Mise à jour de la situation humanitaire #239 | Bande de Gaza

Sur la route Salah Ad Din à Deir al Balah, Gaza, deux enfants ramassent de la farine déversée par un camion humanitaire, pieds nus au milieu des décombres de la guerre, 5 novembre 2024. Photo par OCHA

19 novembre 2024

(extraits)

Rapport complet (en anglais) ICI

Faits essentiels

  • Depuis plus de 40 jours, les personnes assiégées dans le gouvernorat de Gaza Nord sont confrontées à des conditions de survie de plus en plus difficiles.
  • Toutes les tentatives de l’ONU pour aider les habitants du nord de Gaza ont été refusées ou entravées : les boulangeries et les cuisines ont fermé, le soutien nutritionnel a été suspendu et le ravitaillement en eau et les installations sanitaires restent limités.
  • Des efforts sont en cours pour développer les services dans la ville de Gaza, où plus de 100 000 personnes déplacées du nord de la bande de Gaza se sont installées.
  • Les partenaires du secteur de la sécurité alimentaire mettent en garde contre l’augmentation brutale du nombre de ménages souffrant de la faim dans le centre et le sud de la bande de Gaza.
  • Huit enfants ont fait l’objet d’une évacuation sanitaire en dehors de la bande de Gaza, ce qui porte à 329 le nombre de patients ayant fait l’objet d’une évacuation exceptionnelle à l’étranger depuis le début du mois de mai.

Évolution de la situation humanitaire

Des bombardements israéliens aériens, terrestres et maritimes continuent d’être signalés dans la bande de Gaza, entraînant de nouvelles victimes civiles, des déplacements et la destruction d’infrastructures civiles. Dans le gouvernorat de Gaza Nord, suite aux opérations militaires qui ont commencé en octobre 2023, l’armée israélienne mène une offensive terrestre depuis le 6 octobre 2024, avec des combats signalés entre les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens. Les forces israéliennes ont continué à imposer un siège renforcé sur la zone et l’aide humanitaire a été largement refusée ; entre le 1er et le 18 novembre, 27 des 31 demandes de coordination de l’ONU pour accéder aux zones assiégées ont été refusées et les quatre autres ont été initialement approuvées mais ont ensuite été entravées sur le terrain. Aucun combustible n’a pu être acheminé vers les installations d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) (voir ci-dessous).

Lors d’un exposé devant le Conseil de sécurité le 12 novembre, Joyce Msuya, alors secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires par intérim et coordinatrice des secours d’urgence, a décrit la dernière offensive dans le nord de Gaza comme « une version intensifiée, extrême et accélérée des horreurs de l’année dernière ». La coordinatrice des secours d’urgence par intérim a déclaré : « Des abris, des maisons et des écoles ont été incendiés et bombardés jusqu’au sol. De nombreuses familles restent piégées sous les décombres, car les autorités israéliennes bloquent le carburant pour les équipements de creusement et empêchent les premiers intervenants de les atteindre… Les approvisionnements vers le nord sont coupés et les gens sont poussés plus au sud. » Soulignant l’ampleur de la mort, de la destruction et de la souffrance dans toute la bande de Gaza, le représentant de l’ONU a averti que « les conditions de vie à Gaza sont impropres à la survie humaine », la nourriture étant insuffisante, les abris extrêmement rares et les violents pillages armés de convois humanitaires étant « de plus en plus organisés le long des itinéraires partant de Kerem Shalom [point de passage], en raison de l’effondrement de l’ordre public et de la sécurité ».

Selon le ministère de la santé de Gaza, 307 Palestiniens ont été tués et 932 ont été blessés entre les après-midi du 12 et du 19 novembre. Entre le 7 octobre 2023 et le 19 novembre 2024, au moins 43 972 Palestiniens ont été tués et 104 008 ont été blessés, selon le ministère de la santé à Gaza. (………..)

