L’UJFP condamne les propos antisémites de l’ancien premier ministre Raymond Barre.

C’est avec stupeur et consternation que l’Union Juive française pour la paix a pris connaissance des propos tenus le 1er mars 2007 par l’ancien premier ministre dans l’émission « Le rendez-vous des politiques » sur France Culture.

Celui qui a tenu les rênes du gouvernement de la France de 1976 à 1981 a en effet affirmé au cours de cette interview que Maurice Papon, responsable de la déportation des Juifs de Bordeaux était un « grand commis de l’État » et qu’il n’aurait pas dû démissionner de ses fonctions de Secrétaire général de la Préfecture de la Gironde car « On démissionne lorsqu’il s’agit vraiment d’un intérêt national majeur ». Autrement dit, l’envoi de familles entières vers Drancy puis Auschwitz par les autorités françaises n’était pas, selon Raymond Barre, un sujet d’intérêt national majeur. A la suite de Papon, Raymond Barre s’inscrit ainsi dans une vieille tradition raciste et xénophobe dont le régime de Vichy a été emblématique. N’oublions pas que la mise à l’écart des Juifs commence avec le statut des Juifs, décision du gouvernement français ; n’oublions pas non plus que les camps français où ont été internés des anti fascistes espagnols et des anti nazis allemands dès 1938, sont des créations françaises.

Raymond Barre fonde aussi sa défense et illustration de Papon sur le fait que ce fut un fonctionnaire modèle qui appliquait les ordres, pas comme Jean Moulin et autres traîtres à Vichy. Ce même Papon qui a continué à appliquer les ordres de la république colonialiste, cause du drame du 17 octobre 1961 où 200 « Algériens innocents » ont trouvé la mort, de même que neuf communistes français lors de la fameuse manifestation dite de Charonne en 1962.

Dans une autre partie de cette interview, l’ancien premier ministre affirme, à propos du Numéro 2 du Front National Bruno Gollnisch, condamné il y a quelques semaines à deux mois de prison avec sursis pour négationnisme, que c’est « un homme bien », et d’ailleurs « les gens peuvent avoir leurs opinions » ; enfin, évoquant les réactions qu’avait suscité sa distinction entre les « Français innocents » et les Juifs au moment de l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic en 1980, il regrette à ce propos « la campagne qui a été faite par le lobby juif le plus lié à la gauche » lequel « lobby juif » « est capable de monter des opérations indignes ».

Pour l’UJFP, ce qui est indigne est qu’un ancien premier ministre de la France puisse tenir de tels propos. Est également indigne le fait que fort peu de personnalités politiques ont daigné condamner ces propos, laissant la tâche à diverses associations.

Pour l’UJFP, les propos de M. Raymond Barre, dont la nature antisémite est évidente, concernent tous les Français et l’absence de réaction est le signe que la République et la cohésion nationale courent un grave danger.

Bureau National de l’UJFP
Le 12 mars 2007

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