Quelques fragments d’un voyage en Palestine et Israël en avril 2007

Par Jean-Guy Greilsamer

Mon voyage, effectué en grande partie avec la mission 130 de la CCIPPP, a comporté 3 moments forts :
• la rencontre de Palestiniens d’Israël, ou Palestiniens de 1948, précédée par un entretien avec l’association Zochrot puis le lendemain la participation à la procession commémorative du massacre de Der Yassin
• la visite du Théâtre de la Liberté de Jénine ; des militanTEs de l’UJFP sont activement engagés dans l’association les Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine, qui soutient le Freedom Theatre
• la conférence internationale de Bil’in, suivie par la manifestation hebdomadaire contre le mur.

Voici 3 textes que m’a inspirés ce voyage.

1. Rencontre avec Zochrot

Zochrot est une association israélienne pour la reconnaissance de la Naqba et des villages palestiniens disparus. La veille du début de notre périple collectif, je rencontre une jeune militante de l’association avec une amie israélienne, M. La rencontre a lieu dans un café branché prés du centre de Tel Aviv.
Zochrot (signifie en hébreu « elles se souviennent ») est née il y a 5 ans. Le dépliant de Zochrot précise : « Bien que les membres de Zochrot soient aussi bien des hommes que des femmes, nous avons choisi la forme féminine de ce mot afin de présenter une alternative moins militariste, et une conception plus inclusive du souvenir collectif ».
En Israël il existait déjà des associations, palestiniennes pour le droit au retour. L’objectif de Zochrot, c’est de mettre en œuvre une pédagogie et des activités destinées à sensibiliser tout le public israélien, y compris le public juif.
Extrait du dépliant de présentation de l’association : « Zochrot travaille à rendre l’histoire de la Naqba accessible au public israélien afin d’encourager les Juifs et les Palestiniens à arriver ensemble à une nouvelle lecture de notre douloureuse histoire. Nous espérons qu’en racontant l’histoire de la Naqba en hébreu, le langage parlé par la majorité juive en Israël, nous contribuerons à un changement qualitatif dans le discours politique de cette région. »
Les activités de Zochrot se sont bien développées, et l’association a su utiliser ce que la « démocratie » israélienne permet à ses citoyens juifs.
Son activité la plus répandue, ce sont les rencontres commémoratives sur les sites d’anciens villages palestiniens : des signes sont alors posés pour indiquer les noms d’anciennes rues et d’anciens bâtiments palestiniens, des discours commémoratifs sont prononcés et des brochures mémorielles publiées.
Les Palestiniens qui participent à ces commémorations sont très essentiellement des Palestiniens « déplacés » de 1948. Il faut en effet se souvenir qu’un quart des 1,2 million de Palestiniens d’Israël sont ou descendent de Palestiniens qui ont été expulsés de leur village en 1948.
Beaucoup (mais de moins en moins) de ruines de ces villages existent, et si le droit au retour était pratiqué, il serait possible aux Palestiniens de reconstruire sur ces ruines. Des sites d’anciens villages ou quartiers palestiniens font régulièrement l’objet d’opérations immobilières auxquelles s’oppose Zochrot, qui veille à ce que des recours juridiques soient également mis en œuvre.
Zochrot a également ouvert a Tel Aviv un centre de documentation et d’animation sur la Naqba : documents sur différents supports et notamment informatiques, conférences, films, etc.
En projet : une galerie d’art.
L’association est arrivée à drainer un public de jeunes, sociologiquement proche de celui des jeunes « Anarchistes contre le mur ».
Une jeune militante de Zochrot que j’ai rencontrée récemment à Paris, et N., qui nous reçoit à Tel Aviv, ont le même profil : dynamiques, complètement libérées du sionisme, communicatives, ouvertes.
N. est comme touTEs les anticolonialistes israélienNEs pessimiste sur la situation et elle reconnait forcement que la question du droit au retour n’a pas progressé dans les partis israéliens ; mais le travail de Zochrot est surtout un travail de conscientisation en profondeur. Il arrive même à Zochrot de pouvoir intervenir (comme des conférenciers) dans des écoles ou dans d’autres lieux officiels. L’un des rares effets positifs de la privatisation, qui s’est développée en Israël comme les autres pays de type occidental, est qu’elle confère plus de pouvoirs à certains décideurs : les plus intelligents d’entre eux peuvent alors utiliser ce pouvoir pour de bonnes causes.
Zochrot a bien évidemment de bons rapports avec les associations palestiniennes pour le droit au retour, notamment « BADIL », et participe à diverses rencontres pour le droit au retour.
L’association développe des relations avec un camp de refugiés du Liban ; le président de Zochrot et une animatrice du camp sont venus ensemble 2 fois en France.
Ses interlocuteurs principaux en France sont la CIMADE et le CCFD.
Avant de repartir, N. nous a fait découvrir à 100m du café branché où nous avions rendez-vous un site dont l’histoire est surprenante … Il s’agit d’un quartier sur une petite colline masquée par des feuillages et prés d’un parking. Quartier composé de vieilles petites bicoques plus ou moins retapées, laissant apparaitre ça et là de vieilles pierres. Un quartier habité par des juifs pauvres, sépharades.
La plupart d’entre vous ont toujours entendu dire comme moi que Tel Aviv s’est construite dans un lieu inhabité. Eh bien ce quartier existait avant Tel Aviv ; les premiers habitants des petites maisons étaient Palestiniens. Je ne vous étonnerai pas en vous révélant qu’un projet immobilier vise à détruire le quartier pour construire des immeubles neufs.
Nous ne nous y sommes pas attardés, N. nous précisant que ses habitants sont souvent suspicieux a l’égard des passants qui viennent les visiter.

