Haifa, le 10 aout 2008
Une voix de Palestine s’est tue avec Mahmoud Darwich, celle des collines de Galilée, celle de la douleur de l exil et de la résistance du peuple de Palestine.
En arabe de nombreux mots désignent la notion de résistance, tantôt violente, tantôt révolte, et soulèvement, mais aussi celui qui vient à l’esprit en pensant au poète et a son peuple: « soumoud », la résistance silencieuse obstinée et tenace d un peuple entier qui refuse de se soumettre ou de disparaitre. Tout cela Mahmoud Darwich l’a la fois incarne et insuffle a des millions de palestiniens. En cette sombre époque, les gens de Palestine ou qu’ils se trouvent, en exil dans les camps de refugies, à Gaza, en Cisjordanie ou en Israël, ont encaisse le coup durement, comme un deuil qui s ajoute aux deuils, mais avec en plus le profond sentiment de devenir brutalement orphelins, de perdre celui qui était a la fois le passe et le présent, la continuité d un espoir vivant pour un peuple vivant « nous aussi nous aimons la vie ». A Haïfa hier, aujourd’hui à Nazareth, les familles sont en deuil, les femmes pleurent et les hommes ont le regard sombre, et le cœur est triste. Et l’on se demandait ou il serait enterre, et la réponse était claire: Mahmoud de Galilée doit reposer sur sa terre, a Birwe d’où sa famille a été chassée en 48, ou dans le village a quelques km de la où elle s est refugiée, ou peut être même à Haïfa ville qu’il a beaucoup aimée et habitée, mais en tout cas en Galilée. Et chacun de spéculer sur ce qu’accepterait ou refuserait le gouvernement israélien. Et puis la nouvelle est tombée, cet après midi: Mahmoud Abbas a négocie avec la famille qui a du céder, et il a obtenu son accord pour un enterrement a Ramallah. Personne ne doute ici qu’il ait d abord pris ses renseignements- consignes? auprès des Israéliens. Autant gagner du temps…Mais a Nazareth ou Haïfa, en Galilée on ne l’entend pas ainsi, et la colère s’exprime : Bien sûr Ramallah c’est aussi la Palestine, mais une Palestine sans Etat, celle d Oslo, déchirée et démembrée, celle de l’Autorité Palestinienne – et l’expression sonne durement. Ce que l’on veut pour le poète c’est un endroit qui soit le sien et qui restaure une forme d’unité nationale, rêvée peut être, mais qui vit au fond de tous les cœurs palestiniens. Ce choix impose et accepte sans résistance, rappelle chacun a ses devoirs. A Haïfa ce soir dans son ancien quartier en bas de la ville, les gens se sont retrouves avec des bougies, silence recueillement et larmes. Des articles s’écrivent, des protestations s’organisent.
Mahmoud Al Jalili, le Galiléen, sera peut être enterre a Ramallah pour des raisons de basse politique, ou par la loi du plus fort. Mais l’âme du poète continuera de frissonner dans les branches des saules qui bordent le Jourdain, à travers les collines de Galilée sur les rivages de gaza, comme sur les sables du Naqab, murmurant au cœur de tout son peuple, l’amour de sa terre déchirée et le Soumoud.
Michele Sibony
Haifa 10 aout 2008