aux femmes, et qu’un homme doit être fort et résistant, alors les enfants ont grandi pour devenir des hommes qui répriment leurs sentiments et leur douleur.

La guerre a révélé l’ampleur de la pression psychologique dont souffrent les hommes, qui les a transformés en une bombe à retardement qui explose pour les raisons les plus triviales. Nous voyons des querelles entre hommes tous les jours pour des faits simples qui ne nécessitent pas de querelle, mais les hommes ont besoin de cette querelle libère pour libérer leur pression psychologique interne. C’est ce que ressentent les hommes lorsqu’ils veulent évacuer leurs pressions internes simplement en se disputant, c’est pourquoi nous continuons à organiser des séances de soutien psychologique pour les aider à soulager leurs pressions psychologiques.

Le 5 août, nous avons animé un atelier de soutien psychologique avec un groupe de 17 hommes. Cet atelier comprenait de nombreuses activités sportives, récréatives, d’intelligence mentale et de soutien psychologique. Selon les dires des participants, l’atelier était plus que merveilleux. Après la fin de l’atelier, les hommes étaient de bonne humeur. Il y avait beaucoup d’activités et tout le monde a participé pour que ces activités soient une réussite. 

Lien vers des photos et une vidéo de ces ateliers ICI

Programme de pulvérisation du camp pour éliminer les insectes

Le 6 août, nos équipes se sont dirigées vers le camp d’hébergement (camp humain pour les patients) situé à côté de l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa. Tous les résidents de ce camp sont des patients atteints de néphropathie qui subissent une dialyse plus d’une fois par semaine. Ce camp a été établi à côté de l’hôpital afin que les patients puissent se rendre à l’hôpital rapidement et sans souffrance. Les patients de ce camp ont appelé à l’aide nos équipes pour pulvériser le camp afin d’éliminer les insectes et les rongeurs.

De nombreux patients à l’intérieur du camp ont signalé qu’ils étaient exposés aux piqûres de moustiques et qu’ils ne pouvaient pas dormir la nuit. Les mouches se propagent également pendant la journée, ce qui les affecte grandement car leur immunité est très faible.

Dès que nos équipes ont terminé de pulvériser le camp, les patients ont remercié l’équipe de travail et nous ont demandé de continuer à pulvériser le camp.

Lien vers des photos et une vidéo de l’élimination des insectes ICI

Activités de divertissement pour les enfants

Le programme éducatif a également mis en place un atelier de divertissement pour les enfants. Cet atelier comprenait une activité de dessin mural. Les enfants ont dessiné des formes d’oiseaux, de poissons et d’autres formes sur les murs.

Les enseignants ont également joué de la musique pour que les enfants commencent à chanter et à se balancer au rythme de la musique. Nous avons mis en place cette activité pour libérer les énergies des enfants de manière pédagogique et pour les maintenir en contact avec le processus éducatif en plus des activités divertissantes, interactives et psychologiquement relaxantes.

Lien vers des photos et des vidéos des activités des enfants ICI

Programme d’alimentation dans le camp des agriculteurs

Si l’on se souvient de l’avant-guerre et de la façon dont Gaza était autosuffisante en matière de production de légumes, de volaille et de poisson, et malgré les grandes difficultés auxquelles les agriculteurs et les pêcheurs étaient confrontés, le tableau de la situation actuelle, à la lumière de la guerre qui dure depuis plus de dix mois, est devenu tragiquement sombre.

La guerre a grandement affecté les secteurs les plus importants de la bande de Gaza (agriculture et pêche), ces deux secteurs assurant la sécurité alimentaire de plus de deux millions et demi de personnes. La guerre a complètement détruit la majeure partie du secteur de la pêche, laissant des milliers de pêcheurs sans source de revenus et affectant gravement la sécurité alimentaire, qui dépendait en grande partie de la pêche pour fournir de la nourriture à la population de Gaza.

En ce qui concerne l’agriculture, qui est le premier refuge qui fournit de la nourriture à la population, la guerre a détruit la plupart des terres de l’est de la bande de Gaza, qui constituent le panier alimentaire de la majeure partie de la population de Gaza, ce qui a conduit à la destruction du système agricole et alimentaire et a provoqué l’arrêt complet des activités agricoles.

Les autres terres de l’intérieur, situées le long de la côte, dépendent en partie de serres, dont la plupart ont été endommagées par la guerre. Les agriculteurs de ces régions dépendent de l’agriculture en plein champ car ils ne peuvent pas réparer leurs serres.

Les organisations internationales tentent de fournir une aide alimentaire aux déplacés en distribuant des conserves, ce qui a grandement contribué à sauver la vie de centaines de milliers de personnes de la famine.

Cependant, ces conserves et leur utilisation excessive ont affecté la santé des déplacés et certaines maladies ont commencé à apparaître par manque d’aliments sains tels que les légumes, la viande et les produits laitiers.

