En cette rentrée 2023, deux moments de rencontres importants ont permis à notre organisation de faire connaître ses engagements auprès d’un large public. Notre participation à ces deux événements depuis de nombreuses années se situe aujourd’hui à un moment où l’UJFP affirme, grâce à la publication d’un nouveau livre annoncé chez Syllepse,
ses convictions antisionistes et accompagne les initiatives du récent Collectif juif décolonial Tsedek!, promesse d’un renouveau salutaire pour l’avenir du combat qu’il est urgent transmettre aux jeunes générations.
UEMSS Bobigny 24-27août 2023
Après Grenoble et Nantes, villes qui organisaient l’événement les années passées, l’Université d’été des mouvements sociaux et des solidarités s’est tenue cette année dans le cadre remarquable de l’Université de Bobigny – une imprimerie reconvertie – à quelque distance de l’ancienne gare de Drancy d’où partaient les convois de déportés. Organisée au cœur du 93 en milieu populaire, l’UEMSS a attiré près de 2000 visiteurs et permis la tenue de 300 activités autogérées : ateliers, plénières et modules… Elle était placée sous le signe de la lutte contre la répression après les tentatives de dissolution des Soulèvements de la Terre et les émeutes qui ont suivi au début de l’été la mort de Nahel, victime des violences policières.
L’UJFP a pu disposer d’un stand très bien situé avec dans notre environnement immédiat : la LDH, Solidaires, Attac et le CRID, ces deux dernières organisations ayant joué un rôle moteur au sein du comité de pilotage où Béatrice Orès et Richard Srogosz représentaient l’UJFP. Notre table (voir photo ci-dessous) a eu du succès et nous avons récolté environ 500 euros de la vente des livres. Une contribution de 200 euros a été versée par notre organisation. Richard Wagman avait apporté le matériel et en plus de Béatrice et Richard S. qui ont assuré une présence régulière, nous avons été secondés par Géraldine, une nouvelle militante UJFP, Sonia Fayman, Marie-France Cohen-Solal, Armand Gorentin et Pierre Stambul qui accompagnait notre partenaire palestinien de Gaza Abu Amir. Impliqué dans le module sur l’antiracisme politique, André Rosevègue nous a également prêté main forte. Jean-Guy Greilsamer était également présent pour co-animer au nom de l’UJFP un atelier BDS sur l’implication des multinationales israéliennes – dont Carrefour – dans l’apartheid israélien.
L’université de Bobigny et notre stand
Bobigny fut l’occasion de confirmer nos engagements, d’une part auprès des agriculteurs de Gaza grâce à la présence et aux interventions d’Abu Amir qui commençait ici une tournée en France et d’autre part, ce fut l’occasion de relancer la constitution d’un front antiraciste politique respirable en accord avec nos partenaires au cours d’une journée de débats constituée de deux ateliers le samedi 26 août.
- Les interventions d’Abu Amir à Bobigny : Pierre Stambul qui accompagnait avec Sarah Katz Abu Amir dans ses différentes interventions déclare : « À Bobigny, Abu Amir a découvert une Université d’été des mouvements sociaux. Il a eu un traducteur assez bon. Il s’est exprimé dans une plénière sur l’eau et une autre sur la terre. Et il a participé à la réunion où le CRID présentait l’ensemble de sa délégation internationale : Colombie, Mexique, Chili, Mali, Congo, Liban, Brésil, Palestine, Espagne… l’occasion de voir qu’il y avait des questions assez similaires dans différents pays avec le cas particulier de Gaza (blocus, bombardements …) et que tous ces mouvements étaient solidaires des Palestiniens. Il a régulièrement souligné le rôle de la solidarité française et de l’UJFP. »
