Le 3 juillet dernier a eu lieu le 39e dîner du CRIF en présence du premier ministre François Bayrou et également, parmi d’autres élu.es, de Bruno Retailleau, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin.
Yonathan Arfi, le président du CRIF, a délivré un discours soigneusement rodé, fidèle à la propagande israélienne, la Hasbara. La rhétorique observée depuis des années consiste à inverser les rapports de domination et les responsabilités. On l’a vu avec les boucliers humains, on l’a vu avec l’armée dite la plus morale du monde, parfaite antiphrase. En accusant les Palestinien.ne.s de ce que l’État d’Israël est lui-même en train d’opérer, les catégories de victime, de violence, et de légitimité sont inversées. Le CRIF prétend dénoncer la résurgence de préjugés antisémites tel que le peuple déicide, mais en évitant soigneusement de citer les faits. En amalgamant critique et haine, en criminalisant les critiques de l’État d’Israël et en les dénonçant comme de l’antisémitisme, le président du CRIF s’efforce de créer un sentiment d’impuissance et de désespoir chez tout.e citoyen.ne animé.e d’un juste ressenti d’horreur face au génocide auquel nous assistons depuis 21 mois. Car ce qui se passe depuis le 8 octobre, ce n’est pas la simple vengeance du colonisateur en réponse aux massacres subis la veille, c’est l’occasion d’une nouvelle phase de développement du colonialisme de remplacement visant à expulser tant à Gaza qu’en Cisjordanie le maximum de Palestiniens.
Par ses amalgames, en vidant le terme antisémitisme de son sens, Arfi réussit le tour de force de contribuer à développer l’antisémitisme.
Le premier ministre Bayrou valide cette parade en jouant le même sonnet. La France est habituée à brandir ses valeurs républicaines telles que l’égalité loin des réalités ; elle est coutumière « d’un deux poids deux mesures » en pratiquant un racisme systémique. En l’espèce, sans un mot contre le génocide en cours à Gaza, Bayrou affirme lui aussi, lors de ce dîner du CRIF, que toute critique de la politique israélienne et du sionisme doit être assimilée à de l’antisémitisme. Il considère qu’il est nécessaire de débusquer l’antisémitisme en s’appuyant sur la définition donnée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, c’est-à-dire en mettant sur le même plan l’antisémitisme réel et profond qui est un délit et la critique d’Israël.
En reprenant et relayant le discours du CRIF, en donnant à la communauté juive de France un statut à part, en exprimant ainsi un philosémitisme d’État, Bayrou et consorts servent leur propres politiques sécuritaire et xénophobe.
Le gouvernement reconnaît les représentants d’Israël comme ses pairs et est complice du génocide en cours en continuant à vendre des composants d’armes, en n’appliquant ni sanctions économiques, ni sanctions diplomatiques et en poursuivant la répression du mouvement de solidarité avec la Palestine.
L’UJFP dénonce l’appropriation mémorielle, par le gouvernement israélien, du génocide nazi, manipulé comme un rempart pour justifier les crimes actuels et présenter l’État d’Israël colonisateur comme une victime menacée d’anéantissement.
L’UJFP dénonce la prétention du CRIF à parler au nom de la communauté juive française ainsi que ses positions de soutien inconditionnel à la politique israélienne et au sionisme, positions qui conduisent à une montée de l’antisémitisme réel.
Gaza, Gaza. On n’oublie pas, on ne pardonne pas !
La Coordination nationale de l’UJFP, le 13 juillet 2025