En raison de la suspension des services de la défense civile palestinienne (PCD) dans le gouvernorat de Nord de Gaza, les intervenants locaux, dont l’expertise est limitée, auraient tenté de récupérer les victimes à l’aide des outils inadaptés disponibles, avec un succès mitigé. Voici quelques-uns des incidents les plus meurtriers signalés entre le 11 et le 18 novembre :
◌ Le 11 novembre, vers 20 h 45, 11 Palestiniens, dont deux enfants, auraient été tués et d’autres blessés lorsqu’une tente, qui aurait servi de point de service Internet et de café, a été percutée sur la route côtière dans la région d’Al Mawasi, à l’ouest de Khan Younis.

◌ Le 12 novembre, vers 11h30, au moins 15 Palestiniens auraient été tués, les corps restant sous les décombres et dans la rue, lorsque deux maisons ont été touchées à Beit Hanoun, dans le nord de Gaza.
◌ Le 12 novembre, vers 10 h 45, au moins six Palestiniens, dont deux petites filles et un homme âgé, auraient été tués et plusieurs autres, dont des enfants, blessés lorsqu’un groupe de Palestiniens a été touché près de la clinique de l’UNRWA sur la route côtière à l’ouest de Deir Al Balah.
◌ Le 13 novembre, vers 9 heures, six Palestiniens auraient été tués et d’autres blessés lorsqu’un groupe de personnes a été frappé à l’entrée de l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de Gaza.
◌ Le 15 novembre, vers 13 h 20, au moins sept Palestiniens, dont cinq femmes, auraient été tués et d’autres blessés lorsqu’une tente utilisée par des personnes déplacées à l’intérieur du pays a été touchée près du parc Al Eqlimi, à proximité de la jetée 19 dans la zone d’Al Mawasi, dans l’ouest de Khan Younis.
◌ Le 16 novembre, vers 16 h 35, 10 Palestiniens, dont au moins une fille et deux femmes, auraient été tués et d’autres blessés lorsque l’école Abu Asi a été touchée dans le camp de réfugiés d’Ash Shati (Beach), dans l’ouest de la ville de Gaza.
◌ Le 17 novembre, vers 0h30, 15 Palestiniens auraient été tués et d’autres blessés lorsqu’une maison abritant des personnes déplacées a été touchée près de la clinique Al Shawa, dans la zone du projet Beit Lahiya, au nord de Gaza. Les blessés seraient restés sous les décombres.
◌ Le 17 novembre, vers 8 heures, une cinquantaine de Palestiniens, dont des femmes et des enfants, auraient été tués et d’autres blessés lorsqu’un bâtiment de cinq étages abritant des dizaines de personnes déplacées a été touché dans le projet Beit Lahiya, au nord de la bande de Gaza.
◌ Le 17 novembre, vers 15h25, six Palestiniens auraient été tués et d’autres blessés lorsqu’un groupe de personnes a été touché près du marché Al Fizab dans le village de Qizan an Najjar, dans le sud de Khan Younis.
◌ Le 18 novembre, plus de 20 personnes auraient été tuées par des hommes armés lors d’une opération qui aurait été menée par le ministère de l’Intérieur de Gaza pour cibler des pilleurs présumés d’aide humanitaire.

L’ONU et ses partenaires estiment qu’entre 100 000 et 131 000 personnes ont été déplacées depuis le 6 octobre 2024, arrivant dans divers endroits à l’ouest et au nord de la ville de Gaza, où les ressources essentielles telles que les abris, l’eau et les soins de santé sont gravement limitées. Cet afflux a fait passer la population du gouvernorat de Gaza ville d’environ 250 000 personnes à la fin du mois de septembre 2024 à environ 375 000 personnes. Les mouvements vers le sud de la bande de Gaza restent limités, environ 700 personnes s’étant déplacées vers le sud depuis le 6 octobre 2024. On estime qu’il ne reste que 65 000 à 75 000 personnes dans le gouvernorat de Gaza Nord, soit moins de 20 % de la population à la veille du 7 octobre 2024. Le 17 novembre, les forces aériennes israéliennes ont largué des tracts à Beit Lahiya, ordonnant une évacuation immédiate et provoquant, semble-t-il, de nouveaux déplacements.

