Non, nous ne vous oublions pas !

Témoignage de Sara de Gaza reçu le 22 juillet 2014

Jours après jours, l’horreur s’intensifie. Pas une seule minute sans le bruit des bombardements par mer, terre, air, leur drones nous donne le tournis. Comme disait le petit garçon de 10 ans de la famille où je me trouve: je hais ces bruits.

Tôt le matin avant fajr, j’ai appelé ma collègue de travail encerclée par les chars à Bei Hanoun, elle m’avait appelé vers 23 h pour me demander de l’aider à sortir, que faire en pleine nuit avec les tirs partout? juste appeler la Croix Rouge qui ne fera rien que donner quelques conseils. Au petit matin ils étaient 50 personnes dans sa maison. Par la grâce d’Allah au matin ils ont fui à pied vers l’hôpital le plus proche, dans l’après midi, elle était saine et sauve à Gaza ville. Mais combien sont restés…
Hier matin , je suis sortie pour acheter quelques nourritures, les longues files d’attente devant les boulangeries, le peu de fruits et de légumes sur les étals, les prix qui ont flambé…chacun se dépêche car sortir est a risque. Hier après-midi, une famille qui fuyait leur quartier a été visée dans la rue, tous martyrs Inch Allah. Les gens qui ont fui les massacres de Shichaya sont dans les écoles. Les trottoirs autour des écoles sont occupés par des hommes assis, hagards, abattus…les ânes, les chevaux, les carrioles, les quelques tracteurs, seuls biens qu’ils ont pu emporter avec eux.
En début d’après-midi, l’hôpital de la zone centrale de la Bande de Gaza a été bombardé, plusieurs obus tirés par les chars. 5 martyrs (qu’Allah les accepte dans son paradis), 50 blessés…autres patients transférés sur hôpital du sud ou Gaza. Cet hôpital n’est plus fonctionnel…autant dire que parmi les blessés de cette région, beaucoup mourront avant de pouvoir atteindre un hôpital. Le carburant manque…peu d’électricité, les hôpitaux manquent de tout. Quelques heures plus tard, l’hôpital de Khan-Yunis a également été touché.

L’hôpital bombardé

Au moment de la rupture du jeune, je faisais la prière de Maghrib quand 3 missiles ont été tires près de l’endroit où je me trouve actuellement… stress. Nous commençons a manger, un F16 bombarde une maison de 2 étages dans le proche voisinage, une fumée noire nous envahit.
Quelques minutes après la fin du repas, un autre missile,… nous devons descendre 5 étages avec les enfants, pas d’électricité…(cela prend plusieurs minutes, pas les 2 minutesn que donne l’armée pour evacuer, d’ailleurs ils ne le font plus). Nous nous sommes retrouvés a plus de 25 dans une pièce. Une des adolescente présente déjà une dépression post-stress, elle ne peut plus supporter le bruit des bombes, elle est complètement tétanisée, paralysée par la peur.
A 23 h je remonte au 5ème étage.
Quelques minutes avant fajr ce matin au moins une dizaine d’attaques par F16, nous avons l’impression de vivre un tremblement de terre. Les chars continuent de tuer…Combien de personnes se sont réfugiées a Gaza ville…pas plus de sécurité ici, ils attaquent les immeubles. Des familles entières sont decimées…

Au moment où je vous écris le ciel de Gaza est gris, gris de la poussière des bombes, des destructions des maisons, des immeubles…
Le sang coule dans la Bande de Gaza, le monde reste silencieux…La libération de tout pays colonisé a un prix…un prix en vies humaines…Nous sommes en train de payer ce prix, le peuple de Gaza ne veut plus vivre sous blocus, il veut la liberté, il ne veut plus subir l’occupation, il est avec les résistants. Des journalistes qui voulaient savoir si la population était contre la résistance n’ont trouve aucune personne contre…..

Les enfants avec lesquels je vis actuellement jouent à…:.docteur dans un hôpital. diagnostic des patients qu’ils reçoivent dans leur hôpital: blessés par bombardement…soins: chirurgie…..Nous sommes en vacances d’été, les enfants restent enfermés dans les appartements…combien sont déjà martyrs ou atrocement blesses, orphelins…

Ne nous oubliez pas.

Wa salam

Sara