Cependant, même l’aide fournie par ces organisations ne suffit pas à nourrir plus de deux millions de personnes déplacées et ne met pas fin à la catastrophe humanitaire qui risque d’aggraver la famine dans la bande de Gaza. La situation humanitaire se détériore sérieusement à la lumière de la guerre en cours, du mouvement des personnes déplacées et de leur déplacement continu de leurs zones, de leur résidence dans des zones surpeuplées qui ne sont pas adaptées à la vie et du manque d’un environnement sain.

Tout cela a conduit à la propagation de diverses épidémies et maladies qui se sont propagées parmi les familles des déplacés, et des rapports d’institutions médicales confirment que la bande de Gaza se dirige vers une catastrophe sanitaire si la communauté internationale n’intervient pas rapidement. Depuis le début de la semaine, nous fournissons des repas aux familles d’agriculteurs du camp qui dépendent principalement de nous pour nourrir leurs enfants, mais le nombre est important et il est devenu difficile de fournir de la nourriture tout au long de la semaine, nous espérons donc que d’autres institutions se joindront à nous pour aider à nourrir ce grand nombre de familles.

Le manque de nourriture et d’eau potable dans les camps de déplacés a directement affecté la nutrition et l’immunité des femmes et des enfants.

Selon les examens médicaux effectués par certaines institutions médicales dans les camps de déplacés, 5 % des enfants de moins de deux ans souffrent de malnutrition sévère. 

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Lien vers des photos et vidéos de la distribution des repas ICI

Programmes éducatifs

Le peuple palestinien est l’un des peuples les plus instruits parmi les peuples arabes, suivi par le Qatar en deuxième position. Selon la liste, le pourcentage de personnes instruites dans la bande de Gaza est le plus élevé du monde arabe, puisque 96,4 % des habitants de la bande de Gaza sont instruits, tandis que le pourcentage chez les hommes atteint 98,3 %, malgré le fait que la bande de Gaza soit la plus pauvre du monde arabe et qu’elle vive sous un siège israélien depuis 16 ans, les Palestiniens donnent donc l’exemple à suivre.

Malgré les circonstances difficiles que la population de Gaza a vécues depuis la Nakba et les guerres en cours depuis 2008 jusqu’à aujourd’hui, les Palestiniens croient que l’éducation est le rayon de lumière qui éclairera le chemin de leurs enfants et leur assurera un avenir meilleur.

Les habitants de la bande de Gaza ont enduré de nombreuses difficultés dans le passé au point de ne pas pouvoir trouver de quoi manger, mais ils ont insisté pour envoyer leurs enfants à l’école et à l’université, convaincus que l’éducation crée une société meilleure pour leurs enfants.

Malgré la guerre dévastatrice dans laquelle ils vivent, malgré la catastrophe humanitaire qui frappe leurs familles et eux-mêmes en raison du déplacement d’une région à une autre, malgré le besoin urgent de tous les produits de première nécessité, ils insistent pour envoyer leurs enfants dans des centres éducatifs afin qu’ils ne perdent pas ce qu’ils ont appris auparavant et acquièrent le niveau minimum d’éducation.

C’est ce qui nous pousse à assumer la responsabilité envers leurs enfants inscrits dans nos centres éducatifs répartis dans les camps de déplacés. Ces centres éducatifs continuent de donner beaucoup malgré les circonstances difficiles dans lesquelles nous vivons. La demande des enfants pour ces centres est importante en raison du bon traitement et des diverses activités qui incluent l’éducation, le divertissement et le sport, qui font que les enfants sont socialisés dans les centres où ils se trouvent.

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Lien vers des photos et vidéos pour les deux camps de Mawasi Khan Younis et Deir al Balah ICI

Rapport sur les ateliers de soutien psychologique pour les femmes

Le soutien psychosocial est un ensemble de services et d’activités qui visent à améliorer la santé psychologique et sociale des individus, en particulier des femmes qui font face à beaucoup de pressions et difficultés.

Les ateliers de soutien psychologique ont été créés pour soutenir les groupes fragilisés, en particulier les filles et les femmes, pour les aider à surmonter les défis et les difficultés auxquels elles sont confrontées qui entravent leur éducation psychologique et sociale, et pour travailler à éliminer leurs effets négatifs et à fournir un environnement sûr où les femmes peuvent exprimer leurs sentiments et leurs expériences sans crainte de jugement ou de critique.

Ces séances visent à offrir un environnement sûr et favorable où les femmes déplacées peuvent se détendre, interagir socialement, exprimer leurs sentiments et recevoir le soutien psychologique nécessaire, en plus de soulager le stress et la pression psychologique à travers des activités récréatives, artistiques et sportives, et en utilisant une musique à la fois calme et enthousiaste.

Ces ateliers visent également à renforcer le sentiment d’appartenance et le soutien du groupe à travers des activités de groupe qui encouragent la coopération, l’interaction et la participation entre les femmes. Il permet également d’apporter un soutien psychologique par le biais de séances de conseil individuel.

