M. Kouchner doit demander la suspension immédiate du réhaussement des relations UE- Israël

[i][b]Une lettre de Hélène Flautre, Présidente de la sous commission des droits de l’Homme au parlement européen [/b][/i]

Lancée, un an presque jour pour jour, après les engagements du processus d’Annapolis de Novembre 2007 sensé mettre un terme à 42 ans d’occupation, l’attaque militaire meurtrière à Gaza conclut dramatiquement une année de dégradation de la situation ayant amené, les autorités, tant israéliennes que palestiniennes à l’impasse : intensification de la politique de colonisation, augmentation des check points, assassinat de 5OO palestiniens et de plus de 2000 blessés, poursuite des intrusions militaires punitives, et blocus de la bande de Gaza ayant provoqué un drame humanitaire sans précédent .

Les manquements graves d’Israël à ses obligations au regard du droit international et humanitaire et à ses engagements dans le cadre du processus de paix lancé à Annapolis n’ont été malheureusement suivis d’aucune condamnation, ni sanction de la part de la communauté internationale.

Au contraire le Conseil européen a poursuivi sa politique de renforcement des relations avec Israël, au mépris des engagements communs fondés sur le respect des droits de l’Homme et du droit international. Le 8 décembre en effet le Conseil Affaires Générales a réitéré sa détermination d’accorder dés avril 2009 un statut privilégié à Israël, et le Ministre Kouchner, en déplacement à Tel-aviv, avait assuré la Ministre Tipi Livni que l’issue du processus de paix serait sans conséquence sur le rehaussement des relations UE-Israël.

Au mépris de la mission d’enquête effectuée par les parlementaires européens en Juin 2008 qui concluaient, tous groupes politiques confondus, au vu de la dégradation de la situation et du non respect des engagements d’Annapolis, à l’inopportunité d’ouvrir de telles négociations, négligeant l’alerte lancée par le Parlement européen qui a majoritairement refusé en Novembre dernier de donner un avis conforme à la participation renforcée d’Israël aux programmes et agences communautaires, le Conseil est allé de l’avant !

Fort d’une impunité jamais démentie, acculé par une situation bloquée qu’il a lui-même créée, le gouvernement israélien, surenchérit dans l’agression militaire à la veille des élections, profitant de la transition du pouvoir aux Etats-Unis et de l’affaiblissement du Président Abbas.

Les ministres européens des affaires étrangères doivent aujourd’hui tirer les conclusions de leur échec patent à contribuer à la paix dans la région. Ils doivent immédiatement annoncer la suspension des négociations en vue du rehaussement des relations avec Israël, faute de quoi ses appels à la fin des tirs meurtriers et au respect du droit humanitaire resteront une déclaration lénifiante et impuissante de plus.

Après avoir vainement espéré du processus de paix qu’il entraîne des changements significatifs sur le terrain de nature à renforcer la confiance mutuelle et le processus de paix lui-même, il s’agit maintenant de comprendre que seul un changement radical sur le terrain peut ouvrir la voie à la paix. C’est d’ailleurs, par la force et dans le sang, à créer une nouvelle donne sur le terrain, que s’emploient les autorités israéliennes en bombardant Gaza ! Personne ne voit en revanche quel chemin vers la paix serait ainsi ouvert !

Avec ses partenaires du Quartet, notamment de la nouvelle administration américaine, avec la ligue des Etats arabes, et l’Egypte co-présidente de l’Union pour la Méditerranée, l’Union européenne doit changer la situation sur le terrain pour donner une chance à la paix en réunissant immédiatement les conditions du déploiement rapide d’une force internationale de protection des populations civiles et du retrait définitif des forces israéliennes des territoires occupés palestiniens. Après des années de politique complaisante à l’endroit d’Israël et humanitaire envers les palestiniens, l’Union européenne doit enfin agir comme partenaire politique responsable !

Hélène Flautre, Présidente de la sous commission des droits de l’Homme [au parlement européen]

Contact : 06 81 94 61 40

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