Palestine, amie, je te vois

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On m’a dit, si tu veux te faire du réseau, publie sur la Palestine. Les ami.es vont pleuvoir, les portes vont s’ouvrir, et les bonnes. Face à ce drame, les gen.tes se rallient et se mobilisent, elles s’éveillent par conscience de justice et d’égalité. Tu dénonces la Macron sphère, penses plus loin et plus grand, aujourd’hui la cause est à l’international. 

On m’a dit, le prétexte d’éradiquer le Hamas ne prendra pas, Netanyahu a présenté la veille du 7 octobre la carte d’Israël à l’ONU sans la Palestine. En 1948 avec la Nakba l’expulsion de 800000 palestiniens, Ben Gourion « les vieux mourront, les jeunes oublieront », Israël Zangwill, « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », tout cela n’est que trop cohérent. Tout le monde sait que le projet sioniste est, a été et sera un projet d’épuration ethnique. Le Hamas n’est aujourd’hui qu’un prétexte pour le gouvernement d’extrême droite, raciste de Netanyahu qui continue ce que Ben Gourion, 1er ministre, n’a pas terminé. La situation n’a que trop duré, des prisonniers retenus sans mobile, des enfants, des prisonniers torturés, des années sans procès, des spoliations, un état d’apartheid depuis 75 ans. Des manifestations pacifistes réprimées dans le sang -350 morts, 10000 estropiés durant les marches du retour pacifique à Gaza en 2019-, des enfants qui n’ont d’autre vues que le ciel de Gaza depuis 17 ans. La supercherie est manifeste et l’occupant rappelle aujourd’hui en toute impunité ce qui a toujours été ses intentions de départ.

On m’a dit, utiliser le génocide des juifs, et en l’occurrence celui qu’a connu ta famille à Auschwitz pour justifier de l’occupation, de l’asservissement et du massacre d’un autre peuple, cela est simplement contraire à toutes les leçons de l’histoire. Nous avons appris au contraire à nous soulever face aux injustices, et c’est là la première leçon de notre histoire, la petite comme la grande. Mais les juifs sont sémites et viennent des multiples coins de la terre, et les sionistes ne sont pas, pour la plupart, des descendants du génocide. Et vivre l’antisémitisme n’est pas plus une raison pour discriminer la population autochtone. On ne justifie pas une oppression par une autre, ce type de procédé est la logique de l’extrême droite, nous sommes vigilant.e.s à ne pas reproduire cette histoire. Au contraire, comme le disait Marek Edelman, commandant en second de l’insurrection du ghetto de Varsovie, « être juif, c’est être toujours aux côtés des opprimés ». Ceux qui chercheront à instrumentaliser les conflits religieux dans l’intérêt de leur politique impérialiste et colonialiste seront démasqués et punis dans l’œuf, nous nous insurgerons. Il n’est pas admissible de bafouer ainsi la mémoire des millions de juifs qui ont été ostracisés, jusque dans les chambres à gaz. Les juifs ne voudront pas aller « vivre ailleurs » pour moins vivre ensemble sur la base d’un projet colonial. Cela ne peut servir que l’antisémitisme, à terme. Envoyer les juif.ves vivre ailleurs, cela ne peut servir que les antisémites qui s’en frottent les mains, aujourd’hui. La communauté internationale reconnaîtra son erreur de 48, décider du partage du territoire sans impliquer ses habitant.es, dans la signature jusque dans l’exécution. L’exécution les a impliqués, bien malgré eux. L’ironie de l’histoire se lira, la tragédie signera. 

L’Allemagne, où s’est orchestré le génocide de la seconde guerre mondiale, se rachètera au moins une conscience, elle apprendra de ses erreurs et soutiendra les opprimés d’aujourd’hui, le peuple palestinien. L’histoire qui se répète l’effrayera, le monde s’agitera, les mains se lieront, aucune conscience ne dormira tranquille. Avant tout, les actes seront nommés pour ce qu’ils sont au regard du droit et personne ne pourra se défendre d’exactions, de crimes de guerre, de génocide en accusant les opprimés et leurs soutiens de racisme. Ce prétexte fallacieux sera jugé pour ce qu’il est, une accusation calomnieuse, les oppresseurs seront jugés pour leurs faits et le mauvais vernis de victimes tombera. Les sionistes… « des opprimés devenus oppresseurs prétendument opprimés » L’antisémitisme sera reconnu pour ce qu’il est et en son berceau, au sein de l’extrême droite d’Europe et non des arabes. L’antisémitisme est un racisme parmi d’autres. 

