Concernant les derniers événements en France, je condamne fermement la violence physique perpétrée envers les personnes. Par contre, le vandalisme insurrectionnel envers les symboles de l’État ou du Système Financier (bien qu’à déplorer) est une réaction normale pour attirer l’attention sur la frustration sociale accumulée depuis des décennies par certaines communautés. Les autres moyens moins violents ayant lamentablement échoué (les manifestations récentes contre la réforme des retraites par exemple).
Encore une fois, ce pays (via ses dirigeants, ses journalistes et ses intellectuels) passe à côté d’une occasion de se pencher sur les vrais problèmes qui sont à l’origine de cette explosion violente. On noie discrètement le poisson sous des indignations de pacotille. Personne ne mentionne l’exclusion, la discrimination, la violence systémique et économique, l’injustice institutionnelle, l’abandon, le racisme et toutes les autres plaies qui frappent certains plus que d’autres. Quand la goutte d’eau fait déborder le vase, c’est très difficile d’y remettre toute l’eau. Et les efforts démagogiques des politiciens de traiter uniquement cette goutte d’eau n’arrangeront rien alors que le vase lui-même a explosé.
N’oublions pas l’analyse brillante de Dom Hélder Câmara (1909-1999), archevêque et figure importante de la “Théologie de la Libération” : « Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’Hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. »
Et Dom Hélder d’ajouter : « Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
La progressive disparition des émeutes ne signifie pas que les problèmes à leur origine ont disparu. Loin s’en faut. La violence réapparaîtra dès la prochaine étincelle, et sous une forme pire encore. Car seule la justice peut établir une paix véritable. L’absence de conflit ne signifie rien, ne nous leurrons pas. Pas de justice sociale, pas de paix.