Palestine : la France, dans le dernier cercle des complices du génocide

À l’échelle du monde, le soutien à Israël est très minoritaire. 147 pays membres de l’ONU sur 193 reconnaissent l’État de Palestine depuis des années. Et même au sein du monde occidental, l’appui «inconditionnel» à l’État colonial s’effondre à mesure que les atrocités à Gaza se poursuivent. Pourtant, la France continue, quasiment seule à apporter une complicité totale au génocide.

La preuve avec ce tour d’horizon :

Angleterre

Le gouvernement vient de décider un arrêt des exportations de certaines armes vers Israël. Lundi 3 septembre, il a annoncé la suspension d’une trentaine de licences d’exportation en se basant sur un rapport légal évoquant le «risque» que les armes produites en Angleterre soient utilisées « en violation du droit humanitaire international». C’est tiède, mais c’est une grosse avancée symbolique, car l’Angleterre est une grande puissance impérialiste, d’habitude totalement alignée sur les USA. Cette décision fait suite aux grandes mobilisations pour la Palestine dans le pays, et aux nombreuses actions de sabotages contre les usines d’armement.

Espagne

Non seulement le gouvernement a reconnu l’État palestinien et dénoncé le génocide, mais une ministre du gouvernement, Yolanda Diaz, a appelé à libérer la Palestine «du fleuve à la mer». En France, elle serait en garde à vue pour apologie du terrorisme, et tous les médias la traiteraient d’antisémite.

Pour compléter, le premier ministre socialiste espagnol vient de présenter les grandes orientations de sa politique pour l’année à venir, et annoncé que «le premier sommet bilatéral entre l’Espagne et la Palestine» aurait lieu «d’ici à la fin de l’année». Il a expliqué : «nous allons continuer à appuyer le peuple gazaoui, à soutenir l’UNRWA [l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens], à faire pression sur Nétanyahou à la Cour pénale internationale». «Nous allons resserrer nos liens avec l’État palestinien que nous avons récemment reconnu», notamment en signant «plusieurs accords de collaboration». Décidément, on respire mieux de l’autre côté des Pyrénées, où la classe dominante n’est pas alignée, comme en France, sur l’extrême droite raciste et colonialiste.

Belgique

En mai 2024, le Premier Ministre centriste Alexander De Croo a déclaré : «D’ici dix ans, on nous dira : “Vous avez regardé et vous n’avez rien fait”» après avoir décidé la mise en place de sanctions commerciales à l’encontre d’Israël. C’est le pays européen qui va le plus loin sur le sujet. «À la fin de l’année 2023, nous avons été le premier État membre à demander que des sanctions soient prises à l’encontre des colons israéliens violents» a-t-il expliqué.

Mieux, la secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration belge a refusé l’entrée sur le territoire des colons israéliens. Et cinq soldats ayant la double nationalité belge et israélienne sont également poursuivis en justice. Enfin, la Belgique a suspendu deux licences d’exportation de poudre à canon vers Israël le 6 février.

Pays-Bas

En février, un tribunal de La Haye a imposé au gouvernement néerlandais de cesser la livraison de composants militaires à Israël. Ce qu’il a fait.

Irlande

Le gouvernement a officialisé la reconnaissance de l’État de la Palestine, et Thomas Gould, député du Sinn Féin, a prononcé un discours puissant contre Israël : «J’espère que Benyamin Netanyahou brûlera en enfer de la même manière qu’il a brûlé ces enfants et leurs familles. J’espère que lui, ses généraux et le gouvernement d’extrême droite d’Israël, lorsque leur dieu les conduira enfin à leur lieu de repos, mériteront de brûler en enfer.» Il a également dénoncé un «apartheid», des «atrocités» et des «crimes de guerre». Le Sinn Féin est le premier parti en Irlande du Nord. Encore une fois, inimaginable en France.

Italie

Le 20 janvier, le gouvernement, pourtant dominé par l’extrême droite, expliquait que l’Italie a suspendu toutes les livraisons de systèmes d’armes ou de matériel militaire à Israël depuis le 7 octobre.

Brésil

En février, le président Lula a déclaré : «Ce qui se passe dans la bande de Gaza avec le peuple palestinien ne s’est produit à aucun autre moment de l’histoire. En fait, cela s’est déjà produit : lorsque Hitler a décidé de tuer les juifs» lors d’une conférence de presse en Éthiopie, où il était invité au sommet de l’Union africaine.

«Le Brésil a condamné le Hamas, mais le Brésil ne peut s’abstenir de condamner ce que l’armée d’Israël est en train de faire dans la bande de Gaza», a-t-il ajouté, provoquant une crise diplomatique entre l’État colonial et la première puissance d’Amérique Latine. Il va sans dire que le Brésil a reconnu la Palestine et n’a aucun partenariat avec Israël, bien que l’extrême droite évangéliste qui parasite le Brésil soit farouchement pro-Israël pour des raisons religieuses.

Japon

La société Itochu Corporation a annoncé le 5 février qu’elle mettrait fin à son partenariat avec le fabricant d’armes israélien Elbit Systems, à la demande du ministère japonais de la défense.

Et en France ?

Mediapart vient de confirmer que la France a livré 30 millions d’euros d’armes à Israël en 2023, et qu’elle n’a jamais prononcé d’embargo sur ses livraisons d’armes vers ce pays. En mars, le média Disclose révélait que «la France a autorisé, fin octobre 2023, la livraison à Israël d’au moins 100.000 pièces de cartouches pour des fusils-mitrailleurs susceptibles d’être utilisés contre des civils à Gaza». L’entreprise française Thales a quant à elle livré des équipements à Israël pour ses drones armés au début de l’année 2024, alors que les preuves de génocides et de famine organisée à Gaza étaient connues de tous. De même, la France refuse toujours de poursuivre et même d’enquêter sur les soldats franco-israéliens, alors qu’ils sont 4.185 français sur le front à Gaza. La France est la deuxième nationalité étrangère représentée dans l’armée israélienne, derrière les États-Unis, et plusieurs français ont eux mêmes diffusé des images de leurs propres crimes de guerre.

Mais c’est sans doute en terme de répression intérieure que notre pays se démarque le plus : les premières manifestations pour la Palestine l’automne dernier ont été totalement interdites, une situation unique au monde. Depuis, des députés, personnalités et simples citoyens ont été convoqués par la police pour «apologie du terrorisme». Des gardes à vue, poursuites et censure frappent les soutiens de la Palestine. Les médias de masse militent à plein régime pour Netanyahou et relaient la moindre diffamation des soutiens d’Israël.


Bref, la France de Macron est devenue une anomalie négative à l’échelle de l’Europe, sur les sujets géopolitiques comme en matière d’autoritarisme.

Voir le-s sujet-s Génocide
Tous les dossiers