RAFLES CONTRE LES SANS PAPIERS : NON ! NOUS NE POUVONS PAS L’ACCEPTER !

Non ! Nous, citoyens français d’origine juive, membres de l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix), nous ne pouvons pas accepter que cela recommence comme si aucune leçon n’avait été tirée des années noires de 1940 / 1945 et des sombres souvenirs des persécutions antisémites du régime de Vichy.

Nous ne pouvons accepter qu’aujourd’hui encore l’Étranger, l’Autre, soit stigmatisé au prétexte qu’il serait un sans papiers, un demandeur d’asile.

Souvenons nous

De ces étrangers combattants de la M.O.I. (Main d’Oeuvre Immigrée), les héros du Groupe Manouchian, ceux de l’Affiche Rouge, entrés dans l’Histoire après des mois de luttes et d’exploits héroïques contre l’occupant, fusillés par les nazis au Mont Valérien le 21 février 1944. Tous avaient fui le nazisme, le fascisme, le chômage et la misère ; tous étaient des demandeurs d’asile, des sans papiers, comme on nomme aujourd’hui leurs semblables.

Nous avons connu cela : être coupables innocents.

Nous avons connu cela : une bureaucratie qui devait faire du chiffre, rouage discipliné et obéissant : une bureaucratie qui ne voulait pas savoir, ne voulait pas connaître les conséquences de ses actes.

Nous avons connu cela : une Justice oubliant ses devoirs, se prêtant à la politique du moment.

Nous avons connu cela : les familles réveillées à l’aube, internées dans des camps hier nommés – en France – camps de concentration, aujourd’hui : centres de rétention.

Nous avons connu cela : les enfants arrêtés dans les écoles, internés avec ou sans leurs parents, laissant leurs chaises vides dans les classes …
Nous avons connu cela : les contrôles au faciès comme on en voit de plus en plus fréquemment dans le métro, dans les rues.

Nous avons connu cela : les rafles devant la sortie des bouches de métro, ou bien, comme cela s’est déjà produit, à l’heure d’une distribution de soupe par les Restos du Cœur.

Non ! Nous ne pouvons accepter les lois et les décrets xénophobes du gouvernement.

Ce sont des relents pétainistes de triste mémoire.

Tout cela est inacceptable, ignominieux, et doit être fermement dénoncé et combattu.

C’est pourquoi nous sommes solidaires de ces personnes aujourd’hui discriminées dans notre pays, renvoyées dans des pays dont certains sont soumis à des dictatures impitoyables, dont d’autres sont ravagés par la guerre civile ou ses séquelles, d’autres marqués par le sous-développement, le sous-emploi et la pauvreté.

Nous ne pouvons accepter cette nouvelle chasse à l’Homme dont nous sommes aujourd’hui les témoins.