Le 15 novembre, les forces israéliennes ont libéré 20 détenus palestiniens au point de passage de Kerem Shalom, dont la plupart auraient été arrêtés dans le governorat du nord de Gaza depuis le 6 octobre 2024, selon des sources médiatiques. Les détenus ont ensuite été transférés à l’hôpital européen de Khan Younis pour une évaluation médicale et des soins. Certains détenus ont indiqué aux médias que de nombreux enfants, personnes âgées et personnes gravement blessées pris dans les hôpitaux du nord de la bande de Gaza sont toujours détenus par Israël. Les détenus ont déclaré avoir été soumis à des tortures systématiques dans les prisons israéliennes, notamment des agressions physiques, des privations de sommeil, des périodes prolongées de menottage et de bandage des yeux, ainsi que de graves privations de nourriture, d’eau et de soins médicaux, comme l’ont souligné les médias. Le 15 novembre, l’association des prisonniers palestiniens a annoncé la mort d’un détenu de Gaza, le 14 novembre, lors de son transfert d’une prison du sud d’Israël à l’hôpital Soroka de Beersheba, après que sa situation médicale se soit détériorée. L’association a ajouté que le prisonnier était détenu depuis décembre 2023 et qu’il était en bonne santé selon sa famille. En novembre 2024, selon les données fournies par l’Administration pénitentiaire israélienne (IPS) à Hamoked, une ONG israélienne de défense des droits de l’homme, 10 091 Palestiniens étaient détenus par Israël, dont 3 443 détenus administratifs sans procès, 1 997 prisonniers condamnés et 1 627 personnes détenues en tant que « combattants illégaux ». Ces chiffres n’incluent pas les Palestiniens de Gaza qui ont été détenus par l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023 et dont le nombre reste inconnu.

Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza ont continué d’être considérablement entravées par les restrictions d’accès en cours, ce qui limite considérablement l’acheminement de la nourriture, de l’aide médicale et du carburant et aggrave les conditions humanitaires déjà désastreuses. Entre le 1er et le 18 novembre, sur les 319 mouvements d’aide prévus dans la bande de Gaza et coordonnés avec les autorités israéliennes, 41 % (132) ont été facilités, 33 % (105) ont été refusés, 16 % (51) ont été entravés et 10 % (31) ont été annulés en raison de problèmes logistiques et de sécurité. Ce chiffre comprend 120 mouvements d’aide coordonnés destinés à fournir une assistance humanitaire dans les gouvernorats au nord de Wadi Gaza, dont 65 ont dû passer par les points de contrôle d’Al Rashid ou de Salah Ad Din contrôlés par l’armée israélienne. Parmi ceux qui ont emprunté ces points de contrôle, seuls 24 % (16) ont été facilités par les autorités israéliennes, 32 % (21) ont été entravés, 34 % (22) ont été refusés et 9 % (6) ont été annulés. Les missions d’aide dans le gouvernorat Nord de Gaza ont été particulièrement perturbées. Entre le 1er et le 18 novembre, 85 % des 41 demandes de coordination pour des missions humanitaires dans le gouvernorat du nord de Gaza ont été soit refusées (17), soit entravées (18), tandis que 7 % (3) ont été facilitées. Plus précisément, 31 de ces 41 demandes ont été faites pour les zones assiégées de Jabalya, Beit Hanoun et Beit Lahya, sachant que toutes ces tentatives-là sauf quatre ont été refusées au cours de cette période. Les missions d’aide coordonnées dans les zones du sud, de l’ouest et du centre du gouvernorat de Rafah, qui fait l’objet d’une opération militaire israélienne depuis le début du mois de mai, ont été confrontées à des difficultés similaires, 26 des 63 missions coordonnées (41 %) ayant été refusées ou entravées entre le 1er et le 18 novembre.

