8 mai 2016 : nous commémorons le 71e anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie, la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Les 5 – 6 – 7 et 8 mai 1945 sont les dates de la libération des derniers camps d’extermination nazis implantés en Autriche.
Le 5 mai, les camps Mauthausen et de Gusein I – II et III, le 6 mai celui d’Ebensee, le 8 mai ceux de Loibl-Pass Nord et Loilb-Pass Sud, à la frontière de l’Autriche et de la Yougoslavie. Derniers camps nazis libérés d’Europe alors qu’en France où la politique des camps était la marque infamante de Vichy, les derniers camps de concentration où étaient internés les Tsiganes ne cesseront de fonctionner qu’en décembre 1945 pour le camp de Jargeau (Loiret), au 1er juin 1946 pour le camp des Alliers (Charentes).
Le souvenir des persécutions et du génocide des Juifs d’Europe nous incite à une vigilance particulière, nous enjoint de ne jamais être du côté des bourreaux.
Nous nous souvenons que ce même 8 mai 1945, l’armée française bombardait les villes algériennes de Sétif, de Guelma et de Khératta, pour réprimer les manifestations populaires algériennes, affirmant ainsi la continuité de la politique coloniale française, jamais abandonnée par Vichy, masquée par l’engagement de la France Libre et de la Résistance dans la lutte mondiale contre le fascisme et le nazisme.
Évoquer aujourd’hui le mot CAMP est plus que jamais nécessaire dans ce temps où la France et l’Europe négocient avec la Turquie l’enfermement – illégal au regard du Droit Humanitaire International – des réfugiés venus de Syrie et des différents pays de Moyen-Orient où les populations fuient les guerres civiles et les guerres d’agression menées par les pays occidentaux, au prétexte de lutter contre les Talibans hier, contre Daech maintenant.
Évoquer les camps, quand en France, après les attentats à Paris de novembre dernier, le numéro deux du Parti Républicain – Laurent Wauquiez – demande par deux fois l’ouverture de camps pour interner « les terroristes musulmans », renouant ainsi avec le discours pétainiste, sans que cette demande extravagante ne soit fermement condamnée par le monde politique – de gauche comme de droite – est une nécessité politique et morale élémentaire.
L’enfermement des étrangers, des réfugiés, des populations « en trop », « en surnombre dans l’économie nationale » ou l’économie européenne, redevient une norme, banalisée par les discours racistes, xénophobes, les discours sécuritaires propagés par les plus hautes autorités de l’Etat, banalisée à travers la situations des demandeurs d’asile de Calais parqués dans un bidonville surnommé la Jungle, manière d’enlever à l’Homme son humanité, le réduire à l’état de bête sauvage, le rendre vulnérable sans que quiconque ne s’inquiète.
Jamais, plus qu’en ce début du XXIe siècle, la question des camps, celle de la gestion des populations en trop, n’ont été à ce point politiquement importantes. Jamais cette question n’a été occultée plus qu’aujourd’hui.
Enfermement et gestion de pans entiers de populations (Gaza), de pans entiers de populations fuyant les dictatures (Syrie), de pans entiers de populations (Afrique) fuyant les guerres, la famine et la misère. Tous interdits de pénétrer dans l’espace « Europe » transformé en forteresse, refoulés et/ou enfermés dans des camps sous- traités aux confins de celui-ci, ailleurs demain, par nécessité – la Turquie ne pouvant à court terme devenir à elle seule le nouvel espace carcéral de l’Europe.
Le monde des camps est aujourd’hui, plus que jamais, d’une terrible actualité, d’une terrible modernité, nous ne pouvons rester indifférents, cette question concerne l’avenir de toute l’Humanité.
Le Bureau national de l’UJFP, le 7 mai 2016.