L’évacuation par « des riverains » d’une trentaine de Rroms à Marseille et la mise à feu de leurs affaires marquent le début des pogromes anti-tsiganes en France. La police de M. Valls, présente sur place, n’a procédé à aucune interpellation « en l’absence d’agression physique ». Mais le vrai incendiaire est leur ministre de tutelle lui-même, puisque depuis l’été dernier il martèle inlassablement le message de l’urgence du « démantèlement des campements illicites », qu’il juge « un défi au vivre ensemble ».
Depuis 20 ans, à chaque expulsion de Rroms, la police indique aux médias qu’elle s’est faite « sans heurts ». Car les Rroms ne cherchent pas de heurts. La police non plus, du moins pas ouvertement. Comme aucun des protagonistes ne cherchait de heurts, par l’affirmation d’un « défi au vivre ensemble », le gouvernement a réussi à créer le troisième protagoniste à Marseille. A force d’appâter des gens avec ce message pour leur faire faire la sale besogne sous l’œil d’une police inactive, si ce n’est bienveillante, le ministre a réalisé son rêve de voir sa supputation concrétisée.
La déshumanisation et la diabolisation des Rroms il y a deux jours, lorsque des parents d’enfants qui se livraient à des vols de téléphones portables ont été qualifiés d’esclavagistes et de trafiquants d’enfants participe pleinement à l’ouverture illimitée de la chasse aux Rroms. L’inaction de ce qu’on appelle « forces de l’ordre » fait de ces dernières des complices par omission de pogromes. Nous exigeons du gouvernement une condamnation ferme de ces actes et l’ouverture d’une enquête pour qu’ils ne restent pas impunis.
Dans le cas contraire, les mêmes causes produisant les mêmes conséquences, qui pourra s’étonner si la France, à l’instar de la Hongrie, voit des Rroms qui, n’ayant pas d’autre choix, s’organisent pour se défendre? A ce moment-là, qu’on ne vienne pas nous dire que le «défi au vivre ensemble » c’est nous.
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