Website de Zochrot : www.zochrot.org/

2. Le Théâtre de la Liberté de Jénine

1er jour :

Venant du centre ville de Jénine (60 000 habitants dont 15000 au camp de réfugiés), on s’engage dans une rue qui longe le camp de réfugiés, puis on tourne à droite dans une large ruelle en cul-de-sac.
Et alors surprise : on découvre 2 bâtiments (l’un à droite dans la ruelle et l’autre au fond) revêtus en rez-de-chaussée d’un beau crépi ocre et portant chacun l’enseigne du Freedom Theatre.

Le Freedom donne l’impression d’un magnifique et grand centre culturel aménagé avec goût.

Dans une aile : une belle entrée/tonnelle carrelée, avec un olivier et des murs de couleur ocre et décorés, puis un sas d’entrée également décoré, avec tableaux (dont Arna) et articles de presse, puis une salle d’acceuil avec cuisine, une bibliothèque avec grand écran télé pour projections et enfin la salle d’informatique.

Les jeunes présents m’accueillent spontanément et je me sens comme si nous nous connaissions déjà, comme si je revenais. J’éprouve tout à coup un moment d’émotion supplémentaire : parmi eux je reconnais immédiatement un frère du personnage principal des Enfants d’Arna, au destin tragique.

Dans la seconde aile : un théâtre neuf de 200 places avec gradins, projecteurs et matériel acoustique et une salle de répétition et de musique avec moquette, ces 2 salles étant dotées d’une ventilation.

Nous allons déjeuner avec une dizaine de jeunes, que j’ai salués au nom de tous les membres et amis d’ATL Jénine, dans le vaste et unique restaurant de la ville.

L’après-midi, Juliano Mer Khamis me présente les filles venues pour un atelier : l’ambiance est chaleureuse, Juliano me présente chacune en décrivant minitieusement son tempérament particulier. Puis séance d’entrainement théâtral et d’expression corporelle et vocale. Des scénettes basées sur les gestes de la vie quotidienne sont mimées par chaque fille à tour de rôle puis evaluées par l’assistance.

Pour des raisons culturelles les garçons et les filles ne se mélangent pas encore dans ce type de séance.

Autre impression : un grand professionnalisme de Juliano, unanimement reconnu.

Je trouve la ville très animée, et pourtant J. me dit qu’elle est plutôt morte par rapport à ce qu’elle était avant l’occupation.

Je n’ai pas encore vu ou entendu des chars à Jénine, mais mon sentiment principal est de découvrir dans le Freedom Theatre un îlot de liberté.

2ème jour :

Aujourd’hui j’ai visité le camp, d’abord avec J. , puis avec une jeune habitante (parlant anglais) accompagnée par son frère.

Après l’invasion de 2002 de nombreuses rues ont été reconstruites. Précisément les maisons ont été entièrement reconstruites d’un côté de la rue, c’est-a-dire le côté qui a été defoncé par les chars. Les maisons reconstruites se reconnaissent par leur couleur crème.
De très nombreuses affiches couvrent ou traversent les rues : des photographies de martyrs et des affiches couvrant tout le spectre des hommes politiques moyens ou proche-orientaux « pro-palestiniens », de Nasser à Saddam Hussein.

