En 2003, Raphaël Schoemann, un Parisien alors âgé de 62 ans, survivant du génocide hitlérien (il est né dans une famille juive durant l’occupation) avait proféré des menaces de mort explicites à l’encontre de personnalités réputées proches de la cause palestinienne.
Parmi les destinataires de ses messages, il y avait le syndicaliste paysan José Bové, l’eurodéputé vert Alain Lipietz, l’avocate Isabelle Coutant-Peyre, le docteur Rony Brauman de Médecins sans Frontières ou encore le cinéaste franco-israélien Eyal Sivan. Les victimes ont reçu dans leur boîte aux lettres une enveloppe contenant une balle de revolver, avec la mention « la prochaine n’arrivera pas par la poste ».
Interpellé en 2004, Schoemann a comparu le 11 mai devant le tribunal correctionnel de Paris. D’une cohérence douteuse, le prévenu a expliqué ne pas avoir visé ces personnes « pour leurs liens avec la Palestine, mais à cause de leurs liens avec l’extrême droite » (sic). Toutes ses victimes sont de gauche. Jugé sain d’esprit et apte à subir son procès par une expertise psychiatrique, il a accusé les parties civiles, dont bon nombre sont des Juifs, d’être « antisémites ». Puis il a ajouté qu’ils sont également « délinquants », « racistes » mais « favorisant l’immigration ». Quoi qu’on puisse penser de la santé mentale de l’accusé, le tribunal n’a visiblement pas apprécié ses « explications ». En attendant le jugement, mise en délibéré au 22 juin, le procureur de la République a requis une peine de douze mois de prison avec sursis. Comme on le sait, il y a déjà eu des assassinats politiques à Paris. Le fait que des personnalités connues pour leur engagement en faveur des causes progressistes puissent encore recevoir des menaces de mort de cette nature fait froid au dos.