— Les interventions militaires occidentales se sont multipliées. En Afghanistan, en Irak, en Libye, le même prétexte a toujours été avancé : protéger la « civilisation », les femmes, la démocratie contre la barbarie. On a vu le résultat : des centaines de milliers de victimes « collatérales » (en grande majorité des civils), des sociétés désintégrées, des intégristes légitimés et armés. Et c’est le chaos produit par l’intervention impérialiste en Libye qui produit aujourd’hui le chaos au Mali ou dans le Sahara algérien.
— La Françafrique est plus que jamais une réalité. L’armée française qui intervient est celle qui a soutenu le génocide rwandais. Les armées africaines qui interviennent ont installé des dictatures par coups d’Etat ou élections truquées et massacrent leurs peuples (Togo, Tchad …). Les intérêts économiques français dans la région sont évidents : Areva et les mines d’uranium, le coton malien vendu à perte pour les Maliens ….
— Les Touaregs (comme les Kurdes au Moyen-Orient) ont été les grands oubliés de la « décolonisation ». Ils se battent depuis 40 ans dans des mouvements laïques contre la pauvreté, le pillage de leur territoire et la destruction de leur culture. Pourquoi n’ont-ils jamais reçu aucun soutien international ? Seront-ils protégés contre les exactions à venir ?
— La guerre au Mali est inséparable du racisme. Elle provoque en France une nette recrudescence de l’islamophobie.
Souvenons-nous du charter expulsant 101 Maliens à l’époque de Pasqua. Comment imaginer que cette France-là qui traite ses immigrés et ses Sans Papiers comme des chiens puisse garantir la démocratie au Mali ?
— Ecoutons les médias qui présentent cette guerre comme étant celle de la « civilisation » (blanche bien sûr) contre la barbarie terroriste.
— Hollande a annoncé son intervention au Mali depuis les Emirats Arabes Unis. Comme si le modèle des pays du Golfe (ultralibéral, féodal, patriarcal et esclavagiste contre ses immigrés) était le modèle à soutenir face à l’islam radical.
— Pendant la guerre civile algérienne, les Occidentaux ont soutenu des gouvernements algériens qui n’ont pas hésité à instrumentaliser des groupes djihadistes aujourd’hui à l’oeuvre au Sahara.
Certes, les djihadistes qui s’attaquent aux mausolées de Tombouctou et multiplient les atrocités au Nord-Mali représentent une forme d’obscurantisme meurtrier inacceptable. On peut comprendre le soulagement de la population malienne face à l’intervention française. On peut comprendre qu’en Tunisie où d’autres apprentis djihadistes attaquent les syndicats, on se réjouisse aussi. A Benghazi aussi, la population s’était réjouie de l’intervention franco-anglaise. Pour quel résultat ? Cette joie est une illusion !
Parce qu’en aucun cas un pyromane ne peut éteindre le feu qu’il a allumé, nous devons condamner l’intervention française au Mali.
Pierre Stambul
Note de la rédaction :
Lire sur le sujet l’article prémonitoire de Mireille Fanon Mendès France publié en novembre 2012 sur notre site