Monsieur le Proviseur,
C’est avec prudence que je vous écris, car je ne voudrais pas m’emporter sans avoir vérifié les informations qui me sont transmises par des amis même si je les connais dignes de foi.
Est-il vrai qu’une élève de votre établissement serait exclue trois jours pour avoir porté un tee-shirt « palestine libre » ?
Est-il vrai que son professeur d’histoire aurait pu parler de charlots et de charlatans à propos des soutiens aux droits du peuple palestinien ?
Si cela se vérifiait, je pense que vous avez conscience du trouble qu’une telle décision d’exclusion va provoquer bien au delà des limites de votre établissement.
Il se trouve que, professeur de sciences économiques et sociales puis professeur documentaliste, désormais en retraite, je suis membre d’une organisation juive laïque qui lutte pour les droits de tous les peuples, et notamment du peuple palestinien, et qui lutte contre tous les racismes et toutes les discriminations, l’Union Juive Française pour la Paix.
Il se trouve que je suis membre également d’un groupe de travail de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) qui se penche sur les manuels scolaires, qui ne sont déjà pas exempts de critiques sur cette question difficile du Proche Orient.
Vous imaginez bien quelles réactions peuvent déjà avoir des élèves sensibilisés à la question quand ils voient des manuels scolaires, a priori « indiscutables », proposer une cartographie où Jérusalem est capitale d’Israël et où la Palestine apparait comme « décolonisée » par la création d’Israël en 1948 !
Si « par dessus le marché » un professeur en rajoute…
Il m’est arrivé comme d’autres de participer à des débats dans des établissements scolaires, sur le temps scolaire ou sur le temps « socio-éducatif ». Il me semble que ces débats ont permis de dépasser une approche purement affective ou purement politicienne, en permettant aux élèves de se forger une opinion à partir d’une information contradictoire et validée.
Même si je suis loin de Lyon, je me permets de vous le dire : je suis convaincu que pour sortir « par le haut » du conflit, la solution réside dans le fait de rapporter la mesure d’exclusion et d’organiser un débat (pour lequel je peux vous suggérer des intervenants si vous le souhaitez).
Je vous prie de croire, Monsieur le Proviseur, à mon attachement aux valeurs de laïcité.
André Rosevègue