Livre : Le Nouveau Philosémitisme Européen par Yitzhak Laor

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YITZHAK LAOR
LE NOUVEAU PHILOSÉMITISME EUROPEEN et le “camp de la paix” israélien.
Traduit de l’anglais et de l’hébreu par Catherine Neuve-Église – Eric Hazan

La relation est étroite entre ceux qui s’autoproclament « camp de la paix » en Israël et leurs homologues de la gauche européenne. Ce livre éclaire sans indulgence cette relation, particulièrement marquée dans le domaine littéraire.

Il analyse la réception en Europe des ouvrages d’Amos Oz, A.B. Yehoshua ou David Grossman, il explore la manière dont ces auteurs sont chez nous travestis en hommes de paix, et les raisons de l’enthousiasme de la critique. Il montre que les intellectuels israéliens – ashkénazes pour la plupart, laïques et travaillistes – sont perçus par leurs pendants européens comme faisant partie « des nôtres », à condition qu’ils restent là-bas, en Orient. Et que, symétriquement, ces mêmes intellectuels ont pour principal souci d’appartenir – ou de paraître appartenir, par tous les moyens – à l’intelligentsia européenne. Et de fait, ce que tous ont en commun, c’est la peur et la haine de l’Orient.

Yitzhak Laor est romancier, poète, et critique littéraire au grand journal israélien Haaretz. Il vit et travaille à Tel-Aviv.

ISBN : 978-2-91-337268-9
17 euros
En vente sur https://lafabrique.fr/le-nouveau-philosemitisme-europeen/

Ce livre explore la relation entre le groupe qui s’autoproclame « camp de la paix » en Israël et l’Europe. L’expression la plus claire de cette relation, c’est la façon dont sont reçus en Europe les livres, les articles, les discours des principaux écrivains du camp de la paix : Amos Oz, A.B. Yehoshua, David Grossman.

Par un jeu complexe, les intellectuels israéliens (pour la plupart ashkénazes, laïques, travaillistes) sont perçus par leurs homologues en Europe comme faisant partie « des nôtres », et eux mêmes ont pour principal souci d’appartenir à l’intelligentsia européenne. A vrai dire, ces Européens et ces Israéliens-là ont en commun la haine de l’Orient et de ses habitants, en l’occurrence les Palestiniens. « Inquiet devant la masse des immigrés musulmans légaux et illégaux, cet Européen a adopté le nouveau Juif comme un Autre rassurant, moderne, ami du progrès, sans barbe, sans papillotes – heureusement ces nouveaux Juifs n’ont rien en commun avec leurs grands-parents. » La culture juive moderne (laïque) est fondée sur l’identification à un Occident imaginaire, et d’un autre côté, le génocide juif fait figure d’événement universel dans la culture occidentale.

Dans le premier chapitre, (« La Shoah nous appartient – à nous les non musulmans »), Laor étudie la nouvelle culture européenne de la Shoah. Les questions posées sont brûlantes : « Pourquoi avoir choisi comme symbole Auschwitz, un lieu éloigné au fin fond de la Pologne ? Ce choix ne contribue-t-il pas à refaire ce que les nazis ont fait – reléguer l’horreur “là-bas”, hors du Heimat, loin à l’Est, chez les “Slaves inférieurs” ? » Et plus loin : « Il faut voir l’empressement avec lequel les intellectuels européens libéraux et de gauche invitent les musulmans à s’assimiler. Ils le font sans ciller, sans penser aux papillotes que l’on a tondues sur la tête de nos grands-pères juifs, sans penser à la xénophobie dont ont souffert nos parents. »

Le deuxième chapitre (« Le Droit au Retour – du colonial – , le « camp de la paix » et ses sponsors français) montre comment certains intellectuels français comme Claude Lanzmann ou Alain Finkielkraut soutiennent, à travers leur réception des écrivains israéliens, la politique coloniale de l’État d’Israël. « La méfiance envers les Arabes, le vieux discours colonialiste avait besoin des intellectuels du camp de la paix pour que “la vérité soit dite”. Avec le crédit d’intégrité intellectuelle qui leur est accordé, ces écrivains dépeignent les Israéliens comme les victimes éternelles des Palestiniens ».

Le troisième chapitre est consacré à Amos Oz (« Narcissisme et Occident ») et le quatrième à A.B. Yehoshua (« Je ne veux pas connaître leur nom – Sur la haine de l’Orient »). Deux chapitres dévastateurs, où Laor montre à la fois la mauvaise foi de ces auteurs, leur double langage, et l’hypocrisie de leurs supporters français.

Le dernier chapitre porte sur l’œuvre de Hanoch Levin, un écrivain de théâtre très célèbre en Israël. Cette analyse montre comment il est possible de concevoir une littérature israélienne qui prenne en compte la réalité du pays sans chercher à en faire un idéal pour Israéliens à la recherche d’une identité occidentale, ou pour Européens en quête d’un alter ego qui monte la garde sur la frontière orientale de l’Occident.