Santé

Dans le nord de Gaza, où l’on continue de signaler des incidents faisant de nombreuses victimes et des bombardements, l’accès aux hôpitaux Kamal Adwan, Al Awda et indonésien reste très limité en raison d’une grave pénurie de fournitures médicales, de carburant et d’unités de sang. Les autorités israéliennes continuent de bloquer toutes les tentatives de déploiement d’une équipe médicale internationale d’urgence (Emergency Medical Team – EMT) pour renforcer les capacités. Le 17 novembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), conjointement avec l’OCHA, le Service de lutte antimines des Nations unies (UNMAS), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant-Rouge palestinien (PRCS), a atteint l’hôpital Kamal Adwan dans le nord de Gaza, livrant 10 000 litres de carburant à l’établissement et transférant 17 patients, trois enfants non accompagnés et leurs 22 soignants à l’hôpital Al Shifa dans la ville de Gaza. Au total, entre le 1er octobre et le 17 novembre, l’OMS et ses partenaires ont planifié dix missions à l’hôpital Kamal Adwan, mais n’ont été autorisés à s’y rendre qu’à cinq reprises, dans des conditions restrictives. Le 18 novembre, les enfants non accompagnés ont été transférés, avec l’aide du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), au complexe médical Nasser de Khan Younis, où ils ont retrouvé leur famille. Alors que la mission menée par l’OMS devait également livrer de la nourriture et des fournitures médicales à Kamal Adwan, les forces israéliennes ont contraint les travailleurs humanitaires à décharger la nourriture à un point de contrôle militaire israélien, avant d’atteindre les patients et le personnel médical de l’hôpital, et seule une partie des fournitures médicales a pu être remise à l’établissement, selon le directeur de l’hôpital, le Dr Husam Abu Safiyeh, et le Groupement sanitaire. Dans la soirée du 18 novembre, le directeur de Kamal Adwan a indiqué que l’établissement avait de nouveau été touché, des éclats d’obus ayant atteint le personnel de l’unité de soins intensifs. Dans le cadre d’une mission distincte, le CICR et le Croissant-Rouge palestinien ont atteint l’hôpital Al Awda à Jabaliya, où ils ont livré du carburant et des fournitures médicales et transféré 15 patients à l’hôpital Al Shifa. Les autorités israéliennes ont toutefois bloqué l’approvisionnement en eau et en nourriture de l’établissement. Dans une déclaration, l’Association communautaire et de santé d’Al Awda a averti que l’hôpital Al Awda ne fonctionnait que quatre heures par jour pour continuer à fournir des services de santé essentiels malgré la grave pénurie de carburant et qu’il avait un besoin urgent de nourriture, d’eau, d’unités de sang et de fournitures d’oxygène.

Dans le gouvernorat de Gaza, le groupe sectoriel Santé s’efforce de renforcer les services de santé en raison de l’afflux continu de personnes déplacées en provenance du nord de la bande de Gaza. Entre le 27 octobre et le 9 novembre, deux nouvelles équipes de soins chirurgicaux spécialisés ont été déployées dans les hôpitaux Public Aid et Al Ahli Arab de la ville de Gaza. Des fournitures et du matériel de santé sexuelle et reproductive, ainsi que des kits individuels, ont également été livrés pour soutenir 15 établissements de santé et desservir 20 000 personnes. Le 18 novembre, le CICR et le Croissant-Rouge palestinien ont transféré des antibiotiques, des médicaments d’urgence et d’autres fournitures médicales aux hôpitaux Al Shifa, Al Ahli et Al Hilu dans la ville de Gaza, et d’autres missions sont prévues par le groupe sectoriel Santé dans la région pour renforcer les capacités.

Dans le centre de Gaza, avec le soutien de l’Allemagne, l’OMS a augmenté la capacité d’hospitalisation du complexe médical Nasser à Khan Younis, en installant 13 tentes spécialisées avec 88 lits supplémentaires dans l’arrière-cour de l’hôpital. Cette extension devrait permettre de désengorger la salle d’urgence, d’améliorer les soins de traumatologie pour les cas complexes et de mieux gérer les incidents impliquant un grand nombre de victimes. L’hôpital continue cependant de faire face à une pénurie d’unités de sang et a organisé, le 14 novembre, une campagne de don de sang urgente en collaboration avec Médecins sans frontières (MSF) et Médecins du monde. Entre-temps, Emergency, une ONG internationale, a indiqué que son équipe avait commencé à fournir des services de santé dans une clinique de terrain mise en place par une association locale à Al Mawasi, recevant en moyenne 160 patients par jour, dont plus d’un tiers sont des enfants, et constatant qu’un patient sur dix souffrait de malnutrition. (……)