- Le module « Pour un antiracisme politique respirable » se divisait en deux demi-journées avec un prolongement l’après-midi du samedi consacré à « la décolonisation de l’espace public en France ». Devant un public que nous aurions espéré plus nombreux mais qui a suivi les interventions avec intérêt, les différents représentants des organisations de racisé.e.s ont exposé leur approche particulière de la lutte contre le racisme avec leurs spécificités : Jawad Bachare militant des droits humains engagé contre l’islamophobie, Ghislain Vedeux du Conseil Représentatif des Associations Noires sur la question de la négrophobie, Dominique Natanson de l’UJFP qui introduisit le débat et aborda les questions relatives à l’antisémitisme et à son instrumentalisation (intervention qui trouva d’ailleurs son prolongement à l’occasion de la fête de l’Humanité dans l’initiative du Collectif juif décolonial Tsedek! qui proposa un débat similaire et complémentaire…). Puis la parole fut donnée à Farid Bennai du Front Uni des Quartiers Populaires ainsi qu’aux représentants des organisations de descendants maghrébins : Nacer El Idrissi de l’ATMF et Mouhieddine Cherbib pour la Fédération Citoyenne des Tunisiens des deux Rives. Cet ordre correspond à la disposition sur la photographie ci-dessous des participants à la tribune, Béatrice Orès ayant animé le débat. C’était la première fois depuis les attaques du gouvernement contre le mouvement de solidarité antiraciste que les organisations partenaires retrouvaient l’occasion d’un engagement unitaire qui devra se poursuivre au-delà de cet échange. Comme l’a fait remarquer Farid du FUIQP, la question de l’antiracisme politique est d’une telle centralité actuellement qu’elle aurait mérité l’audience d’une assemblée plénière.
À gauche, Pierre Stambul et Abu Amir devant notre stand ; à droite, les intervenants au module du samedi matin.
- L’atelier de l’après-midi eut pour objet de faire le point sur la publication des guides des villes coloniales déjà réalisés, à justifier leur impact et à ouvrir des perspectives en direction d’autres villes. Dominique Natanson qui fut à l’origine du guide sur Soissons et André Rosevègue qui contribua au guide du Bordeaux colonial ont animé le débat devant un petit groupe de fidèles qui nous avaient suivis depuis le début de la matinée. Un représentant des éditions Syllepse était également présent. Selon André, le bilan fut constructif puisque des ouvertures en direction de villes comme Strasbourg, Montpellier ou Lyon – d’où venaient des participant.e.s à ce débat – se sont révélées encourageantes pour l’avenir ; un militant de la LDH résidant en Guadeloupe a même suggéré des perspectives du côté des DOM TOM où il y a fort à faire.
Fête de l’Humanité 15-17 septembre 2023
Pour la deuxième année consécutive, la Fête de l’Humanité s’est tenue dans l’Essonne au Plessis-Pâté, sur un terrain militaire d’accès fastidieux et compliqué par les correspondances entre deux lignes de RER. Partant de Paris gare de Lyon, il fallait plus de deux heures pour rejoindre le lieu où était installé notre stand partagé entre quatre associations et relégué aux confins du Village du monde ! Néanmoins et comme l’an passé, ce grand rendez-vous populaire a eu beaucoup de succès, avec une forte présence de la jeunesse. L’UJFP a pu aux côtés de BDS France toucher un nombreux public. Quatre débats ont été organisés sur le stand entre samedi et dimanche, dont deux à notre initiative.
Nous pouvons partager l’avis de Jean-Guy : « Comme tous les ans, notre stand a connu un important succès : beaucoup de discussions et des ventes, sans compter une adhésion. Nos camarades de Tsedek! y ont bien participé. » Béatrice, Richard S., Michel Ouaknine, Pierre S., Jonathan, Gabriel se sont relayés sous le chapiteau qui nous avait été attribué ; l’installation et la désinstallation du matériel se sont déroulés sans problème et sans frais de transports puisque Martha (représentant la radio Nonbi) avait mis son camping-car à disposition. Toutefois si le partage du stand réduit les coûts de location par organisation, ce n’est pas sans créer de confusion. Selon Pierre S. : « Il y a peut-être à réfléchir sur la cohabitation avec Xavier Renou (Les Désobéissants) dont les thèmes et le commerce sont assez étrangers à ce qu’on fait ! »
- Samedi 12 heures, débat sur les manuels scolaires animé par André Rosevègue avec Eitan Bronstein et Bernard Albert :
André Rosevègue : « Mon intervention a conclu le sujet en utilisant des termes qui me semblent justifiés et qui sont peu utilisés :
– Présenter le phénomène en cours comme « la conquête de l’est » ; je trouve l’image très parlante.