Je visite LOCORE, un centre qui est jumelé avec des communes de la région de Nantes où sont actifs des militants del’AFPS de Loire Atlantique et suis reçu par son directeur. L’objectif du centre est la prise en charge médicale des mutilés et handicapés de la région de Jénine. Il comprend des ateliers de fabrication de prothèses de toutes sortes, plusieurs cabinets médicaux spécialisés et un centre de psycho-motricité.

Puis visite du cimetière (tombes de martyrs modestes et fleuries) et à côté je découvre le terrain en friche sur lequel sera construit le futur Freedom Theatre. Il sera sera plus grand, dans un environnement moins sonore, et son architecture permettra une meilleure acoustique.
Le théâtre lui-même sera un pôle culturel pour tout le public du Nord de la Cisjordanie ; l’actuel théâtre joue déjà ce rôle, offrant régulièrement des représentations pour le public adulte.

Retour au Freedom Theatre.
Je me rends mieux compte qu’il fonctionne non seulement comme un centre culturel mais aussi comme une grande maison de jeunes avec des moniteurs pour chaque activité. J’ai vu une seance d’informatique, des jeux collectifs pour gamins (je préfère le terme anglais « kids » qui lui n’a aucune connotation péjorative) et une séance de théâtre improvisé.

Les jeunes entretiennent et bichonnent leur centre, complètent les décorations, etc ; d’autres tiennent à jour l’agenda des activités.

Parmi les animateurs et surtout « trices » d’ateliers il y a souvent des internationaux.
Exemples : une jeune luxembourgeoise venue par l’antenne luxembourgeoise de l’association d’aide aux peuples menacés et spécialisée en psycho-motrocité anime des ateliers notamment d’expression corporelle et des jeux pour les enfants (souvent turbulents), une jeune franco-suisse costumière anime un atelier de fabrication de masques et une femme australienne formée en arts dramatiques et de passage en Israël pour accompagner son mari universitaire a décidé de consacrer une semaine au Freedom, qu’elle a découvert sur internet.

Une bonne nouvelle : un nouveau DVD, court, est sorti. Je l’ai vu en version anglaise ; la version francaise est en cours de fabrication.

Il commence par un rappel de séquences des Enfants d’Arna, puis ouvre le chapitre « JENINE 2007 ».
Des filles y disent qu’elles seraient enfermées dans l’horizon des casserolles chez elles s’il n’y avait pas le Freedom, des garçons disent qu’ils auraient comme objectif de devenir martyrs et que maintenant ils souhaitent devenir acteurs.

Le départ :

Pendant les 2 jours passés à Jénine, je n’ai pas vu de chars, alors qu’ils étaient intervenus la veille et au cours des jours suivants.
Mais quand le lendemain matin j’ai voulu rentrer vers Ramallah, le taxi collectif a emprunté non pas des routes goudronnées mais des chemins palestiniens et a dû s’arrêter tout à coup sur un barrage militaire volant.
Les Palestiniens sont sorti les mains en l’air et ont été méthodiquement contrôlés.
Alors qu’après contrôle ils repartaient, non sans avoir tenté d’obtenir que je reparte avec eux, la brute armée de service qui m’a interrogé (je m’en suis sorti sans donner de nom ni être fouillé) et qui mettait en joue des véhicules arrivant en sens inverse, m’a isolé sur le bas côté du chemin (après avoir bien noté des informations relevées sur mon passeport), me disant qu’il était interdit de venir en ce lieu sans visa.
Je me suis demandé ce que j’allais devenir, mais au bout d’un quart d’heure il m’a fourgué dans un autre taxi palestinien, qui m’a déposé dans le village le plus proche devant une compagnie de taxis privés.
Je me suis alors senti recueilli par les Palestiniens, malgré le prix assez élevé demandé par le nouveau taxi (le patron m’a offert un café et nous avons lié connaissance et discuté cordialement de la situation)

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Je suis conscient de ce que les circonstances des 2 jours passés à Jénine (2 jours sans intervention de l’armée israélienne et accueil confortable qui m’a été réservé) ont focalisé mon attention plus sur la dimension positive du Freedom Theatre et sur une visite très générale du camp de réfugiés (dont l’histoire de certaines destructions par l’armée israélienne m’a été signalée) que sur l’oppression, la répression et l’enfermement que vivent les familles de Jénine.

