Om Atyha a 30 ans, mariée et mère de 5 enfants âgés de 12 à 3 ans. Abu Atyha est sans travail depuis de longues années comme un grand nombre de Palestiniens dans la Bande de Gaza. Om Atyha et sa famille vivent ou plutôt vivaient à Shujihya.
Le dimanche 13 juillet 2014, alors qu’elle se trouve avec les autres membres de sa famille au rez-de-chaussée de sa maison, un missile tiré par F16 suivi de tirs de char détruisent une maison voisine de celle de Om Atyha. Sa propre maison est endommagée, son fils de 12 ans est blessé à la jambe et sera transféré plus tard vers l’hôpital de Gaza, Al Shifa.
Om Atyha enceinte (9 ème mois de grossesse) reçoit plusieurs débris et gravats. Elle accompagne son fils à l’hôpital Al Shifa, une échographie pratiquée montre que le fœtus est mort. Il faudrait qu’elle se fasse suivre régulièrement car plus le temps passe plus les risques sont grands pour la femme enceinte. Comment?…les hôpitaux sont plus que débordés et surtout elle ne veut pas laisser ses enfants seuls. Om Atyha, son mari et fils (la jambe dans le plâtre) retournent à Shujihya vivre dans leur maison détruite. Les palestiniens vivant dans ce quartier ne voulaient pas fuir et beaucoup sont restés dans leur maisons endommagées malgré les tirs et les conditions de vie difficiles. Elle est restée une semaine dans cet endroit, terrorisée. Le cycle de violence devient infernal, les gens sont obligés de fuir emportant pratiquement rien avec eux. Ils sont des centaines a fuir sous les tirs incessants, certains s’écroulent touchés… morts…pas le temps de s’arrêter…L’horreur
Om Atyha arrive à l’école UNRWA la plus proche, l’école n’a plus de place et elle doit s’installer dans une autre école dans la ville de Gaza où vivent 1700 personnes!
Au moment où je l’ai rencontrée, ça fait 4 jours qu’elle et sa famille sont dans l’école. Les conditions de vie sont difficiles, dormir à même le sol, pas assez de sanitaires, manque d’eau, un minimum de nourriture pas toujours fraîche, promiscuité… Beaucoup d’enfants ont des gastroentérites, infection de la peau…
Ca fait aussi presque 2 semaines qu’elle sait que son fœtus est mort , elle présente des œdèmes…Connaissant les risques, je l’emmène à la maternité où des examens sont pratiqués. Om Atyha devrait avoir une césarienne demain matin. Où ira-t-elle à la sortie de la maternité, (le protocole médicale implique que les femmes césarisées sortent de la maternité au 3ème jour suivant l’opération ). Où iront les milliers de blessés hospitalisés à la sortie de l’hôpital . Des milliers de gens vivent dans la rue, dans des écoles…Ils n’ont plus rien…même pas de quoi louer un appartement; de toute manière il ya une crise du logement…
Le jour où j’ai rencontré Om Atyha était le jour de la trêve de 12 heures. Son mari comme la plupart des habitants de Shujihya s’est rendu sur place. Il ne reste plus rien, pire qu’un tremblement de terre… J’ai rencontré Abu Atyha alors qu’il revenait de Shujahya…Grand homme maigre au visage émacié…pas une plainte, pas un cri…digne malgré les épreuves, les souffrances.
Cette histoire est celle de milliers d’habitants de la Bande de Gaza.
Sara