Sécurité alimentaire

La situation de la sécurité alimentaire continue de se dégrader de jour en jour dans la bande de Gaza. Plus d’un million de personnes n’ont pas reçu de colis alimentaires depuis juillet ou avant, la majorité d’entre elles se trouvant dans le centre et le sud de la bande de Gaza. De nombreuses cuisines ont déjà fermé, aucune n’est opérationnelle dans le gouvernorat de Gaza Nord, seulement 18 dans le gouvernorat de Gaza, et environ 120 restent ouvertes dans le centre et le sud de la bande de Gaza, dont 100 produisent environ 330 000 repas par jour, mais sont constamment menacées de fermeture en raison des pénuries persistantes et croissantes de fournitures. Au 18 novembre, seules huit des 19 boulangeries soutenues par le PAM restaient opérationnelles dans la bande de Gaza – quatre dans la ville de Gaza, trois à Deir al Balah et une à Khan Younis ; aucune à Rafah ou dans le nord de la bande de Gaza. L’aggravation de la crise énergétique ne fait qu’exacerber cette situation désastreuse dans l’ensemble de la bande, le nord de Gaza n’ayant pas reçu de gaz de cuisine depuis plus de 13 mois consécutifs, et le bois de chauffage ou les bûches étant de plus en plus rares dans les zones très encombrées du centre et du sud de Gaza, ce qui oblige les gens à continuer de compter sur la combustion des déchets pour cuisiner et à s’aventurer dans des zones à haut risque à la recherche de bois de chauffage.

L’accès au nord de Gaza continue d’être fortement restreint, toutes les missions des partenaires du secteur de la sécurité alimentaire (FSS) pour livrer de l’aide alimentaire (les deux missions ont été rendues incomplètes) ayant été systématiquement refusées depuis le 6 octobre et les cuisines et les boulangeries subventionnées ayant complètement fermé. De plus, toutes les activités des partenaires du Cluster Nutrition restent suspendues, y compris le traitement des enfants souffrant de malnutrition aiguë, ainsi que l’alimentation complémentaire pour les enfants et les femmes enceintes et allaitantes. Lors d’un exposé devant le Conseil de sécurité le 12 novembre, le directeur du Bureau des urgences et de la résilience de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Rein Pulsen, a souligné que « des hommes, des femmes, des garçons et des filles meurent de faim alors que le conflit fait rage, et que les organisations humanitaires sont empêchées de fournir une assistance à ceux qui en ont besoin », avertissant que la fenêtre d’opportunité pour sauver la vie des gens est maintenant – demain, il sera trop tard. Il a expliqué que les gens seraient déjà morts de faim au moment où la famine serait déclarée et que cela aurait « des conséquences irréversibles qui pourraient durer des générations ». Dans une déclaration vidéo publiée le 15 novembre et dans une mise à jour ultérieure fournie le 18 novembre, le directeur de l’hôpital Kamal Adwan a averti que des signes de famine sont enregistrés dans le nord de Gaza, avec des enfants et des adultes souffrant de malnutrition aiguë arrivant à l’hôpital et quatre enfants se trouvant actuellement dans des conditions critiques dans l’établissement.

Dans la ville de Gaza, les partenaires du FSS font tout leur possible pour soutenir le nombre croissant de personnes déplacées depuis le nord. Depuis le début du mois de novembre, plus de 200 000 personnes ont reçu au moins un colis alimentaire, et beaucoup ont également reçu un sac de 25 kilos de farine de blé, qui continue d’entrer presque régulièrement par le point de passage d’Erez. Environ 10 000 repas préparés dans 18 cuisines sont distribués chaque jour aux ménages, ainsi que 9 800 paquets de pain produits par les quatre boulangeries subventionnées.

