RACHEL à l’UTOPIA – AVIGNON

RENCONTRE LE LUNDI 5 JUILLET À 20H00 AVEC PIERRE STAMBOUL,
MEMBRE DE L’UNION JUIVE FRANÇAISE POUR LA PAIX

Le magnifique film de Simone Bitton, qui a été très peu diffusé en France lors de sa sortie en octobre dernier (2 salles à Paris, 12 en province… alors qu’on ne vienne pas nous énerver en prétendant que nous « commettons le crime de censure » en ne programmant pas À 5 heures de Paris ! à découvrir page suivante) est idéal pour rappeler que la dernière « bavure » en date (à savoir l’arraisonnement, au mépris du droit maritime le plus élémentaire, des navires* chargés de vivres et de matériaux de construction à destination de la bande de Gaza avec pour résultat : 9 morts, des blessés, des militants pacifistes brutalisés…) n’est qu’un nouvel épisode d’une politique menée depuis belle lurette dans les territoires occupés, malgré la réprobation timide de l’ONU.

Rachel Corrie était une jeune américaine de 22 ans, une non-violente partie en Palestine en 2003, avec d’autres militants pacifistes, pour s’opposer à la colonisation et à la destruction de maisons palestiniennes par les bulldozers israéliens. « Ce voyage est la meilleure chose que j’ai faite dans ma vie » écrit Rachel à ses parents, et elle note jour après jour ce qu’elle découvre, ses rencontres, ses états d’âme… Sa fragile personne s’interpose entre les maisons et les monstres rugissants. Mais un jour, un bulldozer ne s’est pas arrêté… (« nous craignions que la maison en question ne cache l’entrée d’un tunnel », dit un militaire de Tsahal).
Simone Bitton enquête sur les circonstances de la mort de Rachel, interroge sa vie, donne à comprendre les raisons de son engagement à travers ses écrits, sa famille, ses amis, les témoins du drame ; interpelle les militaires israéliens, y compris la propagandiste en chef de Tsahal ; ponctue le tout de documents exceptionnels, menant son film comme une instruction ; recueille avis et témoignages… Et ce faisant elle réalise un formidable moment de cinéma, émouvant mais jamais complaisant : le cas particulier de cette jeune fille blonde prend très vite une dimension universelle, percute notre actualité, aide à comprendre les motivations de ceux qui étaient sur les bateaux arraisonnés, vient nourrir notre réflexion à propos d’un conflit qui empoisonne le monde, saisi dans toutes ses conséquences et ses résonances humaines. Plus généralement il est question de ceux qui s’engagent dans des luttes qui pourraient sembler perdues d’avance : « On peut lutter sans espoir… parce que la résistance c’est la vie et que la vie est dans la révolte » dit un jeune militant… Manoukian aurait pu dire la même chose.
Rachel Corrie est morte le 16 mars 2003 (le jour où nous inaugurions Utopia à Tournefeuille) et il fallait un certain courage à Simone Bitton alors que certains n’hésitent pas à brandir l’épouvantail de « l’antisémistisme » à tout propos pour culpabiliser et faire taire qui émet un doute sur le bien fondé de la politique d’Israël et l’insulte de « traitre et de juif honteux » envers tout Juif qui refuse d’être complice d’une oppression menée en son nom.
« Rachel a montré aux Palestiniens un autre visage de l’Amérique que celui qu’ils subissent et ont tant de raisons de haïr » dit Simone Bitton. On pourrait ajouter que le meilleur antidote contre l’antisémitisme, si souvent brandi dans nos régions, est dans la prise de conscience que tous les Juifs du monde ne sont pas complices des options d’un État malade de peur et de haine.
Simone Bitton a la double nationalité israélienne et française, elle est née au Maroc, a immigré en Israël avec ses parents où elle a servi dans l’armée, elle en est sortie pacifiste, a fait l’IDHEC à Paris et n’a cessé depuis de réaliser des films magnifiques (on trouve les DVD de son très beau Mur et de Rachel : www.filmsduparadoxe.com)

* En hommage à Rachel, le bateau parti d’Irlande et arraisonné par l’armée israélienne en eaux internationales portait son nom : Corrie.

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