On m’a dit, et la cerise sur le gâteau, en plus de se présenter comme une démocratie ils se prétendent une terre de droits lgbtqia+, décidément. Tout ce qu’ils ne sont pas. Au contraire, 74% des juïfs ultra-orthodoxe et 55% des juifs pratiquants en Israël se disent gênés en présence d’un couple de même sexe, en 2010. On imagine avec le gouvernement fasciste d’aujourd’hui combien les chiffres n’ont pas baissé. Et pour cause, la religion, juive comme les autres n’a jamais été queerfriendly. La bullshit. L’armée pourchasse les queer palestiniens et les fait chanter sous prétexte de les dénoncer à leur famille, voilà comment l’armée israëlienne « protège » les lgbtqia+ palestiniens. Décidément, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Ce n’est pas la honte qui les étouffe, mais personne n’est dupe. Toutes tes identités instrumentalisées à l’encontre de nos belles valeurs. Égalité, liberté… celles qu’on nous sert fièrement au biberon, au nom de la dite révolution. L’intox est trop grosse, elle irradie.

On m’a dit, intérêt économique, matières premières, telle n’est pas la question. Vraiment ? Un peu, quand même. Non, non. Il s’agirait d’intérêt géostratégique qu’on m’a dit, la base des États-Unis au Moyen Orient. Un laboratoire de contrôle sur ses arabes et ses colonies. Mouais. Tout est toujours plus ou moins économique, tout de même. Et la mer rouge, pourquoi les Etats-Unis répliquent-ils, on se demande. D’ailleurs pourquoi les Nations Unis ont-ils fait ce cadeau aux États-Unis ? Parce qu’ils boivent le même vin ? La colonisation, le nerf de la guerre de l’occident. Autrement dit, simplement, le pouvoir ? Dominer, détruire, humilier, exterminer. Et quelle sera la raison d’être des sionistes quand ils auront supprimé leurs autochtones, que j’ai pensé ? Mais je me suis ravisée. Poser la question rendrait presque un peu plus plausible leur délire destructeur, c’est comme donner une piécette de plus dans la machine, leur bombe malefique-atomique devient presque palpable. Ce fantasme dictatorial ne sera pas. La coupe est pleine, le peuple palestinien nous le crie, celui qui survit chaque jour en Palestine, les expulsés de 1948 qui revendiquent leur droit au retour, Georges Ibrahim Abdallah dans la prison de Lannemezan depuis trente-neuf ans, les palestiniens de Cisjordanie, les manifestations mondiales dans la rue. L’Afrique du sud porte plainte contre Israël pour génocide à la Cour Internationale de Justice. L’Afrique du sud qui a mis fin à son apartheid nous donne la leçon, à nous autres occidentaux. Car les israéliens ne sont pas que des juifs, ce sont aussi des occidentaux, même les sépharades qui se sont vus immigrer pour augmenter les chiffres de la population juive sur place, ils le sont devenus, et ce sont avant tout des colons. L’assassinat de 109 journalistes palestiniens, un génocide qui a lieu en direct, des images qui pleuvent si on veut seulement les regarder, plus de 23 000 morts après 3 mois de massacres sauvages, plus de 58 000 blessés, les structures médicales bombardées, les exécutions sommaires, les tortures à grande échelle, les écoles et universités pulvérisées, les domiciles détruits, les maladies, la famine. « Un lieu de mort, inhabitable » selon les Nations unies. Le plus grand massacre à l’international jamais vu sur ce siècle. Mais un peuple qui veut vivre, ne leur en déplaise. Artistiquement, juridiquement, humainement. Qui résiste par tous les moyens. Des médecins qui exercent dans des conditions abominables, des enfants qui deviennent journalistes, rappeurs, des femmes qui accouchent à la lumière des portables, des journalistes qui témoignent en direct de leur famille décimée, des hommes qui prennent les armes face à des tanks, qui déjouent le système de contrôle le plus sophistiqué au monde. Nous, descendants de la Shoah, nous ne pouvons qu’être en soutien face à cette résistance. Le poing levé, partout, le peuple palestinien est parmi nous. « Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens » Nelson Mandela

J’ai dit, le monde est trop épris de soif de justice et de liberté, la conscience va les ranimer. J’entends un élan de solidarité gronder en soutien aux palestiniennes, le peuple le plus éduqué au monde et leurs écrits chanteront, les enfants qui se baignaient dans la mer pendant la trève de novembre joueront, leur résilience sera honorée. Les palestiniennEs ne se sont jamais laissées soumettre, après 75 ans d’occupation. Le monde avait oublié, iels se réinvitent sur l’échiquier international. Les milliers de tweets viennent exploser la censure de la presse. La toile du réseau grouille, elle s’infiltre et se rie de « l’armée la plus morale du monde » qui reste aujourd’hui l’antiphrase la plus scandaleuse. Toute honte bue. Même les israéliens, dans leur tour d’ivoire, n’y croient plus, le procédé est épuisé. Une société malade, un procédé vide de sens. Restent les massacres, plein de cruautés et de haineuses déclarations. Le peuple palestinien tient avec courage. La belle Gaza, ils ne la laisseront pas. 

Palestine, amie, je te veux. Je te crois, je te vois

(Pour mémoire le discours de la représentante de l’État de Palestine à l’ONU)