Netanyahou célèbre la journée du judéocide nazi… par une fête à Eilat

Le 27 janvier 1945, l’armée Rouge libérait le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, dont la plupart des détenus encore en vie avaient été transférés quelques semaines plus tôt vers d’autres camps situes plus à l’ouest, par ce qu’on appellera « les marches de la mort ». Soixante ans plus tard, en 2005, l’Assemblée Générale des Nations Unies décrètera, à l’unanimité, que le 27 janvier serait la Journée Internationale du Judéocide [« shoah » est le mot utilisé. À mes yeux il est doublement impropre, car pourquoi utiliser un mot hébraïque et surtout, un mot qui veut dire « catastrophe », alors qu’il s’agit d’un génocide et non d’un phénomène naturel comme un tsunami ou l’éruption d’un volcan].

Aux Nations Unies une séance spéciale est consacrée à cette journée, et dans des milliers de villes aux quatre coins de la planète on célèbre cette journée par des rassemblements, des colloques, des expositions, des activités éducatives dans les écoles.

Et comment a célébré cette journée Israël de Benjamin Netanyahou ? Par une immense fête dans la ville d’Eilat, sur les rives de la mer Rouge. Non, ce n’est pas une plaisanterie : ce 27 janvier, des milliers de militants du Likoud fêtaient la « Likoudiada » en musique, danses et des quantités appréciables d’alcool. Oops! Les dirigeants du parti au pouvoir avaient zappé ce qu’est le 27 janvier…

Pour quelqu’un comme Netanyahou qui a fait du judéocide nazi un véritable fond de commerce et l’objet d’un chantage permanent contre quiconque oserait critiquer sa politique, cet oubli est impardonnable. Pire : au moment où le monde commémore un des plus grands crimes racistes du XXème siècle, le Premier Ministre israélien salue les mesures racistes prises par le Président Trump contre l’entrée de Musulmans sur le territoire étatsunien, alors que ces mesures sont remises en question par une partie importante du Congrès, et seront sans doute déclarées anticonstitutionnelles par la Cour Suprême. Il a en outre salue la construction du mur entre les Etats-Unis et le Mexique, se félicitant d’avoir donné l’exemple avec la construction du mur qui sépare Israël du Sinaï.

L’ambassadeur d’Israël à Mexico a été convoqué par les autorités locales pour le soutien du gouvernement à la construction de ce nouveau mur de la honte. Si ce n’était pas suffisant, Netanyahou vient en outre d’être rappelé à l’ordre par le Grand Rabbin du Mexique qui a mis en garde contre l’impact de la position israélienne sur une éventuelle flambée antisémite dans le pays.

Une fois de plus, le gouvernement israélien se singularise par ce qu’on ne peut qu’appeler une scandaleuse profanation des cendres de 6 millions de Juifs massacres par le racisme nazi, et ce le jour anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. A vomir.

Michel Warschawski