Libération des Prisonniers : Miroir aux aloutettes ?

Le 20 juillet, le monde entier avait droit aux images d’allégresse à Ramallah, retransmis en direct sur le petit écran, à l’occasion de la libération de 255 prisonniers politiques palestiniens par l’État d’Israël.

Actuellement, des milices palestiniennes et libanaises détiennent trois (3) prisonniers de guerre israéliens. L’armée israélienne, elle, détient 11 000 prisonniers de guerre et prisonniers politiques palestiniens.

Dans ce déséquilibre des forces, toute libération de prisonniers arabes est naturellement une bonne nouvelle pour le peuple palestinien, dont la quasi-totalité des familles est directement concernée. La joie des uns est pourtant tempérée par la résignation des autres, en sachant que la libération de ces prisonniers – triés sur le volet par Israël – ne concerne que des détenus du Fatah et de ses alliés, à l’exclusion de tout détenu du Hamas. Cette initiative est une manœuvre intentionnelle de Tel-Aviv pour jouer les uns contre les autres, enfonçant le clou dans la division du peuple palestinien et dans l’isolation accrue de la Bande de Gaza.

Mais derrière cette manœuvre, largement commentée par la presse, se cache une autre. Car dans la quinzaine qui a précédée ces libérations, l’armée israélienne a procédé à l’arrestation de quelques… 300 nouveaux opposants politiques palestiniens. La plupart d’entre eux sont pourtant du Fatah du Président Mahmoud Abbas, qu’Israël prétend soutenir (contre Hamas). Ce chiffre de 300 nouvelles arrestations est corroboré par l’Association du Prisonnier palestinien, par le Département des statistiques palestiniens, par le Fatah et par d’autres sources concordantes.

Ainsi, on libère 255 prisonniers avec la main droite et on enferme 300 autres avec la main gauche, sous fond de centres de détention remplis de 11 000 prisonniers politiques. Cette situation est totalement inacceptable pour quiconque cherche la paix.

Si Israël veut faire un « geste de bonne foi » comme le Premier ministre Ehud Olmert a annoncé après le sommet de Charm el-Cheikh, il doit libérer massivement les prisonniers politiques qu’il détient, sans contrepartie et sans manœuvres politiques visant à diviser les Palestiniens. Car si c’est cela un geste de « bonne foi », qu’est-ce que cela peut être quand Israël voudrait faire un geste de « mauvaise foi » ?

Alors, la libération des prisonniers : occasion d’allégresse ou miroir aux alouettes ?

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