– Montrer que ce qui se passe en Palestine-Israël est le microcosme du monde (Nord-Sud, l’eau, les déchets, etc…)
– Confirmer que la colonialité française soutient le colonialisme israélien.
Mais pour moi, la réussite du débat c’est la confirmation de l’engagement de Géraldine et la rencontre avec Maghnia, une jeune prof de collège de Villetaneuse prête à y travailler. »
- Dimanche 12 heures, débat sur l’antisémitisme et la gauche animé par trois membres du Collectif juif décolonial Tsedek! : Simon, Jonathan et Gabriel, dans l’ordre de la photographie :
Après avoir présenté les circonstances dans lesquelles s’est constitué ce collectif, Jonathan et ses camarades se sont attachés à montrer comment, dans le contexte français actuel, la lutte contre l’antisémitisme est dévoyée et instrumentalisée pour discréditer toutes les forces de gauche en les plaçant en dehors de l’arc républicain, avec la complicité d’une extrême-droite qui joue la respectabilité et tire les ficelles…
Pierre Stambul après avoir assisté et participé au débat : « Sur l’atelier de Tsedek, j’ai été plutôt impressionné. Il n’y a que d’infimes nuances d’orientation entre eux et ce que nous faisons. Ils ont une fougue et une énergie qu’on perd avec l’âge. Ils ont multiplié dans leurs interventions les références à l’UJFP. »
Sur notre stand, deux autres débats avaient été programmés par BDS France, dont un en présence de Salah Hamouri entouré d’Omar Slaouti et de Monira Mouhoun. Salah s’est montré combatif et considère que l’important, c’est de résister. Lui apporter notre soutien s’impose d’autant plus que les autorités municipales entravent sa liberté d’expression comme c’est le cas actuellement à Bordeaux et à Montpellier où il est prochainement attendu…
Un autre débat dressant le bilan de la Nakba trente ans après les accords d’Oslo a permis de découvrir les arguments d’un jeune chercheur palestinien, Suhail Taha, pour qui le centre de l’apartheid n’est pas en Palestine-Israël mais bien au cœur d’une Europe complice de la politique coloniale israélienne, la question de l’État palestinien restant superflue. Jean-Guy a pris contact avec lui.
Sur d’autres stands :
- Pierre Stambul était invité par le Mouvement de la Paix pour une conférence et par la FSU qui a promis de relayer nos engagements en faveur de la pépinière de Gaza.
- Le débat sur la libération de Georges Ibrahim Abdallah :
André Rosevègue qui était présent à ce débat nous a transmis ce compte-rendu : « Barbancey maître de cérémonie, avec à ses côtés Daniel Larregola et André Chassaigne et deux militants des Comités de soutien… Débat enregistre et, je crois, filmé. Débat important et même parfois émouvant ; salle chaleureuse et réactive. Rendez-vous annuel du 21 octobre répété…André Chassaigne a commencé en disant qu’il intervenait avec humilité et d’une certaine façon avec honte de n’avoir rien fait jusqu’à sa visite à Georges du mois d’août. Et là interruption : coup de téléphone de Georges lui-même dont les paroles ont été répétées par André Chassaigne car non diffusables autrement : « La fête de l’Humanité est un moment de bonheur et d’humanité…Votre parole parviendra aux prisonniers palestiniens. » Interventions d’Eric Coquerel s’engageant pour la réunion des signatures de parlementaires, de Bertrand Heilbronn de l’AFPS, de moi-même (UJFP et Collectif libérons-Georges Gironde) ajoutant l’importance que les militants des circonscriptions interpellent tous les parlementaires sur place ; intervention positive et unitaire de la campagne unitaire pour la libération de Georges sans appel à la lutte armée. Une Internationale vigoureuse chantée par toustes en final.
On peut réellement espérer une mobilisation importante pour le 21 octobre prochain à Lannemezan et l’UJFP doit y jouer son rôle. »
Compte-rendu proposé par Richard Srogosz.
Coordination nationale de l’UJFP.