Aussi je rappelle ou informe qu’une semaine après mon passage l’armée israélienne a assassiné 3 résistants et que Juliano a publié le communiqué :

Suite à l’assasinat de trois combattants de la résistance au camp de réfugiés de Jénine : Ahmad Alesi, 25 ans, Abas Adamge, 21 ans et Mahmoud Abu Jalil, 23 ans, le Théâtre de la Liberté annule le spectacle que devait donner une troupe espagnole dans le cadre d’un festival organisé par le Théâtre Ashtar de Ramallah. Le théâtre fermera ses portes pour trois jours en signe de deuil et de protestation.
Nous ne pouvons affronter cette tragédie en faisant comme si de rien n’était. Les meurtres quotidiens perpétrés par l’armée israéliennes, ses raids nocturnes, les pleurs bouleversants des bébés et des mères, ne laissent planer aucun doute sur la volonté israélienne, à travers cette cruauté et ces destructions, de pousser les jeunes du camp à commettre des actes de désespoir tels que des attentats suicides.
Nous appelons les artistes du monde entier à faire entendre leur voix et à s’élever contre ces exécutions de réfugiés du camp de Jénine. »
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Les photos que j’ai prises à Jénine seront présentées dans plusieurs jours sur le site de la CCIPPP (Campagne Civile Internationale de Protection du Peuple Palestinien), www.protection-palestine.org
Les personnes douées en informatique et volontaires pour construire ce qui peut devenir le site d’ATL Jénine, peuvent me contacter pour en discuter

Par ailleurs, dans le cadre du projet « Des ponts au-delà du mur », initiative animée pas Génération Palestine, des spectacles (adaptés à la vie des jeunes là-bas) seront présentés au Freedom au cours de cet été.

Les prochaines activités d’ATL Jénine

Les camarades de la commission culture ont peaufiné le livret destiné aux artistes et intellectuels qui peuvent être sensibilisés au projet du Freedom et à qui nos proposons d’afficher leur soutien sur une liste et de nous indiquer dans la mesure de leurs possibilités tout espoir de collecte de fonds.
Contactez-nous si vous souhaitez participer à ce travail, si vous connaissez des artistes ou des personnalités qui pourront s’engager.

Nos prochaines initiatives publiques auront lieu en région parisienne.
Mais nous comptons bien-entendu nous réinvestir en province et nous invitons donc les provinciaux … à nous inviter.

Les deux premières initiatives auront lieu les 12 et 13 mai, l’une au sud de Paris et l’autre en proche banlieue sud.

12 Mai

L’association « Le Diwan » organise de 11 H à 19 H dans ses locaux, au 5, square Jules Guesde au Kremlin Bicêtre (Tél 01 53 14 92 74), métro Porte d’Italie, une journée de l’Iltizam ( = engagement) en partenariat avec le comité France Palestine du Kremlin Bicêtre et avec nous.
L’association a pour activité l’aide à des jeunes en difficultés et a noué des relations avec des jeunes de Jénine (certains viendront au cours de cet été)

A l’ordre du jour :
• projection, au début et à la fin de la journée, de « Iltizam » ( = engagement), documentaire remarquable de Philippe TEISSIER qui raconte avec leurs acteurs l’expérience du conseil municipal des jeunes de Jénine.
• projection, proposée par le comité France Palestine du Kremlin Bicêtre du film « Bil’in » (village palestinien dans lequel tous les vendredi a lieu une manifestation pacifique qui regroupe Palestiniens, Israéliens anti-colonialistes et Internationaux, manif que l’armée israélienne arrose le plus souvent de gaz lacrymo et de balles en caoutchouc)
• pésentation de notre association et de mon voyage là-bas
• discussion sur internet en direct avec des jeunes de Jénine
• émission de radio en direct avec le groupe de jeunes Palestiniens leaders de la société civile
L’émission de radio sera transmise sur toute les radios palestiniennes et nous y présenterons le Freedom Theatre (c’est probablement Juliano qui le fera) et ATL Jénine.
Et tout au long de la journée un coin snack proposera des spécialités palestiniennes

