Monsieur le Président de la République,
Nous avons été frappés dans votre allocution lors de l’hommage national à Stéphane Hessel par la phrase :
« Il pouvait aussi, porté par une cause légitime comme celle du peuple palestinien, susciter, par ses propos, l’incompréhension de ses propres amis. J’en fus. La sincérité n’est pas toujours la vérité. Il le savait. Mais nul ne pouvait lui disputer le courage ».
Nous avons voulu dans un premier temps y voir une courageuse autocritique.
C’est vrai, il y a encore beaucoup de Français profondément attachés aux droits humains, sensibles aux propos de Stéphane Hessel, mais qui sont restés attachés à une image de l’Etat d’Israël comme Etat des descendants des survivants et victimes du génocide des Juifs d’Europe, et gardant cette image, se sentant parfois coupables de cette catastrophe, ne peuvent imaginer qu’Israël soit coupable de crimes contre l’Humanité.
Ainsi, vous auriez reconnu que votre sincérité ne correspondait pas à la vérité, et que aujourd’hui il fallait avoir le courage d’ouvrir les yeux sur la réalité de la politique coloniale de cet Etat, et en tirer les conséquences.
Malheureusement, ce que nous savons aujourd’hui de l’accueil que vous accordez au Président Shimon Peres, criminel de guerre en exercice, nous oblige à considérer que notre interprétation première était mauvaise, et que votre phrase était un misérable coup de pied de l’âne à celui qui ne pouvait plus vous répondre. Proposer ainsi que le soutien sans faille des droits humains, y compris pour le peuple palestinien, aurait relevé chez Stéphane Hessel d’une sincérité sans vérité est de votre part une misérable offense qui ne l’atteindra pas mais ne vous permettra pas de vous situer à son niveau d’exigence politique et morale.
Croyez, Monsieur le Président, à notre indéfectible attachement au caractère universel des droits humains.