Les initiateurs de la marche contre l’islamophobie du 10 novembre se félicitent de l’immense succès de la manifestation. Ce sont des dizaines de milliers de personnes, plus de 40.000, qui se sont retrouvées dans les rues de Paris, avec également des déclinaisons locales de la marche en régions. Un succès d’autant plus grand que la marche a été, durant toute la semaine qui l’a précédée, la cible d’une véritable campagne de diffamation, voire de haine, destinée à saboter l’initiative, à la délégitimer et à dissuader les gens de s’y rendre. Les initiateurs ont par ailleurs subi de nombreuses attaques, certains d’entre eux recevant des menaces de mort explicites.
Une démonstration de force face aux semeurs de haine islamophobe, qu’ils soient à l’extrême droite, dans les partis institutionnels ou aux plus hauts sommets de l’État.
La marche du 10 novembre marque de toute évidence un tournant dans la situation : Il s’agit rien moins que de la plus grande mobilisation antiraciste prise en charge par les premiers concernés depuis la grande Marche pour l’égalité de 1983, avec le soutien d’un large spectre d’organisations syndicales, associatives et politiques. Héritiers et riches de cette histoire, les premiers concernés ont appris et ne laisseront pas les objectifs de cette marche historique leur échapper. Ils sont en effet acteurs de leur histoire avec tous ceux qui ont, à leur côté, co-initié cette marche ou signé la tribune. Les rues de Paris se sont ainsi remplies de dizaines de milliers de personnes, de tous âges, de toutes origines et de toutes confessions, citoyens révoltés, militants engagés, élus, personnalités, qui ont tous ensemble porté un message clair : l’islamophobie est un racisme qui doit être fermement combattu et considéré comme une « cause nationale » au même titre que le combat contre les autres discriminations. Dans de nombreuses prises de parole, la nécessité de se mobiliser contre tous les racismes a été rappelée.
Nous n’en resterons pas là car, malheureusement, le succès de cette marche est également dû à un contexte particulièrement préoccupant pour les citoyens de confession musulmane : de l’attentat qui a visé l’Imam de Brest aux déclarations de Macron sur la « société de vigilance » et les « signaux faibles », qui jettent la suspicion sur l’ensemble des musulmans pratiquants ou non, à l’humiliation d’une femme voilée par un élu RN au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté en passant par le vote d’une proposition de loi discriminatoire au Sénat ou l’attaque au couteau d’une jeune mère devant ses enfants. Sans oublier, la démonstration la plus récente de cette haine du musulman qui pousse au passage à l’acte : l’attentat contre la mosquée de Bayonne.
N’en déplaise à ceux qui essaient d’entretenir de vaines polémiques, nous sommes fiers de la réussite de la marche du 10 novembre, véritable démonstration d’unité face à tous les semeurs de haine.
Un succès qui en appelle d’autres : les initiateurs (Madjid Messaoudene, le CCIF, la Plateforme L.e.s Musulmans, le Comité Adama, le Nouveau Parti anticapitaliste, l’Union communiste libertaire, le journaliste Taha Bouhafs) se réuniront dans la semaine et reprendront contact avec les organisations ayant appelé à la marche pour envisager les suites à donner à cette formidable journée de mobilisation populaire.