Lettres au Conseil de Paris

Parmi les nombreuses lettres adressées au Conseil de Paris pour lui demander de rejeter le projet de vœu condamnant la campagne de boycott des produits israéliens nous en avons choisi quelques unes qui nous semblent emblématiques.

Lettre de Jean-Guy Greilsamer

Mesdames et Messieurs,

Je suis un habitant de la Ville de Paris
Lors de la prochaine séance du Conseil de Paris, les 15, 16 et 17 février, vous serez appelés à vous prononcer sur un vœu présenté par l’exécutif municipal pour condamner la Campagne BDS.

J’attire votre attention sur le fait que cette campagne est une campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre Israël jusqu’à ce que cet Etat se conforme au droit international. Elle s’inspire du boycott qui avait contribué à mettre fin au régime d’apartheid en Afrique du Sud.

Elle vise l’impunité d’Israël, condamnée par de nombreuses résolutions internationales restées sans suite, et dénonce la politique coloniale et d’apartheid, les persécutions et la répression constantes que subit le peuple palestinien.

Le vœu prétend que la recherche d’une paix juste entre Israéliens et Palestiniens suppose de bonnes relations et un dialogue constant avec les autorités israéliennes à tous niveaux.

Force est de constater que cette politique de normalisation avec un régime raciste et colonial, conduite depuis près de 20 ans par les gouvernements français et l’UE, a échoué : ni négociations ni trêve de la colonisation ni fin de l’occupation, résultat nul. Il est clair au contraire qu’Israël s’appuie sur cette politique de normalisation pour poursuivre son objectif qui est de faire disparaître la Palestine et d’écraser toute révolte du peuple palestinien.

La Campagne BDS n’est criminalisée qu’en France et en Israël. Cette Campagne est un mouvement antiraciste et non violent. Comment des élus antiracistes pourraient-ils accepter l’ignoble chantage à l’antisémitisme utilisé pour la discréditer ?

Je suis moi-même Juif, fils de rescapés du génocide nazi, et je suis profondément révolté par le fait que la mémoire du génocide nazi soit utilisée pour écraser un peuple.

J’appelle tous les élus antiracistes du Conseil de Paris, qu’ils soient acteurs ou sympathisants du mouvement BDS, ou qu’ils soient simplement pour la liberté d’expression de ce mouvement, à voter contre le vœu condamnant BDS.

Il est certain que face aux succès grandissants de BDS (dont le retrait total de Véolia d’Israël et la rupture de l’accord entre Orange et la société de téléphonie israélienne Partner Communications) les soutiens d’Israël s’inquiètent et ne reculeront devant rien pour entraver ce mouvement guidé par les valeurs universelles de liberté, justice et égalité. Des millions ont été attribués par le gouvernement israélien à la lutte contre le BDS dans le monde

Récemment deux pétitions lancées en France pour la libre expression et la continuation de BDS ont recueilli à ce jour plus de 23 000 signatures dont celles de nombreuses personnalités et près de 14 000 sur la pétition de BDS France : « Nous appelons au boycott des produits israéliens ! », http://boycottproduitsisraeliens.wesign.it/fr

La Campagne BDS France, confiante dans son enracinement citoyen, antiraciste et non-violent et dans son attachement au droit international, continuera à se développer en France malgré les instrumentalisations politiques et juridiques dont elle fait l’objet !

Jean-Guy Greilsamer, Paris 18ème


Lettre de Monique Cerisier ben Guiga à Anne Hidalgo et aux Conseillers de Paris
dimanche 14 février 2016

En ma qualité de citoyenne française, résidente de Paris, sénatrice honoraire et membre du parti socialiste pendant trente ans, je vous appelle à renoncer au vœu anti-boycott d’Israël que le groupe socialiste a déposé en vue du prochain conseil de la ville de Paris.

Le mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) a été lancé en 2005 par les résistants palestiniens en réaction à l’occupation militaire et à la colonisation israélienne, en réaction à l’échec du processus d’Oslo. Ce mouvement non-violent est un classique de la défense des opprimés contre les oppresseurs dans le cadre d’un rapport de force politique, économique et militaire qui est massivement défavorable aux opprimés. Il a été relayé dans le monde entier par des militants anticolonialistes. En France, le mouvement BDS a limité ses actions aux produits des colonies israéliennes en Palestine occupée, présentés faussement comme provenant d’Israël, pour bien signifier que l’adversaire était la politique d’occupation et de colonisation menée par les gouvernements israéliens et non l’ Etat d’Israël en tant que tel.

