Publié le 18 février 2017 sur le site « Entre les lignes entre les mots ».
Nous sommes les filles et les fils de ce que Louis-Ferdinand Céline désignait comme « ce grand ramassis de miteux, de chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde ».
Nos parent-e-s et nos grands-parent-e-s ont figuré sur l’affiche rouge un jour de 1944 ou ont été jetés dans la Seine un jour de 1961. Nous sommes les enfants de celles et ceux que les Papon ont arrêté-e-s, déporté-e-s, raflé-e-s, ratonné-e-s, interné-e-s aux Milles, à Argelès ou à Drancy.
Ici, un jour, nos grands-parent-e-s et nos parent-e-s ont choisi de construire leur avenir et le nôtre. Il n’y a nulle usine, nul chantier ou atelier qui ne soit empreint de leur sueur et de leur sang. Il n’y a nul combat social ou politique auquel elles et ils n’ont été mêlé-e-s. Mais l’avenir auquel elles et ils pensaient n’avait rien à voir avec l’apartheid urbain, la chasse au faciès et à l’enfant.
Ce dont elles et ils rêvaient, c’était de liberté, d’égalité et de fraternité.
Ce dont nous avons besoin, nous qui avons un nom à coucher dehors avec un billet de logement, nous habitant-e-s de ce pays, nous, melons, bamboulas, ritals, espingouins, portos, niakoués, polaks, youpins, romanos, métèques et autres racailles, c’est d’un grand ministère de la citoyenneté et de l’égalité.
Nous avons besoin, de mesures concrètes et précises pour combattre les assignations identitaires, les discriminations, les ségrégations, les rejets. Nous n’avons besoin, en revanche, ni de mots creux sur la République, ni de commisération, ni bien sûr d’évacuation musclée, de contrôle au faciès, de violences policières.
Nous voulons l’égalité et la justice, ici et maintenant, tout de suite, pour toutes et tous.
Didier Epsztajn et Patrick Silberstein
Texte soumis à discussion et signatures