Il y a quelques jours, nous recevions un de ses frères de combat palestiniens, notre ami Aziz Abu Amdiam, représentant les communautés bédouines du Néguev dont les villages sont perpétuellement détruits par l’armée israélienne.
Dès sa descente d’avion, nous avons compris son besoin urgent de raconter, cette nécessité impérieuse de dire l’indicible des conditions de vie imposées à sa famille et à son peuple, par Israël, son armée et le KKL…
Depuis longtemps, depuis bien des guerres, nous savons ce que dire, ce que témoigner, ce qu’écrire, signifient pour les victimes.
Nous connaissons également les répugnances des bourreaux à ce que leurs forfaits soient portés à la connaissance de tous.
Nous avons connu cela après la Seconde Guerre Mondiale, le retour des survivants et leur difficulté à être entendus ; au cours de la guerre d’Algérie, quand la France imposait le silence sur la réalité des crimes commis là-bas, après la tragédie cambodgienne et celle du Rwanda.
Nous pensons à Maurice Audin, disparu sans laisser de trace, à la soutenance posthume de sa thèse à la Sorbonne…
Toujours, en tous lieux, les bourreaux souhaiteraient ne pas laisser de témoins, ne pas laisser de traces de leurs forfaits, imposer le silence.
Il n’y a rien de bien neuf aujourd’hui – mais c’est toujours aussi intolérable – dans le refus israélien à ce que Ziad, notre camarade et poète, franchisse les murs du ghetto/prison à ciel ouvert de Gaza pour venir en France recevoir son prix de poésie[Nous l’avons appris par [ce message sur sa page facebook ]]…
Une poésie qui transgresse le blocus illégal de Gaza, une poésie d’espoir dédiée à toutes les mères palestiniennes.
La poésie est une arme infiniment dangereuse, cela aussi nous le savons.
La poésie palestinienne, sœur de toutes les poésies de Résistance, est plus que toutes autres, subversive…
Elle chante la vie, la réalité des femmes et des mères palestiniennes, l’espoir.
Elle chante la fierté d’un peuple certain de la légitimité de son combat, de sa résistance.
C’est cela que les bourreaux ne supportent pas : reconnaître à leurs victimes cette humanité qu’ils ont eux-mêmes perdue.
La poésie de Ziad Medoukh, comme toute les poésies en lutte pour la vérité, ignore les frontières, les murs, les réseaux de barbelés électrifiés, le blocus.
Et cela, même Israël ne peut et ne pourra jamais l’empêcher !
Le Bureau National de l’UJFP, le 12/05/2014