Depuis quelques jours, Marion Maréchal et son ami Eric Zemmour occupaient tout l’espace médiatique – à droite et à l’extrême droite – de l’échiquier politique français. Même le récent appel du président de la république à bâtir une « société de vigilance », avec ses relents de mise en place d’une islamophobie d’État, était passée au second plan.
Seule, une nouvelle provocation politique tapageuse était en mesure de permettre à Marine le Pen de se réintroduire dans la course à la première place au sein de la droite française à l’approche de la prochaine campagne électorale.
Ce dimanche 20 octobre 2019 sur LCI, à une heure de grande écoute, Marine le Pen a rompu la dernière digue qui bridait depuis 1945 la droite et l’extrême droite pétainiste française en proférant – après des propos islamophobes d’une rare violence – une sanie raciste et antisémite que, jusqu’alors, nul représentant politique même des plus à droite n’avait osé se permettre. Elle déclare vouloir « interdire voiles et kippas dans l’espace public ». Plus tard, elle expliquera demander à la communauté juive de faire « un petit sacrifice ». Une nouvelle fois, les Juifs sont mis à part et on tente de les instrumentaliser contre les Musulmans.
On attend toujours la réaction du CRIF qui serait peut-être tenté de faire ce deal islamophobe avec Le Pen, mais renâclerait à sacrifier la kippa.
Ne nous trompons pas : l’air du temps l’autorise à franchir allègrement cette dernière digue depuis longtemps molle et perméable à toutes les formes de discours racistes, à toutes les formes d’incitations à la haine de l’Autre, à l’exclusion, à la délation, au fichage, aux lynchages à venir.
Ce temps porte un nom, un nom que nous ne connaissons que trop : celui d’un fascisme qui vient.
Tous les signes sont réunis, tous les indicateurs sont au rouge, portés par nos plus hautes instances politiques qui participent activement à l’explosion d’un discours raciste général vis à vis de nos sœurs et de nos frères musulmans.
À l’explosion d’un discours raciste et de rejet total des migrants africains noirs qui franchissent nos frontières dans des conditions de plus en plus périlleuses.
Un discours raciste qui rappelle celui tenu dans les dernières années 1930 et sous Vichy ensuite, à l’égard des Juifs qualifiés de communautaristes, vus comme des immigrés concurrents des travailleurs français, considérés comme appartenant à une religion incompatible avec les traditions françaises ou comme inféodés à une puissance étrangère terroriste. Cette expression antisémite n’était qu’un des volets du discours raciste colonial dominant.
Plus que jamais, face aux périls qui nous menacent, nous appelons les femmes et les hommes épris de justice à rejeter ces appels à la haine, à l’exclusion, à construire un large front antiraciste et politique conséquent dans lequel, avec nos frères et nos sœurs musulmans, avec les cibles de la négrophobie, avec les Rroms, les Asiatiques… nous devons être au premier rang.
Contre le racisme d’État ou encouragé par l’État, l’heure est à construire un espace antiraciste politique respirable.
La Commission antiracisme politique
Pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 22 octobre 2019