Regardez le visage d’Iyad Al –Hallaq : c’est le visage de l’annexion.
Quand des milliers de personnes manifestent aux U.S.A, en proclamant : « Black lives matter » (« La vie des noirs compte » ), nous devons, ici aussi, leur faire écho à la suite de l’assassinat d’Iyad Al-Hallaq, et face au plan d’annexion, en affirmant haut et fort : « La vie des Palestiniens compte », devant les barrages militaires, devant chaque maison palestinienne qu’Israël détruit, face à tout village qu’Israël expulse.
Les délires annexionnistes de la droite, transformés récemment en promesses électorales, avec le soutien de l’ectoplasme intitulé : « Centre politique », qui était supposé constituer une alternative au pouvoir corrompu, dont il est devenu le servile laquais, m’ont rappelé, plus d’une fois, le beau poème d’El-Kassem. Ce chant poétique projette une lumière sur l’une des caractéristiques les plus manifestes du colonialisme israélien, depuis plus de 70 ans. La hantise qu’a l’occupant face à l’enracinement de l’indigène, et sa tentative désespérée de le déraciner. Une hantise qui ne sait s’adresser à l’autre que sous la forme d’un protocole d’enquête.
L’idée de l’annexion ne vient pas de nulle-part. Elle découle directement d’une politique prolongée d’occupation, de spoliation, d’expulsion et de destruction.
Un État qui fonde sa domination sur des habitants privés de droits, sur la violence armée, en imposant une réalité sur le terrain avec des milliers de colons, et une législation de ségrégation, en arrive naturellement à vouloir donner un statut officiel à ce brigandage.
Quiconque voudrait se rassurer en pensant que l’annexion obligera l’État d’Israël à trancher entre apartheid officiel et démocratie, devra regarder le visage du défunt Iyad Al-Hallaq, assassiné, la semaine dernière, à Jérusalem-Est annexée. C’est le visage de l’annexion !
En tant qu’habitante à Jérusalem, je le vois tous les jours : aucun drapeau étranger ne parvient à cicatriser les blessures de l’annexion. Aucune promesse d’égalité ou de droits n’est venue avec la souveraineté imposée aux Palestiniens, dont la vie et les biens sont à la merci d’une occupation sans limites.
La lutte contre ce plan néfaste n’est pas l’affaire des seuls Palestiniens. Nous, population juive, avons le devoir, non seulement par solidarité, mais aussi pour la sauvegarde de notre propre humanité, de ne pas continuer à tuer et à mourir comme des bâtards sans honneur, seigneurs sur des terres qui ne nous appartiennent pas.
Le colonialisme ne réussira jamais à transformer en une patrie des territoires conquis par la force et avec des lois d’apartheid. L’idée de la réalité comme étant un jeu à somme nulle n’est pas une fatalité.
Ces jours-ci aux États-Unis, des milliers de personnes défilent dans les rues avec pour slogan : « La vie des noirs compte ». Face au meurtre d’Iyad Al-Hallaq, et face au plan d’annexion, nous devons répondre en écho : « La vie des Palestiniens compte ! ».
Cette parole doit aussi se faire entendre devant chaque barrage militaire qui étrangle la vie de tout un village, devant chaque maison palestinienne qu’Israël démolit, dans toute localité qu’Israël expulse, dans le cadre du nettoyage ethnique en Cisjordanie. En effet, la vie c’est aussi la liberté, la liberté d’aller et venir, la souveraineté, les droits civiques et nationaux.
Il ne faut pas lutter simplement pour l’existence physique, mais il faut aussi lutter pour une vie au plein sens du terme.
(traduction de l’hébreu par MB).