Le 18 août au matin, l’armée israélienne a fait sauter les portes de sept ONG palestiniennes en Cisjordanie occupée, a saccagé les lieux, jeté les dossiers par terre, volé les ordinateurs et scellé l’entrée des locaux avec des plaques métalliques géantes à l’aide de chalumeaux ! Le tout en flagrante violation du droit international qui régit la conduite d’une puissance occupante en rapport avec des infrastructures civiles dans des territoires occupés.
Israël n’est pas à son coup d’essai. Déjà en octobre 2021 le gouvernement israélien avait qualifié six de ces ONG de « terroristes », avait interdit leurs activités humanitaires et avait incité la communauté internationale à mettre fin à leur financement. Il s’agit d’associations qui défendent les droits humains, ceux des femmes, des enfants, des paysans, des prisonniers politiques, ainsi que des ONG œuvrant dans le domaine de la santé, de la recherche et du développement économique.
Israël est mal placé pour désigner qui que ce soit de « terroriste ». La mort d’une cinquantaine de Palestiniens à Gaza (dont 15 enfants) début août, fauchés par des bombes israéliennes, en témoigne. Il y a une longue liste d’actes de terrorisme d’État commis par Israël dans les territoires palestiniens. Maintenant cette puissance militaire qualifie de « terroriste » des ONG travaillant pour les droits du peuple sous son occupation militaire. Un comble !
Avec ses nombreux crimes commis contre le peuple palestinien et son défi à la communauté internationale, Israël s’apparente plus à un État voyou.
En réponse à ces raids militaires israéliens, les ministres des Affaires étrangères de neuf pays européens ont émis un rapport au mois de juillet 2022 dans lequel ils concluent infondées les accusations israéliennes de « terrorisme » contre ces ONG. Ils ont affirmé leur décision de continuer à contribuer au financement de ces associations de la société civile palestinienne. Il s’agit des chefs de la diplomatie de France, Irlande, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Suède, Italie et Espagne. Même le Département d’État américain a déclaré que « des organisations indépendantes de la société civile en Cisjordanie et en Israël doivent pouvoir continuer leur travail ».
Ces raids militaires qui interviennent quelques jours après les bombardements sur Gaza témoignent du continuum formé par la politique de répression de l’État colonial israélien vis-à-vis des Palestiniens. Les attaques contre la société civile palestinienne s’articulent aux offensives militaires contre les organisations politiques et militaires palestiniennes et au harcèlement quotidien des civils des territoires palestiniens occupés (opérations nocturnes, arrestations arbitraires, destruction d’infrastructure..). Cette politique multiforme de répression est une. Elle est le pendant nécessaire à la poursuite de la colonisation des terres palestiniennes et à l’effacement de l’identité nationale palestinienne.
Quant à nous, association juive, nous combattons cet État qui revendique agir au nom du peuple juif et met en œuvre une politique en violation flagrante des valeurs qui nous sont chères : la justice, l’égalité, la libération des peuples opprimés et le vivre ensemble. C’est à nos yeux une contradiction des plus violentes.
Nous saluons les 47 organisations israéliennes de défense des droits humains qui se sont solidarisées avec les organisations palestiniennes !
Nous nous félicitons de la décision de la France de continuer à financer les ONG palestiniennes injustement attaquées et nous demandons au gouvernement français une suite logique aux outrances israéliennes : imposer des sanctions contre Tel-Aviv comme on le fait contre la Russie. Moscou occupe une partie de l’Ukraine et fait la guerre contre ce peuple depuis six mois. Israël occupe des Territoires palestiniens depuis 55 ans et poursuit sa politique de guerre depuis 74 ans. Si le droit international a le mérite d’exister, il doit être appliqué par les pays qui se réclament de la démocratie.
La Coordination nationale de l’UJFP, le 22 août 2022