À la question, lancinante, qui revient à chaque exaction du régime sioniste contre les populations civiles palestiniennes dans la bouche des mal-intentionnés – « Pourquoi systématiquement condamner Israël, et oublier d’autres crimes du reste du monde? » -, il faut oser apporter une réponse.
Celle-ci est simple. Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt : pour les Juifs et les Arabes de France, Israël-Palestine, ce ne sera jamais la Suède ou le Sri Lanka – c’est-à-dire un État neutre qui nous indifférerait. Il faut assumer cet attachement, et en retirer quelque chose sur le plan politique.
Ce n’est donc pas un hasard si de nombreux jeunes d’origine arabo-musulmanes étaient présents aux manifestations de solidarité d’hier, en France comme dans d’autres pays européens. La colonisation et la dépossession de la Palestine font écho à leurs trajectoires individuelles et leurs histoires familiales, façonnées par les luttes anticoloniales. Cet héritage les oblige.
Ce n’est pas non plus une coïncidence si la Palestine est une cause centrale pour les juifs décoloniaux. Le régime sioniste nous engage dans ses crimes, que nous le voulions ou non, et nos valeurs nous obligent.
De tout cela, il faut se réjouir : il ne saurait y avoir de politique sans affects, et sans politique, nos voix périphériques resteraient silencieuses.
Cela n’a donc évidemment rien à voir avec un soi-disant antisémitisme atavique (« le lait de la mère», comme dirait l’autre), ou une « haine de soi ». Il faut s’en réjouir, et il faut le dire.