Nous sommes tous des Grecs !

par Michael Warschawski

Je suis de ceux qui n’ont pas du tout eu envie de manifester en criant « Je suis Charlie », et je reconnais avoir plutôt été de ceux qui ont ressenti une certaine nausée face à ce déferlement plus qu’ambigu, où se retrouvaient tout le monde et sa cousine (Le Pen, en l’occurrence, même si elle avait été gentiment priée de se mettre de coté). Aujourd’hui, par contre, j’ai envie de crier haut et fort « Nous sommes tous et toutes des citoyen/nes grecques! » Merci les Grecs, merci Syriza, merci Alexis Tsipras, vous êtes notre dignité, une dignité sérieusement entamée depuis deux ou trois décennies par l’arrogance des nantis et la violence de leurs hauts fonctionnaires à Bruxelles et à New York.

Une fois de plus le peuple grec est victime de la brutalité des Etats, ce peuple qui a du subir l’occupation sanglante des Allemands, la confiscation de sa révolution par l’URSS stalinienne, la dictature brutale des colonels mise en place par Washington, mais chaque fois à trouver l’énergie pour se remettre debout.

Alors que Tsipras demande, à juste titre, que l’Allemagne dédommage la Grèce pour ses crimes et ses rapines pendant la seconde guerre mondiale (il s’agit de centaines de milliards d’Euros), voilà que la Chancelière du Quatrième Reich veut, une fois de plus, mettre le peuple grec à genoux et lui imposer la misère. Avec, il faut le rappeler, la collaboration du Président socialiste, François Hollande qui ne manque jamais l’occasion de bander les muscles… quand il est face à plus faible que lui.

Tout ce qu’il y a de conservateur et de réactionnaire sur notre planète crache son mépris, voire sa haine, envers le peuple grec et ses dirigeants. Y compris dans les médias israéliens.
L’éditorialiste économique du Haaretz, Nehemia Schtrassler, par exemple, à qui il faut reconnaître le mérite de la cohérence et de la suite dans les idées, lui qui depuis des décennies crache son venin sur tout ce qui a ne serait-ce qu’une vague odeur de progrès social, en Israël ou ailleurs, au nom du « réalisme économique », c’est-à-dire de la loi de la jungle du marche.

Vendredi 3 juin il s’était déjà lâché contre Tsipras et son « populisme socialiste », responsable de l’état désastreux de l’économie grecque. Ce mardi, après la victoire du non au référendum, il récidive en pire, mélangeant philosophie sociale réactionnaire, haine des pauvres et racisme anti-grec (au sud de l’Europe, ils semblent contaminés par les défauts des Arabes, en particulier la paresse). A quoi on peut rajouter, au choix, des mensonges délibérés ou une ignorance crasse. En voici quelques extraits, sans commentaires:
« Nous avons de la dignité, a déclaré le ministre des finances grec, avant de démissionner. Et de quoi est faite cette dignité? De ne pas rendre ses dettes. »
« Quelqu’un doit prendre son plaisir, non? Quelque doit pouvoir continuer à danser le sirtaki et boire de l’Ouzo sur le compte des autres, selon la vieille éthique néo-socialiste. »

« [la gauche] nous dit: ‘Tsipras n’est pas responsable de la situation, il n’est au pouvoir que depuis six mois, et qu’est-ce qu’on peut faire en six mois?’ En fait on peut faire beaucoup, c’est-à-dire détruire beaucoup. »
« Selon la vieille tradition néo-socialiste [sic] on fait monter sans fin les dépenses, il promet d’augmenter le salaire minimum de 30%, de ré-employer les fonctionnaires licenciés, augmenter les retraites, donner une assurance maladie à tous et des réductions sur l’eau et l’électricité pour les plus pauvres, etc etc. » Un fou, quoi!
« Mais le pire, c’est qu’il refuse de mettre en œuvre le programme d’assainissement exigé par l’UE […] car il est contraire à son idéologie socialiste qui consiste à élargir [les dépenses], à dépenser, à gaspiller – et que l’Allemagne et la France paient la note. »

[On nous dit] que c’est la droite qui est responsable de la dette et du terrible chômage, elle qui a été au pouvoir ces 20 dernières années: encore une erreur. Pendant 17 ans ce n’est pas la droite mais la gauche qui a été au pouvoir.., » Il semble que quand il dit « gauche. » l’éditorialiste vieillissant du Haaretz parle du Pasok, un des plus sociaux-libéraux des ex-partis de gauche… et des plus gangrenés par la corruption. Auquel cas, on comprend que Tsipras le fasse paniquer

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