L’Assemblée générale de l’ONU avait en 2005 institué le 27 janvier journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste et la prévention des crimes contre l’Humanité.
Cette année, en France comme dans de nombreux pays à travers le monde, celle ci aura lieu le mardi 27 janvier prochain.
Cette commémoration nous interpelle – nous Juifs progressistes, antisionistes, soucieux de la préservation du droit international – à plus d’un titre.
Naturellement, nous avons en tête l’agression israélienne de juillet/août dernier sur Gaza, contre sa population civile enfermée dans le plus grand camp de concentration au monde, victime d’un blocus illégal et implacable grâce à la complicité active de la communauté internationale.
En tête également, cette Session extraordinaire du Tribunal Russell pour la Palestine de septembre dernier au cours de laquelle, les témoignages recueillis et les documents produits, ont permis aux membres du jury de conclure à l’accomplissement par l’armée israélienne à Gaza, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, plus grave encore, à travers le discours des responsables politiques au plus niveau de l’Etat, de celui des nombreux responsables politiques, militaires et religieux, à une grave incitation au génocide…
Plus près de nous encore, le 21 novembre dernier, la Session de la Troisième Commission de l’Assemblée générale de l’ONU et le vote de la résolution L 56 visant à « lutter contre la glorification du nazisme, du néonazisme et toutes autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée » ..
Cette Résolution a été adoptée à la majorité par 115 pays.
Mais 55 pays se sont abstenus, dont tous pays membres de l’ Union Européenne, France et Allemagne comprises….
Cette résolution L 56 énumérait les nombreuses raisons de ses inquiétudes, se disant entre autres:
– Alarmée par la prolifération dans de nombreuses régions du monde de divers partis politiques, mouvements et groupes extrémistes, y compris les néonazis et les skinheads, ainsi que des mouvements et idéologies racistes et extrémistes.
– Profondément préoccupée par toutes les manifestations récentes de violences et de terrorisme qu’ont provoquées le nationalisme violent, le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.
– Inquiète par les dangers que représentent les partis politiques, mouvements et groupes extrémistes pour les droits de l’homme et la démocratie qui sont universels et qu’aucun pays n’y échappe…
Il est important de noter que cette résolution nomme uniquement le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui lui est associée.
Nous avons alors à nous interroger sur les raisons qui ont conduit la France à s’abstenir, à ignorer les recommandations légitimes contenues dans cette Résolution, à ériger l’antisémitisme comme forme principale du racisme jusqu’à en faire une « cause nationale » comme l’a annoncé le président de la République dans son allocution du 31 décembre dernier, ce même 31 décembre, où le maire divers droite d’une commune de l’Essonne refusait que soit inhumé dans le cimetière communale le corps de Maria Francesca, jeune enfant Roms dont les parents survivent dans un bidonville de cette même commune.
Ignominie que même sous Vichy, les enfants juifs et leurs parents, morts dans les camps de concentration français n’ont pas subie.
A nous interroger sur les raisons qui conduisent le gouvernement actuel à tolérer les discours racistes aux relents fascistes et nazis des partis et groupuscules d’extrême droite qui se développent impunément en France, à continuer à produire un discours d’Etat raciste et xénophobe à l’encontre de pans entiers de notre société, largement relayé par les médias,
Nous nous interrogeons également sur les raisons du soutien sans réserve du gouvernement français à la politique criminelle israélienne, son alignement sur le discours raciste et islamophobe du CRIF et de ses officines, sur sa tolérance à l’égard de la LDJ, groupe raciste d’extrême droite par excellence.
Honorer les victimes du nazisme et du fascisme européen des années 40, parmi elles, nos parents, nous ne pouvons que nous en féliciter.
Ignorer et fermer volontairement les yeux sur la réalité d’aujourd’hui, largement décrite et condamnée par la résolution L 56 de l’ A G de l’ONU, nous interpelle, nous inquiète profondément.
Georges Gumpel
Enfant juif caché 1943/1944,
Fils de Déporté
Convoi du 11 août 1944, arrivé à Auschwitz le 22 août 1944
Survivant d’une marche de la mort, entré à Mauthausen début février 1945, mort à Melk le 11 avril 1945.
Partie civile au procès Barbie.