Bizarrement, 11 ans après son lancement, ce mouvement devient la cible d’une partie des élus au conseil de Paris, Nathalie Koziusko-Morizet entraînant les élus LR et la majorité socialiste elle-même, auteur d’un vœu qui sera mis aux voix le 16 février 2016. Après Madame Alliot-Marie et sa circulaire, qui fait d’une action politique mondiale contre une occupation militaire condamnée par l’ONU un délit de discrimination raciale au prix d’un sophisme dont la malhonnêteté intellectuelle scandalise, voilà des élus LR et des socialistes qui proclament leur attachement au Droit International et aux valeurs républicaines et se mettent simultanément au service d’un Etat qui les bafoue tous les jours.

C’est bien de cela qu’il s’agit en effet. 11 ans de silence et, tout à coup, parce que le gouvernement de Monsieur Netanyahou, lance une campagne mondiale pour contrer un mouvement qui n’a aucune incidence sur l’économie israélienne mais qui dénonce, en actes et pas seulement en paroles, l’occupation militaire et la colonisation imposées au peuple palestinien depuis bientôt 50 ans, avec son cortège d’exactions, d’emprisonnements arbitraires, de spoliations, de destructions, de mesures destinées à étrangler l’économie palestinienne et à « brûler l’âme » de ce peuple, après 11 ans de silence, des élus de notre capitale se mobilisent soudain pour soutenir l’oppresseur .

En réalité, pour ces élus de la ville de Paris, il importe d’être présents à l’appel du gouvernement de d’Israël pour le 28 mars 2016, lors de la tenue du congrès international anti-boycott qui se tiendra à Jérusalem, cette même ville dont les habitants arabes sont soumis à l’arbitraire de l’occupant israélien.

Ainsi, demain, 230 000 habitants de Jérusalem seront privés de leur carte de résidents et interdits d’accès à leur propre ville car ils en sont maintenant séparés par l’abominable mur qui sépare la ville de ses quartiers arabes. Les enfants, dès 12 ans, par centaines, continueront à être arrêtés en pleine nuit et emprisonnés sans jugement, les maisons détruites, les oliviers brûlés.

C’est cela que vous défendez aux côtés du gouvernement le plus ouvertement violent et raciste de l’histoire d’Israël ne l’oubliez pas.

Epargnez cette honte aux habitants de Paris. Retirez ce vœu scélérat.

Monique Cerisier ben Guiga
Sénatrice honoraire

http://www.france-palestine.org/Lettre-de-Monique-Cerisier-ben-Guiga-a-Anne-Hidalgo-et-aux-Conseillers-de-Paris


Lettre de l’AURDIP au Maire de Paris

13 février |AURDIP |Nos actions
Madame Anne HIDALGO
Maire de Paris
Hôtel de Ville
75004 PARIS

Madame le Maire,

Le Conseil Municipal de Paris se préparerait à voter une motion « condamnant le boycott de l’Etat israélien »

L’Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine s’étonne que le Conseil Municipal s’attaque à la liberté d’opinion et d’expression des citoyens. La campagne Boycott, Désinvestissement, Sanctions, trouve son origine dans l’appel lancé le 9 juillet 2005, aux sociétés civiles internationales et aux gens de conscience du monde entier, par 172 organisations représentant la société civile palestinienne. Elle a précisément pour but d’obliger Israël à remplir ses obligations légales en tant que puissance occupante : évacuer les territoires, respecter les droits des populations occupées, et les multiples résolutions de l’ONU. On n’a pas souvenir que la campagne de boycott menée contre l’Afrique du Sud, pour des raisons similaires, ait suscité pareille réaction du Conseil Municipal de Paris.

Nombre de Parisiens, et des plus éminents, ont affirmé publiquement leur adhésion au boycott. Nous espérons que l’Union Européenne s’y joindra également, en mettant enfin en action les sanctions prévues à l’article 2 du traité de coopération avec Israël. Le Conseil Municipal de Paris, en se prononçant contre une initiative citoyenne visant au respect des droits de l’homme, tourne le dos à la tradition parisienne et va à l’encontre du sens de l’histoire.

Veuillez agréer, Madame le Maire, l’assurance mes sentiments les meilleurs.

Ivar Ekeland, Président de l’AURDIP
Ancien Président de l’Université Paris-Dauphine
Ancien Président du Conseil Scientifique de l’ENS (Ulm)

http://www.aurdip.fr/lettre-de-l-aurdip-au-maire-de.html