A l’appel de Militantes anti-impérialistes qui ont participé à la mobilisation de 2016 contre la tenue du salon, ainsi qu’à des mobilisations similaires à Londres (où le salon se tient un an sur deux).
Le Salon de l’armement Eurosatory (ou DSEI en anglais), actuellement le plus important salon international de l’armement dans le monde, aura lieu du lundi 11 au vendredi 15 juin 2018, au Parc des Expositions de Villepinte.
Nous nous opposons à la tenue de ce salon et lançons une mobilisation unitaire contre celui-ci. Nous vous invitons à signer la tribune ci-après, qui s’inscrit dans une démarche de sensibilisation et de mobilisation contre le commerce des armes : elle est le prélude à l’organisation d’un front de lutte sur place lors de la tenue d’Eurosatory.
Les signatures des associations et des collectifs figureront en premier lieu, suivies de celles des individus. La tribune sera soumise à Médiapart, et éventuellement d’autres plateformes.
Le Salon de l’armement Eurosatory (ou DSEI en anglais), actuellement le plus important salon international de l’armement dans le monde, se tient en Seine-Saint-Denis, en France (années paires), tandis qu’il a lieu en Angleterre aux années impaires. Il s’agit au niveau mondial, de l’un des espaces les plus importants de la capitalisation sur la guerre, sur la militarisation des frontières et sur la répression des populations. Il s’agit d’un salon dont les conséquences sur la vie et la survie de millions de personnes dans le monde, sont à la mesure du silence et de l’indifférence qui entourent sa tenue, à savoir immense.
En 2018, le Salon aura lieu du lundi 11 au vendredi 15 juin, au Parc des Expositions de Villepinte. Il est organisé par le COGES, soit le commissariat général rattaché au Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT). Le COGES est dédié à la promotion internationale de l’industrie française d’armement terrestres & aéroterrestres et de ses filières. Cette édition 2018 promet d’être « extraordinaire », avec notamment l’inauguration d’un nouveau hall de 8 130m2 pour l’occasion.
A Eurosatory, se rencontrent des délégations de plus de 55 états producteurs et acheteurs d’armes – notamment des états impérialistes et colonialistes comme la France, les États-Unis ou encore Israël. Ces délégations rencontrent les représentants de plus de 1500 entreprises d’armement, dont une bonne part d’entreprises françaises. La visée de ce « salon » présenté comme voué à la « défense et la sécurité » est d’exposer, promouvoir, vendre et se fournir en technologies de pointe de guerre et de surveillance. Avant la tenue du salon, un banquet fête les contrats signés ou à venir, dans l’indifférence la plus absolue aux conséquences, sur la vie et la survie de millions de personnes dans le monde, de la production et de la circulation d’armes, qui a atteint aujourd’hui un niveau inégalé depuis la fin de la guerre froide.
Ces armes et ces équipements de meurtre, de surveillance et de répression sont ceux-là mêmes qu’on retrouve dans les mains de l’Arabie Saoudite, premier acheteur de la France, pour tuer au Yémen (depuis mars 2015, près de 10.000 morts, 55.000 blessés, 3 millions de déplacés et des millions d’adultes et d’enfants souffrant de malnutrition aiguë).
Ce sont les armes promues au salon comme « efficaces sur le terrain » (une garantie marchande), après avoir été testées au cours des interventions impérialistes de la France en Afrique subsaharienne (comme les avions Rafale au Mali, avant leur vente au Qatar) ou durant les agressions coloniales d’Israël en Palestine (à l’exemple des armes dont Israël a approvisionné la Birmanie en plein génocide des Rohingyas). L’image d’Israël, en tant que « modèle » de politique sécuritaire est valorisée dans le cadre du salon.
Les armes utilisées lors d’interventions impérialistes et par les dictateurs d’états fournis en technologie de pointe, sont les mêmes qu’on retrouve déployées aux frontières de l’Europe, contre les exilés fuyant ces conflits, notamment aux mains du « Corps européen de garde- frontières et de garde-côtes » (ex-Frontex).
Ce sont les armes policières qui violentent, violent et tuent les populations issues de l’immigration, constituées en « classes dangereuses » dans les banlieues françaises. C’est l’appareil prétendument « sub-létal » qui est tourné contre nos mobilisations contre la casse sociale sur tous les fronts, dans la rue, dans les universités, sur la ZAD ; ce sont les armes qui sont au cœur de l’appareil de l’État d’urgence, armes policières qui, légitimement gardées en dehors des temps de service depuis 2015, ont déjà fait de nombreuses victimes parmi les conjointes des policiers.
Depuis le début de l’état d’urgence, la politique française utilise « la menace terroriste » pour mieux vendre ses armes, tant aux dictateurs qui prétendent lutter contre le terrorisme en massacrant leurs populations que, directement ou indirectement, à des factions armées telles que l’État Islamique en Syrie et Boko Haram au Cameroun.
C’est ce même prétexte qui justifie la grande présence militaire française et son ingérence dans les politiques internes des anciennes colonies, des pays de la françafrique, et partout où le gouvernement français a des intérêts; où paternalisme et ingérence sont déployés pour protéger et sécuriser les ressources stratégiques, sous couvert de lutte anti-terroriste.
En 2017, selon IHS Markit, la France a réalisé 5,2 milliards de dollars de livraison d’armes, devenant le troisième marchand de mort mondial après les États-Unis et la Russie, à peu près de même importance que la Chine. Dans le budget voté pour 2018 et prélevé de nos contributions, la Défense (32,44 milliards d’euros) se voit accorder un montant vingt-six fois plus élevé que la Santé (1,24 milliards d’euros). La hausse annuelle prévue pour le budget de la défense (soit 1,7 milliards) est à elle seule supérieure à ce dernier budget.
Simultanément, et malgré les dénonciations récurrentes de l’absence de transparence et de légalité des opérations françaises (à l’exemple de l’opération Chammal en Iraq puis en Syrie), le nombre de morts civiles résultant de ces opérations est laissé dans l’ombre. Selon de nombreuses sources, telles qu’Airwars ou l’OSDH (Observatoire Syrien des Droits de l’Homme), les bombardements de la coalition anti-EI dont fait partie la France ont tué des milliers de non-combattants.
Nous nous opposons fermement à la tenue de ce « salon » aux morts en France, qui plus est sur le territoire de la Seine-Saint-Denis où tant de destins issus de la colonisation et de l’impérialisme, de la migration et de l’exil convergent.
À l’appel de : Militantes anti-impérialistes qui ont participé à la mobilisation de 2016 contre la tenue du salon, ainsi qu’à des mobilisations similaires à Londres (où le salon se tient un an sur deux).
Le formulaire pour la signature de la tribune (jusqu’au 8 mai 2018).