Il convient de noter que ces séances visent à développer des compétences de vie grâce à des ateliers éducatifs tels que la cuisine, le travail bénévole et l’apprentissage de nouvelles compétences. Ces ateliers sont essentiels pour comprendre et améliorer la santé mentale des femmes, en écoutant leurs histoires et leurs expériences, en tenant compte des défis qui affectent leur vie et en offrant un environnement sûr et stimulant qui permet aux femmes d’exprimer librement leurs sentiments et leurs besoins.

Le programme de soutien psychologique aux femmes entre dans la quatrième semaine du troisième mois, au cours de laquelle 4 séances de soutien ont été mises en œuvre, avec la participation de 44 femmes venues assister à ces séances pour échapper à la mauvaise situation et à l’état de pression psychologique et avec le désir d’atténuer et de se débarrasser de ces pressions et dans l’espoir de vivre de simples moments de divertissement, même pendant quelques minutes.

Au début de la séance, nous avons fait une activité interactive pour se connaître , et nous leur avons expliqué brièvement ce qui se passerait dans cet atelier et ses objectifs.

Nous avons fait une activité d’échauffement qui était une activité divertissante utilisant une musique entraînante, et lorsque la musique s’arrêtait, l’une des participantes disait son nom et sa couleur préférée. On a noté dans cette activité que la couleur noire dominait parmi les couleurs, car la plupart des femmes ont choisi la couleur noire. Les participantes ont expliqué que la couleur noire symbolise la tristesse qui les habite à cause de la guerre qui a détruit leur vie et leur a fait perdre leur maison et leurs proches. Cela explique pourquoi la plupart des femmes portent la couleur noire pendant cette guerre, comme une forme de deuil pour la perte de leurs fils, maris ou proches.

Nous avons ensuite parlé des problèmes les plus importants auxquels sont confrontées les femmes vivant dans des camps d’accueil et des problèmes qu’elles ont rencontrés pendant le déplacement, d’autant plus que la plupart de ce groupe sont des personnes nouvellement déplacées de la région de Bureij vers la région de Deir al-Balah au cours de la semaine dernière après avoir été averties d’évacuer leurs zones.

L’une des femmes a déclaré que le moment le plus difficile du déplacement a été lorsque la zone a été informée de l’évacuation, car tout le monde était confus et les questions les plus importantes étaient : comment allons-nous quitter nos maisons, la fatigue de la vie et les souvenirs, où allons-nous aller, qu’allons-nous emporter avec nous, comment allons-nous sortir avec nos biens et nos enfants, et comment allons-nous transporter ces choses compte tenu du manque de moyens de transport ? Mais tout le monde a été obligé de fuir et de tout laisser derrière nous pour nous sauver, si bien que nous avons fini par vivre dans une tente sous le soleil dans un endroit dépourvu des nécessités les plus élémentaires de la vie, comme la nourriture, la boisson et un abri.

Une activité de clôture a été organisée pour améliorer l’état psychologique des femmes, qui a consisté en un dabke populaire sur la musique d’une chanson nationale ; la plupart des femmes ont participé au dabke et au chant dans une atmosphère joyeuse.

Nous sommes ensuite passés à la deuxième activité, qui portait sur le travail bénévole, ses objectifs, son importance et ses avantages. Cette activité vise à aider les femmes à se sentir indépendantes et à avoir un impact positif, et à améliorer la communication sociale et l’intégration dans les communautés locales, ce qui contribue à améliorer leur santé psychologique et sociale. Le travail bénévole favorise l’intégration sociale en intégrant les femmes déplacées dans des camps d’accueil, où les femmes peuvent participer aux efforts communautaires, rencontrer de nouvelles personnes et créer des réseaux de soutien. Le travail bénévole peut renforcer la confiance en soi des femmes en apportant une assistance aux personnes nouvellement déplacées et en contribuant à résoudre leurs problèmes. Certaines femmes ont parlé de leur participation antérieure à des travaux bénévoles dans des camps de déplacés, comme aider à cuisiner des repas pour les familles du camp, participer au transport de l’eau pour les personnes âgées et travailler collectivement chaque semaine pour nettoyer le camp de déplacés.

À la fin de la session, les participantes ont évoqué les problèmes les plus importants qu’elles rencontrent dans les camps de déplacés, qui se résument au manque de besoins fondamentaux pour la famille, comme une alimentation saine et de l’eau potable. Les femmes ont également d’autres besoins qui ne sont pas satisfaits, comme la pression psychologique à laquelle elles sont exposées en raison de la responsabilité totale des besoins de la famille, de la propreté générale du lieu et de leur famille, en plus de la propagation de maladies parmi les enfants, ce qui augmente les responsabilités des femmes et les épuise jour et nuit.

Photos et vidéos ICI

(Voir aussi les chroniques postées par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s sur les sites d’AlterMidi et ISM France)

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