Pierre Stambul sur BDS

Par Pierre Stambul, co-président de l’UJFP (Union juive française pour la paix)

Votre association soutient la campagne BDS ?

Pierre Stambul (PS) : Oui, car le boycott est légitime, il répond au droit international qui le prévoit explicitement en cas d’apartheid. Et les discriminations que subissent officiellement les Palestiniens sont des formes d’apartheid. La tentative des sionistes de «criminaliser» le boycott doit être mise en échec : nous avons perdu un seul procès et pour l’instant gagné tous les autres. L’UJFP témoigne dans tous les procès contre des militants qui ont participé à des actions de BDS, surtout quand l’accusation essaie de dire que le boycott est antisémite !

Pourquoi ne pas boycotter uniquement les produits issus des colonies israéliennes installées sur les territoires palestiniens ?

PS : Limiter le boycott aux produits des colonies est à la fois irréalisable et politiquement injuste. Irréalisable parce que sur place, la «ligne verte» n’existe plus et qu’il est totalement impossible de distinguer un produit qui vient des colonies, d’un produit qui vient de l’Israël d’avant 1967. Injuste, parce que c’est l’Etat d’Israël qui produit la colonisation. Comment par exemple boycotter l’antenne universitaire d’Ariel en territoire occupé sans boycotter l’université d’Haïfa dont elle dépend ?

Enfin, le boycott partiel reviendrait à accepter la fragmentation du peuple palestinien en plusieurs entités (Cisjordanie, Gaza, Jérusalem, Palestiniens de 48, réfugiés).

Comment voyez-vous les indignés de la région ?

PS : Au départ, le « mouvement des tentes » en Israël ne posait surtout pas la question de l’occupation et de la colonisation mais petit à petit, les Palestiniens de 1948 ou des mouvements comme Tarabout ont pu prendre la parole. Les manifestants finissent par demander que les milliards donnés à l’armée et aux colons servent à la protection sociale et au logement… La remise en cause de la politique ultralibérale pourrait mener à une remise en cause du colonialisme ! L’arme de Nétanyahou, c’est d’essayer de provoquer la peur et de renforcer ce que l’on appelle le complexe de Massada.

Le printemps arabe a aussi eu des conséquences en Palestine : l’ouverture (partielle) de la frontière entre l’Egypte et Gaza, la fin de Moubarak qui était le complice d’Israël, l’attaque de l’ambassade d’Israël au Caire, mais surtout l’unité palestinienne, si difficile, après des années d’affrontements entre Fatah et Hamas.

Article paru dans la revue « Business & Community »

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