Photo : L’ambassadrice de la Palestine en France, Hala Abou Hassira, était venue rendre visite à la rédaction de l’Humanité, au siège de Saint-Denis, le 4 décembre 2023.
© Celine Duong / Hans Lucas
L’ambassadrice de Palestine, Hala Abou Hassira, revient sur l’état apocalyptique du territoire de la bande de Gaza après huit mois de frappes israéliennes. Un territoire où elle est née et où une partie de sa famille réside. Avec 37 000 morts, un cessez-le-feu reste prioritaire.
Publié le 14 juin 2024
Née à Gaza, où une partie de sa famille demeure, Hala Abou Hassira, la représentante en France de l’Autorité palestinienne depuis deux ans, a reçu « l’Humanité magazine » à l’ambassade. Son émotion est forte devant ce drame qui dure depuis huit mois. Il l’a touchée directement avec la mort d’une soixantaine de membres de sa famille dans les bombardements israéliens.
Une partie de votre famille vit dans la bande Gaza. Au bout de huit mois, comment décririez-vous le quotidien des deux millions de Palestiniens ?
Ils tentent de survivre (sa voix s’arrête un long moment – NDLR). La plupart des frappes interviennent la nuit. Les conséquences sont dramatiques car les habitants ne dorment plus. La nuit est synonyme de terreur pour les enfants, les femmes, les personnes âgées. Tous ont peur de fermer les yeux et de ne pas se réveiller.
C’est l’angoisse des parents, qui restent démunis pour protéger leurs enfants de la mort. Ma famille me racontait qu’ils comptaient chaque seconde qui les séparait du jour et de la fin des frappes. Imaginez les conséquences sur les individus.
La journée s’avère une autre bataille. Il faut trouver de quoi manger et de quoi boire. Face à la famine, les 2 millions d’habitants ont mangé la nourriture des animaux, les restes, le sable, tout ce qui est possible. Les enfants mettent des cailloux sur le ventre pour ne pas sentir la faim. Israël a coupé la communication dans la bande de Gaza et avec l’extérieur. Les Gazaouis ne sont pas au courant de ce qui se passe dans les autres villes de l’enclave et entre quartiers. Ils ne savent pas où ça bombarde. Ils attendent juste leur tour.
À chaque échange, on fait des adieux. Ils sont tellement usés que ma mère me racontait qu’ils souhaitaient mourir pour échapper à ce quotidien apocalyptique (elle fait une pause sous le coup de l’émotion – NDLR).