13 Mai

Il s’agit de la fête des associations organisée par l’association ARBP (Association Rungis Brillat Peupliers, basée dans le 13ème arrondissement de Paris), qui avait organisé en février un vide-greniers auquel nous avions participé et qui nous avait remis un chèque de 1500 euros pour le Freedom Theatre à l’issue de ce vide-greniers.
Elle aura lieu Place de Rungis, de 9 H jusqu’au soir (envron 18 H). Ce n’est pas loin du RER Cité Universitaire mais prenez un plan pour voir si un métro vous convient mieux (par exemple Maison Blanche).
Les enfants doivent entreprendre un rallye de stand en stand et faire un dessin à chaque stand (les meilleurs dessins seront récompensés …)
Nous mimerons autour de notre stand les activités du Freedom Theatre (apprentissage de l’informatique, théâtre, peinture, musique, lecture de contes, etc), sans en oublier le contexte politique (il faut donc des volontaires pour jouer le rôle des soldats sur les check-points).
Nous contactons la GUPS et Génération Palestine pour que des PalestinienNEs participent à l’initiative.
Si vous pouvez venir, contactez-nous si possible pour dire vos disponibilités.

24 juin

Nous avons réussi à faire programmer la projection des « Enfants d’Arna dans le cadre de la fête annuelle de la Goutte d’Or (+ débat). Les cafés Palestine auront peut-être également lieu au cours de cette période
Ce sera le dimanche 24 juin à 19 H au théâtre LMP (Lavoir Moderne Parisien) au 35, rue Léon à Paris 18ème (Métro Marcadet Poissoniers, sortie rue Ordener, ou Métro Château Rouge).
Nous espérons faire venir quelques média (notamment RFI) et nous aurons un article dans le mensuel local « Le dix-huitième du Mois ». Il sera intéressant d’appeler à la soirée dans le quartier de la Goutte d’Or.

3. Interpellation après la Conférence de Bil’in

La conférence de Bil’in a été un évènement médiatique fort au sein d’une situation dramatique, un évènement basé sur un consensus minimum entre les personnes présentes.
Mais le Hamas n’était pas présent et donc une expression importante de la société palestinienne ne s’est pas manifestée. Entre parenthèses je n’ai pas vu non plus parmi les français présents des militants de la CAPJPO / Europalestine.
Par ailleurs la diversité des points de vue est apparue comme une richesse (approches différentes et souvent complémentaires) plutôt que comme un facteur de division. Mais cet aspect est lié notammant au besoin de témoignages multiples et à la fois d’unité face à la situation dramatique en Palestine.
Par ailleurs aussi n’oublions pas le statut limité de nombreuses conférences internationales : des orateurs parlent et la salle leur pose des questions ; ce n’est pas la même chose qu’un congrès destiné à résoudre des problèmes politiques
En aucune manière Bil’in ne peut servir à résoudre tous les problèmes franco-français de la solidarité Palestine
Une aile du mouvement de solidarité cherche certainement à utiliser Bil’in pour parvenir à un consensus mou ici.
S’il me reste une chose de ma formation maoïste des années 1970, c’est la croyance au principe selon lequel dans tous pays les causes internes priment sur les causes externes.
A Bil’in la présence simultanée de par exemple Gush Shalom et d’Ilan Pappé n’était pas une source de tensions, mais ici je suis clairement pour un boycott total des produits et services israéliens tel qu’il a été voté au dernier congrès de l’UJFP et je maintiens que la diffusion des badges de Gush Shalom avec le double drapeau israélien et palestinien n’est pas un bon message ici (peut-être ont-ils d’ailleurs eux-mêmes évolué)
Je suis opposé au fait de se prévaloir d’être allé à Bil’in pour proposer une solution quasi-miraculeuse aux problèmes de la solidarité en France ; je préfère d’ailleurs témoigner plus longuement sur d’autres volets de mon voyage, par exemple les rencontres avec les Palestiniens d’Israël avec la mission des CCIPPP ou la visite du Freedom Theatre de Jénine
Le renforcement de la solidarité en France est un problème qui ne peut se résoudre qu’en se positionnant par rapport à la réalité politique française à laquelle nous sommes confrontés.
Ce serait plus important d’arriver par exemple à faire souvent manifester ensemble l’AFPS et la CAPJPO que de simplement découvrir de nouvelles analyses politiques pertinentes émises en Palestine ou par des anti-colonialistes israéliens.
Bien-sûr une démarche ne doit pas empêcher l’autre et il est important de lire et analyser de multiples analyses, mais il faut cerner aussi ce qui nous semble le plus important du point vue du renforcement de la solidarité.
Il ne suffit pas d’avoir détecté les meilleures analyses pour parvenir à faire progresser le mouvement de solidarité ici.

Vous trouverez d’autres compte rendus sur la mission 130 ou sur Bil’in sur le site de la CCIPPP, www.protection-palestine.org