Pour une lecture décoloniale de la Shoah

par PIR

Depuis deux décennies, la notion d’« unicité de la Shoah » est au centre de la guerre idéologique que mène l’Etat d’Israël pour assoir la légitimité de la domination coloniale qu’il exerce sur le peuple palestinien. Elle est au centre également des recompositions mémorielles et identitaires initiées par les puissances impérialistes dans le cadre des guerres menées au Moyen-Orient. En France, plus particulièrement, le couple antisémitisme/Shoah est instrumentalisé pour stigmatiser et mettre au pas les populations issues de l’immigration, ainsi que pour jeter la suspicion sur tout le mouvement pro-palestinien. Comment accepter que le génocide massif dont les juifs ont été les victimes au cours de la Seconde guerre mondiale soit ignoblement exploité tant du point de vue des victimes juives que de celui des Palestiniens qui en subissent les retombées ? Pourtant, dès l’effondrement du nazisme, certains philosophes de gauche ont vu dans ce génocide une condamnation de la Modernité. Des anticolonialistes comme Aimé Césaire à travers cette réflexion « où Hitler a-t-il appris le racisme ? » ont quant à eux établi une filiation nette entre la traite atlantique, le colonialisme occidental et le nazisme. Ces deux pistes de réflexion nous paraissent devoir être prolongées et approfondies dans le cadre de l’effort nécessaire pour déconstruire la Shoah comme « religion civile du monde occidental » (Enzo Traverso) et replacer la dénonciation du génocide nazi dans le cadre d’un projet décolonial, critique de la Modernité.

La deuxième journée sera consacrée à une analyse de la cartographie du pouvoir colonial par Ramon Grosfoguel, professeur à Berkeley, une formation déjà dispensée au mois d’octobre dernier et que nous re-programmons du fait de l’immense intérêt qu’elle a suscitée.

Programme :

Vendredi 13 janvier 2012, 18h30-22h

1/ « Une lecture césairienne du génocide des Juifs », par Ramon Grosfoguel, professeur au département d’études ethniques de l’université de Berkeley
2/ « L’eurocentrisme des « Holocaust Studies » et le renouveau des études sur le fascisme et le nazisme suscité par le postcolonialisme », par Enzo Traverso, professeur en sciences politiques à l’université de Picardie
3/ « Le sionisme : une idéologie blanche » , par Youssef Boussoumah, spécialiste de la question palestinienne et militant du PIR

Samedi 14 janvier 2012, 13h-16h

Formation : La matrice coloniale du pouvoir, par Ramon Grosfoguel, professeur au département d’études ethniques de l’université de Berkeley

Cette série de conférences aura lieu à la Maison Verte, 127 Rue Marcadet, 75018 Paris, métro Jules Joffrin / Lamarck-Caulaincourt.

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