Une scène quotidienne pour les exilé-e-s : police, violence, racisme. Une scène parmi d’autres dans le quotidien insupportable des exilé-e-s à la rue en France. Ce témoignage d’une intervention policière au Jardin d’Eole dans le XVIIIème arrondissement de Paris cherche à briser un morceau du silence qui règne autour de ces humiliations quotidiennes.
Persécutions quotidiennes des exilé-e-s : un parc parisien leur est interdit
Il est 8h30 ce samedi 19 août, quand l’équipe qui distribue bénévolement chaque matin un petit-déjeuner aux exilé-e-s, s’installe à l’entrée du jardin d’Éole, dans le XVIIIème arrondissement de Paris. Les policiers sont déjà là et ordonnent aux exilé-e-s de « dégager ».
Il leur est expliqué qu’un petit déjeuner va être donné. Réponse : » Ok mais après ils dégagent du secteur. On ne veut plus les voir dans le XVIIIème, ni dans le XIXème… consignes de l’Elysée. » Le p’tit dej commence.
Il est 9h30, la police fait une énième ronde pendant que les exilé-e-s font la queue pour un café. L’équipe du p’tit dej fait passer le mot, la police repassera et il faudrait mieux partir après le café. Mais pour allez où ?
Il est 10h dans le jardin d’Éole, les exilé-e-s sont assis au soleil, discutent ; d’autres lavent leurs vêtements avant de les étaler sur le sol pour les faire sécher. Des sirènes retentissent. Un camion de police pile devant l’entrée du jardin – six policiers, fusil à la main, descendent. À peine le temps de se retourner, les exilés sont cernés par les policiers de tous les côtés : « Allez ! Allez ! Tout le monde dégage ! » https://player.vimeo.com/video/230360822
À la sortie du parc un policier nous explique qu’il n’y a pas de délit de faciès « juste du professionnalisme » :
« – Depuis quand on interdit le parc aux migrants ?
– Non, juste aux illégaux
– Qu’est-ce que vous en savez qu’ils n’ont pas de papiers ?
– Ça se voit sur leur visage
– Oui, ça s’appelle du délit de faciès
– Non ! Retournez à l’école, c’est pas ça le délit de faciès. Ça s’appelle du professionnalisme! »
Nous, ça nous rappelle une époque pas si lointaine où une population ciblée était interdite dans les parcs et autres lieux publics. « On ne va pas faire ça tout la journée, il faut faire fermer le parc » avait conclu l’un des policiers, depuis le jardin d’Eole à portes closes.
Par le Collectif du p’tit dej à Flandres. Publié sur le blog Médiapart de la Chapelle en lutte le 20 août 2017.