Les conditions de sécurité alimentaire se détériorent de façon alarmante dans les gouvernorats central et méridional de Gaza, avec une quantité limitée d’aide alimentaire passant par le point de passage de Kerem Shalom, un taux élevé de convois pillés et une quasi-interruption des approvisionnements commerciaux. Le 16 novembre, un convoi de l’ONU comprenant 109 camions de denrées alimentaires a été violemment pillé par des Palestiniens ; 97 camions ont été perdus et les chauffeurs ont été contraints de décharger l’aide sous la menace d’armes. À la mi-novembre, seules quelque 270 000 personnes, soit 16 % des quelque 1,7 million d’habitants de Deir al Balah, Khan Younis et Rafah, avaient reçu leurs rations alimentaires mensuelles réduites. De graves pénuries de farine de blé ont entraîné la fermeture de quatre boulangeries à Deir al Balah en l’espace d’une semaine, et seules trois boulangeries dans le gouvernorat et une à Khan Younis étaient encore opérationnelles au 18 novembre. De nombreuses initiatives communautaires de boulangerie ont également été forcées de suspendre leurs activités depuis le début du mois d’octobre. Les quatre boulangeries encore fonctionnelles fonctionnent à 100 % de leur capacité, mais risquent de fermer si aucune farine supplémentaire n’est reçue dans les cinq jours.

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Eau et assainissement

La situation de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène reste critique à Gaza, en particulier dans le gouvernorat de Gaza Nord, où environ 65 000 à 75 000 personnes sont confrontées à d’immenses difficultés pour accéder à l’eau potable et où aucun carburant n’a été autorisé à entrer dans la zone, ce qui a interrompu le fonctionnement des puits d’eau restants, dans un contexte de coupures d’électricité continues en provenance d’Israël et de la centrale électrique de Gaza. Selon le groupe sectoriel WASH, depuis le début de l’opération militaire israélienne dans le nord de Gaza le 6 octobre 2024, toutes les demandes soumises par les partenaires d’aide pour la livraison de fournitures et de carburant pour faire fonctionner les installations WASH ont été refusées, augmentant les risques de déshydratation et d’épidémies alors qu’environ la moitié des puits de la ville de Gaza ont été inaccessibles. Dans le sud de la bande de Gaza, les pénuries de carburant et d’équipement ont également un impact négatif sur les conditions de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène. Le 16 novembre, la municipalité de Khan Younis a demandé la livraison urgente de carburant avant la saison hivernale. Elle a indiqué que le manque de carburant entravait gravement sa capacité à collecter et à transporter les déchets, ainsi qu’à nettoyer les canalisations d’eaux pluviales dans plus de 60 endroits identifiés à haut risque d’inondation, parmi d’autres services essentiels, ce qui aggrave encore les difficultés rencontrées par les habitants de ces zones vulnérables.

Le 13 novembre, la Coastal Municipalities Water Utility (CMWU) a déclaré avoir reçu de l’UNICEF une cargaison de 20 000 litres de chlore pour l’eau potable et de produits chimiques nécessaires, ce qui est suffisant pour un mois pour faire fonctionner les usines de dessalement de l’eau de mer et les puits d’eau dans le sud de la bande de Gaza. Les stocks de chlore ont été épuisés pendant des mois, laissant le système d’approvisionnement en eau vulnérable à la contamination et aux risques pour la santé publique, tandis que la destruction des infrastructures d’eau et d’assainissement, en particulier les réseaux d’eau et les systèmes de distribution, a entraîné des niveaux sans précédent de pollution de l’eau, a souligné la CMWU. Bien qu’aucune de ces fournitures n’ait encore été autorisée à être livrée aux installations WASH dans le nord de Gaza, les fournitures reçues devraient aider à atténuer le risque de contamination de l’eau et à soulager une partie des problèmes de santé publique, y compris sur les sites de déplacement.

Le 14 novembre, les autorités israéliennes ont mis en service une seule ligne électrique dédiée à l’usine de dessalement d’eau de mer du sud de Gaza, soutenue par les Nations unies, en la connectant au réseau électrique israélien, ce qui devrait contribuer à l’amélioration de l’approvisionnement en eau. Cependant, la quantité totale d’eau produite et pompée reste incertaine, car le pompage de l’eau continue d’être gravement entravé par la destruction continue des infrastructures WASH. C’est la première fois que les autorités israéliennes autorisent une connexion électrique à Gaza depuis qu’elles ont coupé l’approvisionnement d’Israël d’environ 120 mégawatts en octobre 2023. Avec la fermeture forcée de l’unique centrale électrique de Gaza, la bande de Gaza souffre d’un black-out presque total et dépend entièrement de sources d’énergie alternatives telles que des générateurs de secours ou des panneaux solaires, ce qui perturbe gravement la fourniture de services de base et les opérations d’aide.

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