Pour honorer la mémoire des 23 héros du groupe Manouchian tombés sous les balles nazies le 21 février 1944

logo UJFP

Il y a 76 ans, le 21 février 1944 au matin, les 23 résistants étrangers du groupe FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans – Main d’œuvre immigrée) tombaient sous les balles nazies au Mont Valérien.

La seule femme du groupe – Olga Bancic – 32 ans était transférée en Allemagne, décapitée le 10 mai 1944 à Stuttgart.

Toute et tous étaient des étrangers antifascistes et communistes, venus d’Europe centrale pour la plupart : polonais, arméniens, juifs ; mais aussi italiens et espagnols.

Toute et tous luttaient pour un monde enfin débarrassé du nazisme, du fascisme, un monde meilleurs dont aujourd’hui nous savons que les peuples des colonies étaient les grands oubliés…

Aujourd’hui, en Europe et partout dans le monde, le fascisme et le suprématisme blanc sont à nouveau à l’œuvre comme en atteste la récente tuerie à Hanau en Allemagne.

Il ne s’agit pas d’un acte isolé mais, le dernier en date d’une longue série d’attentats et de meurtres qui, tous, touchent la communauté musulmane principalement, les demandeurs d’asile venus du Moyen-Orient, transformé en un vaste champ de ruines, les migrants noirs venus de l’Afrique sub-saharienne et les Rroms.

Toutes et tous sont les victimes des discours racistes véhiculés par la glorification du nazisme, du néo-nazisme et de toutes les autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui lui est associée.

Mais nous ne devons pas oublier que le 21 novembre 2014, lors du vote du projet de Résolution L56 de l’Assemblée Générale de l’ONU, qui s’inquiétait – à juste titre – de la renaissance de ces idéologies criminelles, l’ensemble des pays européens – dont l’Allemagne et la France – s’étaient abstenus.1

Reniant ainsi le sacrifice des millions de martyrs européens, celui de tous les résistants qui ont participé aux mouvements de libération nationale tels les héros du groupe Manouchian.

La France n’est pas exempte de cette nouvelle expression raciste et suprématiste, loin de la !

Tous les discours – de droite comme de gauche – des plus hauts responsables de l’État entretiennent le soupçon et la peur de l’Autre, du musulman ou supposé tel, principalement.

L’islamophobie sévit aujourd’hui, comme hier, dans les années 30 où l’antisémitisme et la peur des « bolcheviques » étaient le fond commun des discours fascistes et d’extrême droite française.

Honorer aujourd’hui les héros du groupe Manouchian, c’est avant tout rappeler tout cela, se souvenir qu’eux aussi étaient des étrangers, des métèques, des indésirables ; que nous sommes comptables de leur martyr.

Il est de notre devoir de porter haut l’idéal qui les animait au travers les formes modernes des luttes – antiracistes et décoloniales – dans lesquelles nous sommes engagés.

Gloire aux héros du groupe Manouchian !

La commission antiracisme politique
Pour la Coordination Nationale de l’UJFP, le 21 février 2020.

Documents joints


Note-s
  1. La résolution a été adoptée par l’Assemblée générale le 18 décembre 2014.[]