Ramallah, 25 avril 2012 – Le 17 avril 2012, les prisonniers palestiniens ont lancé une grève de la faim de masse pour exiger la fin de la détention administrative, de l’isolement et des autres mesures punitives prises contre eux, dont le refus des visites familiales et de l’accès à l’enseignement universitaire. Environ 1200 prisonniers palestiniens de toutes factions ont entamé une grève de la faim illimitée le 17 avril, avec une campagne qui a gagné en ampleur au cours de la semaine dernière et des prisonniers l’ont rejointe tous les jours. Addameer estime que le nombre actuel de prisonniers engagés dans une grève de la faim illimitée est d’environ 2000. Ce chiffre inclut les 19 prisonniers actuellement détenus en isolement pour des « raisons de sécurité ». Ahmad Sa’adat, le Secrétaire-général emprisonné du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), qui a commencé la grève le 17 avril, a déjà perdu 6 kg.
Comme lors des grèves de la faim précédentes, le service pénitentiaire israélien a intensifié ses punitions contre les prisonniers en grève de la faim pour essayer de briser leur campagne. Parmi les méthodes punitives actuellement en cours, on trouve des attaques contre les quartiers des prisonniers, la confiscation des effets personnels, les transferts d’une prison à une autre, le placement en confinement solitaire, les amendes et la privation de visites des familles et des avocats. Les avocats d’Addameer n’ont pu voir aucun des prisonniers grévistes.
40 prisonniers qui ont commencé leur grève de la faim aujourd’hui à la prison Ofer ont été informés de leur transfert dans une autre section de la prison et ne seront autorisés à prendre avec eux aucun de leurs effets personnels, à part leurs vêtements. Dans la prison d’Ashkelon, les 150 grévistes de la faim font tous les jours l’expérience de raids et d’attaques des forces spéciales israéliennes dans leurs cellules. En plus de la confiscation de tous leurs effets personnels, le service pénitentiaire israélien a également confisqué le seul aliment des prisonniers en grève : le sel qu’ils mettent dans l’eau.
Le sel a été également confisqué dans la prison Nafha, ce qui soulève de graves inquiétudes sur la santé des prisonniers engagés dans une grève de la faim. Sur les environ 400 prisonniers en grève de la faim à Nafha, au moins 40 ont été transférés dans d’autres sections. Ils ont aussi été soumis à des amendes et privés d’électricité dans leurs cellules.
Le 23 avril, 6 prisonniers ont rejoint la grève de la faim dans la prison du Naqab et ont été immédiatement placés en isolement.
La prisonnière Lina Jarbouni s’est elle aussi déclarée en grève de la faim illimitée le 19 avril et a été mise en confinement solitaire le même jour.
Ces mesures ne sont que quelques exemples des châtiments généralisés, en particulier les transferts et l’isolement, auxquels sont soumis actuellement les prisonniers grévistes de la faim, tentatives de l’administration pénitentiaire de les isoler davantage du monde extérieur et des autres prisonniers participant à la campagne.
Pendant ce temps, 8 prisonniers, dont 5 détenus administratifs, poursuivent leur grève de la faim lancée avant le 17 avril. 7 de ces prisonniers ont été transférés au centre médical de la prison Ramleh. Thaer Halahleh et Bilal Diab entament aujourd’hui leur 57ème jour de grève. Malgré la détérioration rapide de leur état de santé, leurs deux appels contre les ordonnances de détention administrative ont été rejetés par un juge militaire israélien le 23 avril. Hier, 24 avril, la requête de Hasan Safadi auprès de la Haute cour israélienne contre sa détention administrative a été rejetée. Il en est à son 52ème jour de grève de la faim. Les détenus administratifs Omar Abu Shalal et Jaafar Azzedine en sont respectivement à leurs 50ème et 35ème jours de grève de la faim. Aujourd’hui également, dans le centre médical de la prison Ramleh, Mohammad Taj, au 39ème jour de sa grève, continue d’exiger d’être traité comme un prisonnier de guerre, et Mahmoud Sarsak, est au 34ème jour de sa grève pour protester contre sa détention dans le cadre de la loi israélienne des combattants illégaux. Enfin, Abdullah Barghouti, détenu en isolement à la prison Rimon, est dans son 14ème jour de grève.
Addameer réitère sa profonde préoccupation du fait que ces grévistes de la faim ne reçoivent pas les soins adéquats dans un centre médical de l’administration carcérale israélienne et que des médecins indépendants continuent de se voir refuser les visites.
Malgré les mesures punitives prises contre les prisonniers en grève de la faim, la campagne continue de s’étendre. Les 6 prisonnières d’Hasharon qui ne sont pas déjà en grève ont annoncé qu’elles la commenceraient le 1er mai. D’autres prisonniers devraient aussi progressivement rejoindre la campagne, dont 120 à Ofer, qui l’entameront le 29 avril. Tandis que la grève de la faim de masse gagne en ampleur, il est d’autant plus crucial que les prisonniers grévistes aient un accès libre à leurs avocats et à des médecins indépendants.
A la lumière de ces développements, une recrudescence des actions au niveau international est nécessaire pour attirer l’attention sur les revendications légitimes des prisonniers palestiniens. Addameer renouvelle donc son appel à tous les partis politiques, institutions, organisations et groupes de solidarité travaillant dans le domaine des droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé et à l’étranger et leur demande de soutenir les prisonniers dans leur campagne de grève de la faim.
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Traduction : MR pour ISM