Netanyahou et l’antisémitisme des Palestiniens

Sur le site du CRIF le 20 mai, on trouve cet article[note]<*> http://www.crif.org/fr/revuedepresse/netanyahu-l%E2%80%99incitation-%C3%A0-la-haine-de-l%E2%80%99autorit%C3%A9-palestinienne-envers-isra%C3%ABl-participe-%C3%A0-l%E2%80%99antis%C3%A9mitisme-dans-le-monde/50741 qui renvoie à cet article du site d’Actualité Juive http://www.actuj.com/2014-05/israel/antisemitisme-netanyahou-impute-aux-palestiniens-l-augmentation-de-l-antisemitisme-dans-le-monde ]] , qu’il nous semble utile de citer in extenso:

Antisémitisme : Netanyahou impute aux Palestiniens l’augmentation de l’antisémitisme dans le monde

Par Michaël Blum, publié dans Actualité Juive le 19 mai 2014

Réagissant au rapport sur l’antisémitisme dans le monde, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a imputé aux Palestiniens la responsabilité de l’augmentation du sentiment antisémite dans le monde.

Soulignant que selon ce rapport, les territoires sous contrôle palestinien sont l’endroit où il y a le plus d’antisémites, M. Netanyahou a estimé que c’est une conséquence de l’incitation à la haine de l’Autorité palestinienne envers Israël. « Nous avons connu ce phénomène dans le passé, quand on tente de déformer l’image d’Israël et du peuple juif », a affirmé dimanche le Premier ministre au début du conseil des ministres hebdomadaire.

«Les Palestiniens considèrent l’existence de l’Etat d’Israël comme une catastrophe et agissent pour le détruire en s’alliant avec le Hamas », a-t-il ajouté. Selon lui, cette fausse image d’Israël diffusée dans le monde par les Palestiniens, provoque un regain d’antisémitisme.

Selon cette enquête de l’Anti-Defamation League (ADL), 26% des personnes dans le monde ont des sentiments antisémites alors que 93% de la population palestinienne serait antisémite. Netanyahu a également fustigé les Palestiniens qui célèbrent la « Nakba » (catastrophe), en commémoration de la création d’Israël.
« Celui qui voit la création d’Israël comme une catastrophe ne veut pas la paix », a-t-il déclaré.

Faut-il en rire ou en pleurer ?

Le sionisme depuis plus d’un siècle, Israël depuis sa création, sont dans un processus continu de conquête de la totalité de la Palestine historique.
Nous n’allons pas ici reprendre l’ensemble des faits historiques montrant comment la population autochtone est dépossédée de sa terre et de ses biens, comment plus de la moitié des Palestiniens vivent comme réfugiés, comment ceux qui vivent en Israël sont discriminés. Nous n’allons pas ici rappeler l’occupation, la colonisation, le blocus…
La seule chose que les Palestiniens ont gagnée en plus de 100 ans de résistance, c’est que même Netanyahou, même les gouvernements israéliens sont obligés de reconnaître l’existence des Palestiniens, alors que pendant près d’un siècle les dirigeants sionistes expliquaient que les Palestiniens n’existaient pas comme peuple, il n’y avait là que des Arabes, occupants illégitimes de la Terre que D. avait offerte au peuple élu.
Et ces Palestiniens, quelle outrecuidance, osent dire qu’ils vivent une catastrophe !
Pire, face à des gouvernements israéliens qui prétendent parler au nom des Juifs du monde entier, les Palestiniens se sentiraient victimes des Juifs ! Voilà la preuve qu’ils sont bien antisémites.
Devant le sort qui leur est fait avec la complicité de la « communauté internationale » assurant à Israël une totale impunité, de nombreux Palestiniens auraient le sentiment d’être victimes d’un complot : quel aveuglement !
Et politiquement, ils « s’allieraient avec le Hamas ». Les Palestiniens s’allieraient avec un parti palestinien, qui plus est un parti qui avait gagné des élections reconnues comme libres par tous les observateurs. Quelle perfidie !

On pourrait se réjouir de voir Benjamin Netanyahou réduit à une propagande d’une telle insanité, comme nous pouvons nous réjouir que devant le lobby sioniste états-unien AIPAC il ait répété 18 fois les mots Boycott Désinvestissement Sanctions pour tenter d’en conjurer les effets.

Mais ce serait ne pas voir qu’encore aujourd’hui, si les peuples du monde sont de plus en plus convaincus de l’illégalité et de l’illégitimité de la politique israélienne, celle-ci continue de progresser sur le terrain : l’apartheid et l’épuration ethnique continuent, l’occupation de la Cisjordanie et le blocus de Gaza continuent, la colonisation progresse…

L’heure est donc à développer encore nos explications : la violation permanente du droit international et des droits du peuple palestinien par Israël, qui plus est au nom des Juifs du monde entier, est le ferment le plus puissant du développement de l’antisémitisme aujourd’hui.

Or pour Netanyahou comme pour le CRIF, l’antisémitisme est l’alpha et l’omega de la justification de la violation permanente du droit international. A tous ceux qui invoquent les crimes commis par Israël, ils n’ont de réponse que « le droit d’Israël menacé de disparition à se défendre » dans un monde qui détesterait les Juifs, et en particulier le « monde arabo-musulman ».

S’il y a un développement inquiétant aujourd’hui d’un antisémitisme – même s’il n’a pas la vigueur de l’islamophobie ambiante – , il prend précisément appui sur ces politiques racistes
et discriminantes d’Israël et sur l’acceptation, l’intégration même de la confusion qu’Israël et ses relais en France veulent à tout prix établir entre judaïsme et sionisme, antisémitisme et
antisionisme. Si être antisioniste, c’est la même chose qu’être antisémite, alors est-ce si grave d’être antisémite ? en arrivent à penser certains. C’est cela qui fabrique des Dieudonné, qui fait le succès des Soral.

Ainsi, la boucle est bouclée. Cet antisémitisme est cyniquement utilisé par Israël et ses relais organisés en France, dont le CRIF par diverses officines, pour convaincre des Juifs français de rejoindre Israël, de faire leur service dans « Tsahal » (elle a un joli nom, mon armée), et s’installer dans une de ces colonies qui mangent le territoire de Cisjordanie et terrorisent les Palestiniens voisins.

La responsabilité de ceux qui développent et favorisent ce glissement du politique vers le racial pour soutenir à tout prix un régime indéfendable est majeure.

La meilleure façon de lutter contre l’antisémitisme, ce n’est pas faire du génocide des Juifs d’Europe l’excuse absolutoire de tous les crimes commis par Israël. C’est de défendre les droits de tous, partout, sans discrimination. C’est notamment de renforcer encore notre solidarité avec le peuple palestinien.

Bureau National de l’UJFP,
22 mai 2014