Ne nous trompons pas de combat

Nous proposons, compte-tenu de son actualité, un article publié dans le journal « Le Monde » le 10 avril 2002, et maintenant en accès libre.

En tant qu’Arabes, nous affirmons que les actes anti-juifs qui ont lieu en France depuis quelques temps sont intolérables. La colère et la rage que nous inspirent les crimes de Sharon ne doivent et ne peuvent, en aucun cas, justifier les amalgames et les dérives. En attendant l’issue des enquêtes menées par les autorités françaises sur les auteurs de ces agressions odieuses, et quel qu’en soit le résultat, nous appelons les communautés moyen-orientales et maghrébines de France à une extrême vigilance, et souhaitons rappeler, à tous, un certain nombre d’évidences :

La communauté juive n’est pas identifiable au peuple israélien.

Le peuple israélien n’est pas non plus – loin de là – à l’image de Sharon. Les nombreux Israéliens que la peur et l’insécurité rangent aujourd’hui à ses côtés prendront mieux conscience de leur aveuglement et de leur fourvoiement si nous savons les convaincre de notre absence d’animosité à leur égard, en tant que communauté et en tant qu’hommes.

Nos partenaires et nos partisans les plus précieux sont les Israéliens et les juifs qui oeuvrent, aux côtés des Palestiniens, contre l’occupation, la répression, la colonisation et pour la coexistence de deux Etats souverains, palestinien et israélien. Un grand nombre d’entre eux ont une histoire familiale tragique, marquée par l’holocauste. A nous de leur rendre hommage et de les rejoindre sur cette ligne de crête qui consiste à savoir quitter la tribu quand il s’agit de défendre des droits et des libertés universels.

Ne tombons pas dans le piège de Sharon. Ne nous trompons pas de combat. L’insulte contre un juif ou un arabe, c’est la même. Elle ne profite, dans les deux cas, qu’à l’extrémisme fasciste dont se réclament Sharon et les siens. Qualifiant les attaques contre les synagogues et les commerces juifs de « crimes contre les Palestiniens », Leïla Shahid ne pouvait mieux dire. Ecoutons son appel.

Ce texte est cosigné par :


Adonis, Ahmad Abodehman, Abdel Hamid Akkar, Malek Alloula, Khalil Al Nouaymi, Salwa Al Nouaymi, Mohammad Bahjaji, Hoda Barakat, Jamel Eddine Bencheikh, Tahar Ben Jelloun, Fathi Ben Slama, Karima Berger, Mohamed Berrada, Hassan Chami, Mohammed Choukri, Dominique Eddé, Wafa El Amrani, Zeynab El Aouaj, Asmahan El Batraoui, Ibrahim El Khalib, Kadhim Jihad, Mohammad Kacimi, Elias Khoury, Idriss Khoury, Rachid Koreichi, Abdellatif Laâbi, Wassini Laaraj, Issa Makhlouf, Fayez Malas, Alia Mamdouh, Farouk Mardam Bey, Hassan Nejmi, Hachem Saleh, Mayssoun Sakr, Elias Sanbar, Mary Seurat, Abdel Jabar Shimi, Gilbert Sinoué, Habib Tengour, écrivains ; Yto Barrada, Randa Chahal, Fouad El Koury, Safa Fathi, Najib Gouiaa, Joana Hadjithomas, Khalil Joreige, Dina Kamel, Nadia Kamel, Michel Khleifi, Ibrahim Khill, Mohamad Malass, Yousry Nasrallah, Mohammad Qassimi, Ghassan Salhab, Elia Suleiman, cinéastes, photographes, peintres ; Sidi Mohammed Barkat, Hamid Barrada, Marwan Bechara, Elmostafa Ben Boucetta, Mohammad Enkheira, Ali Ben Saad, Claude Brahimi, Faouzia Charfi, Mohamed Charfi, Khedija Cherif, Iarbi Choulkha, Hicham Djaït, Anne-Marie Eddé, Rudolf El Kareh, Borhan Ghalioun, Sabri Hafez, Abdallah Hamoudi, Mohammad Harbi, Bachir Hilal, Mahmoud Hussein, Adil Jazouli, Rashid Khalidy, Walid Khalidy, Bassma Kodmani, Hala Kodmani, Khadija Mohsen-Finan, Lotfi Madani, Ilham Marzouki, Camille Mansour, Ouardia Oussedik, Hamadi Redissi, Moustapha Safouan, Houari Touati, chercheurs, professeurs des universités, éditeurs.

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