« L’excellent cartoon de Joe Sacco dans le Guardian dit presque tout ce que je voulais dire sur la terreur en France. »

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La terreur qui a récemment frappé Paris doit être condamnée sans réserve et inconditionnellement, dans les termes les plus forts qui soient par tout être humain digne de ce nom, à mon avis.

Mais s’arrêter là sans mentionner la propre histoire de la France en matière de terrorisme et de génocide serait vraiment hypocrite, c’est le moins qu’on puisse dire. Ce serait même quelque peu raciste, en fait, parce que c’est affirmer que le terrorisme contre des non-blancs – qu’il soit perpétré aujourd’hui par Israël et les USA ou dans le passé par la Grande Bretagne, la France l’Allemagne et toute une série de nations européennes en Afrique, en Asie, dans les Amériques et en Europe même – est un simple « problème », un chapitre triste de l’histoire que « nous tous » devrions oublier et pardonner, tout en considérant le terrorisme contre des « blancs » comme des crimes impardonnables. Des non-blancs ont bien sûr été tués dans les attaques en France.

La terreur haineuse pratiquée par la France coloniale en Algérie et dans beaucoup d’autres colonies pendant des décennies doit être aussi vigoureusement condamnée, sinon davantage, devant l’ampleur des crimes de génocide. Le fait qu’à ce jour la France refuse de reconnaître sa responsabilité dans ses crimes coloniaux contre l’humanité rend l’hypocrisie de l’establishment français encore plus criante.

La vie des Noirs compte !

La vie des Basanés compte !

Toute vie compte, sans considération d’ethnicité, de religion, de genre ou de tout autre attribut humain.

D’un point de vue éthique, la terreur exercée par des oppresseurs ne peut et ne devrait jamais justifier la contre-terreur de la part de ceux qui sont opprimés. Et ce sont toujours, par définition, les oppresseurs qui initient la violence et la terreur.

Ainsi que l’écrit Paulo Freire :

« Toute situation dans laquelle « A » exploite objectivement « B » ou l’empêche de s’affirmer en tant que personne responsable, est une situation d’oppression. Une telle situation crée par elle-même de la violence, même lorsqu’elle est adoucie par de la fausse générosité, parce qu’elle interfère avec la vocation ontologique et historique de l’individu à être plus pleinement humain. La violence commence dès l’instauration d’une relation d’oppression. Jamais dans l’histoire la violence n’a été initiée par les opprimés. Comment pourraient-ils en être les initiateurs s’ils sont eux-mêmes le résultat de la violence ? Comment pourraient-ils être les commanditaires de quelque chose d’objectif dont l’apparition objective place leur existence sous le signe de l’oppression ? Il n’y aurait pas d’opprimés s’il n’y avait pas eu d’antériorité de la violence dans l’instauration de leur assujettissement.

La violence est initiée par ceux qui oppriment, exploitent, ne considèrent pas les autres comme des personnes – et non par eux qui sont opprimés, exploités, non reconnus ».

Paulo Freire

Enfin, ceux qui sont profondément impliqués dans le terrorisme d’État, tels que les dirigeants israéliens, qui sautent dans le train en essayent désespérément de s’appuyer sur les crimes terroristes en France pour promouvoir l’islamophobie et attirer la sympathie des Français et des occidentaux envers Israël sont au-delà de l’opportunisme ; ils disent en réalité que leur propre terrorisme contre les basanés – et donc moins humains- Libanais, Palestiniens, en particulier à Gaza, se justifie et n’est en rien comparable aux crimes en France.

L’excellent cartoon de Joe Sacco dans le Guardian dit presque tout ce que je voulais dire sur la terreur en France. J’espère que vous le trouverez éclairant.
Joe Sacco Satire

Omar Barghouti (BNC)

publié le dimanche 11 janvier 2015.

https://www.theguardian.com/profile/joe-sacco

Traduction SF pour CCIPPP