Tribune de Libération
Par un collectif — 6 juillet 2016
Son livre appelle le débat, la critique robuste mais ne mérite aucunement une campagne de lynchage.
Avec les idées d’Houria Bouteldja, certains d’entre nous ont des divergences et de francs désaccords, d’autres non. Mais depuis la publication à la Fabrique de son livre, Les Blancs, les Juifs et nous, vers une politique de l’amour révolutionnaire, elle est traitée dans plusieurs médias d’antisémite, d’homophobe, de communautariste anti blancs, et même suspectée de trouver des circonstances atténuantes à Omar Mateen, le tueur d’Orlando. Comme tout texte, son livre appelle le débat, la critique robuste mais ne mérite aucunement cette campagne de lynchage. Ce qu’elle montre, c’est qu’en France aujourd’hui il n’est pas anodin d’être une militante politique autonome et arabo-musulmane de surcroît, qui exprime avec force des opinions qui ne vont pas dans le sens général de la marche. Surtout dans une maison d’édition dont les livres ne se coulent pas, eux non plus, dans le consensus ambiant. Dans un climat politique aussi délétère qu’inquiétant, le livre d’Houria Bouteldja est pourtant une invitation à penser la conjoncture. Il n’a rien à faire dans le camp de l’horreur.
Enfin, cette campagne diffamatoire ouvre aujourd’hui la voie à une offensive émanant des plus hautes sphères de l’État qui vise à interdire le Parti des Indigènes de la république, l’organisation dont Houria Bouteldja est membre fondatrice : l’autoritarisme étatique frappe à tout va, ne le laissons pas faire brèche.
Rony Brauman, médecin, essayiste, Maxime Benatouil, animateur du réseau Transform, Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue, Alain Gresh, journaliste, Didier Lestrade, fondateur d’Act-up et de Têtu, Michèle Sibony (bureau de l’UJFP – Union Juive Française pour la Paix), Maboula Soumahoro historienne, Isabelle Stengers, philosophe, Françoise Vergès, politologue